Par Marc Traverson - Consulter ses autres articles.
Pour moi, la réponse est évidemment oui, et je dirais même plus : il s'agit du meilleur de la formation. Cela mérite quelques explications.
Formation, déformation, conformation ?
Quand l''information est "descendante", sur le modèle
professoral, le public fait l'effort d'assimiler des données nouvelles. Le
formateur est ici un expert : celui-qui-sait. C'est la position type de l'universitaire,
par exemple, dont le travail de recherche lui permet de connaître le dernier état de
l'art dans son domaine, et de le restituer à ses étudiants. Son effort, en tant que pédagogue, consiste à
transmettre par le discours. Ce qui compte, c'est la capacité de ses mots à
"impressionner" (au sens photographique) l'esprit de ceux qui écoutent,
et à les entraîner dans une gymnastique de mémorisation et un effort de
compréhension. Ils accumulent ainsi de nouvelles données - et ils ont également assisté à une intelligence en action (dans le meilleur des cas). C'est formateur.
La nécessaire interactivité
Mais s'il s'agit par exemple de former au management, ou d'enseigner le "leadership" ? Un cours ex-cathedra peut-il suffire ? De plus en plus, la
formation professionnelle relève de mises en situations, de
simulations, de jeux de rôles, qui favorisent les interactions entre
les participants, et cassent le modèle précité. Intervient alors un
facteur dit de "dynamique du groupe" de formation. Dans les formations modernes, au-delà des apports théoriques, le plus utile provient souvent des interactions
qui se sont déroulées au sein du groupe. A condition cependant
que l'animateur soit en mesure de pointer ces apports, de les renvoyer
aux participants et au groupe. Il y a alors un effet de connaissance
d'autant plus grand, que cette connaissance n'est pas livresque,
théorique, mais surgit dans le courant d'un processus dont chaque
participant est un acteur.
La voie vers l'autonomie
Et c'est là que j'en viens à parler de coaching (c'est-à-dire un accompagnement dans la durée). Ce cadre de travail individuel vise à favorise l'autonomie de la personne en situation de travail.
Le coaching ne consiste pas à livrer de la théorie ou des solutions "clé en main", mais à permettre au
coaché de travailler sa propre question. Prendre conscience de la position qu'il occupe dans le travail,
des rôles qu'il se donne - et qu'on lui prête - au sein de son service ou de son entreprise, des motivations profondes qui l'animent. Comment, cela fait, se mettre en mouvement ? Au fond, seul lui le sait.
Le changement
Comme disent les coaches américains : "the power is in the client". Ce
pouvoir-là, c'est le pouvoir de changer, d'évoluer, on pourrait dire : de
grandir, dans sa dimension professionnelle et humaine. Quand le coaching fonctionne, c'est que le coaché ajuste sa "nouvelle forme": c'est-à-dire un positionnement plus juste dans les situations de travail. Le
savoir qui vient au coaché, au cours de son travail de réflexion, est à
la fois intime et directement opérationnel. En ce sens, le coaching est bien un travail de "formation", sans doute le plus précis qu'il soit, puisqu'il permet à un sujet singulier de traiter "sa" question. Et d'y apporter une réponse que personne ne lui a glissé à l'oreille, mais qui relève de sa propre créativité. Ce qui est déjà un trajet vers l'affirmation.
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