<p><p><p><p><p>Sans titre</p></p></p></p></p>
Par Argoul, ex-financier
Lecture du livre de Pierre Cahuc & André Zylberberg, « Le chômage fatalité ou nécessité ? » 2004 Flammarion, 197p.
Etant donnée son importance, et sa longueur, cette note sera en trois parties.
La France souffre du chômage depuis 30 ans. « La méconnaissance de
la nature profonde du marché du travail est, en partie, responsable de
cette situation. » Ainsi commence cet ouvrage de deux économistes
professeurs à l’université de Paris 1. L’un, Pierre Cahuc, est en outre
chargé de cours à l’Ecole polytechnique, tandis que l’autre, André
Zylberberg, est aussi directeur de recherches au CNRS. Ils examinent
des études concrètes, livrent des faits mesurables, défrichent
l’économie quantitative. Ils tordent ce faisant le cou à une multitude
d’idées reçues. Ces idées tiennent, pour une part, à une ignorance
abyssale de l’économie par la grande majorité des hommes politiques
français de notre temps ; pour une autre part à une propagande anti-«
bourgeoise » qui date des années 60 et qui sévit encore dans les
manuels scolaires et dans l’enseignement de l’économie, propageant
cette ignorance abyssale dans le reste de la population. Rien
d’étonnant, alors, à ce que le « libéralisme » (dans sa version réduite
au seul fonctionnement de l’économie de marché) fasse peur. Par
ignorance, on agite les fantasmes. Par peur de devoir réfléchir pour
s’adapter au monde, on le refuse tout simplement. Et que les pays
voisins d’Europe – nos partenaires – s’y adaptent et réfléchissent
paraît un crime de lèse majesté à nos clercs de gauche, tout comme une
thérapie honteuse à dissimuler pour nos clercs de droite. Car seuls les
« spécialistes » issus de certaines « grandes » écoles et estampillés
dûment par la puissance politique ont droit à la parole. Les chercheurs
en économie, fussent-ils universitaires et enseignants dans certaines
autres « grandes » écoles, sont regardés avec suspicion.
Il est donc temps de se pencher sur le sujet car, lorsque vous êtes chômeur, ce qui est mon cas, il vous faut savoir ne rien attendre des idéologies mais juger des actes. Quelles sont ces idées reçues ?
<p><p><p>Sans titre</p></p></p>
1 – Contre le chômage, nous avons tout essayé. FAUX !
« En fait, en matière de chômage, rien n’a été sérieusement essayé, car
rien n’a été véritablement évalué. » p.13 Tout nouveau, tout beau,
chaque gouvernement qui arrive « sait ». Il fera « mieux », puisque le
précédent a échoué. Il reconduit, il accumule, il réformette. Comme
toujours en France, « trop peu, trop tard ». Aucune évaluation de ce
qui marche et de ce qui ne marche pas. « La France souffre, de ce point
de vue, d’un véritable déficit démocratique : il n’existe aucune
instance indépendante, dotée de moyens suffisants pour évaluer
l’intervention des pouvoirs publics sur le marché du travail. » p.13
Cette ignorance des faits ne peut que politiser les opinions sur les
apparences, comme toujours en France - où moins l’on connaît, plus on
affirme haut et fort. Le savoir mènerait-il à une « pensée unique » et
à des mesures « inévitables » ? Non « car, si les faits sont
effectivement uniques, les politiques à mettre en œuvre sont diverses
et elles ne nous offrent pas toutes le même avenir. » p.16
2 – Le chômage est une maladie honteuse, l’emploi est éternel, la destruction d’un poste de travail anormale. FAUX !
La simple observation des chiffres de création et de disparition
d’emplois en France (ou ailleurs) permet de le constater : chaque jour
voit disparaître 10 000 emplois, soit 7 par minute ! Mais ce drame
permanent (on se demande pourquoi la révolte n’a pas déjà tout
submergé) est balancé par des créations d’emplois au même moment pour à
peu près le même montant. Ces mouvements d’emplois sont « sensiblement
identiques dans tous les pays industrialisés » p.19 et les auteurs
donnent un chiffre : « 15% des emplois ». Ce phénomène de
destruction/création a lieu dans le même secteur, le déclin d’un
secteur n’étant perceptible que sur longue période (sauf les secteurs
d’Etat comme le charbon ou l’acier où une planification a fait
disparaître les emplois plus vite qu’en situation de marché). Un simple
survol des grands théoriciens de l’économie permet de trouver
l’explication. Joseph Schumpeter, il y a plus de 60 ans, avait étudié
ce processus de « destruction créatrice ». Le chômage représente la
friction nécessaire pour que les particuliers (démission, changement de
domicile, retraite) et les entreprises (innovation, pression sur les
coûts, concurrence) s’ajustent.
3 – La démographie serait cause du chômage. FAUX !
Les jeunes trop nombreux, les femmes désireuses de quitter la maison,
les immigrés qui « viennent voler le pain » sont accusés d’accaparer
les emplois. « Au contraire, ce sont les pays industrialisés où
l’accroissement de la population active est le plus soutenu qui ont les
taux de chômage les plus faibles » p.31 Les rapatriés d’Algérie en
1962, l’exode de Mariel en 1980 entre Cuba et la Floride, l'immigration
due aux conflits de Bosnie et du Kosovo au début des années 1990, ont
montré peu d’impact sur le chômage des arrivées massives de
travailleurs. En fait, « l’impact de l’immigration sur l’emploi des
résidents est d’autant plus négatif que les coûts de licenciement et
les barrières à l’entrée sur les marchés des produits sont élevés. P.57
4 - La mondialisation est accusée. VRAI sur le long terme mais FAUX sur le court terme.
La tendance est là, en partie, mais en précisant que les emplois
touchés par les importations des pays à bas coût de main d’œuvre sont
pour l'instant très faibles dans la part globale des importations. Plus
de 60% des importations de l’Union européenne proviennent de l’Union
européenne. Quant au textile, qui fait beaucoup gloser, les
industriels, les syndicats et les pouvoirs publics ont eu 10 ans pour
s’y préparer : qu’ont-ils fait pendant ce temps ?
5 - Les actionnaires créeraient des chômeurs pour conforter les profits. FAUX
Les entreprises seraient « obligées » de licencier pour servir un gros
dividende et il est « immoral » que des Michelin ou des Renault à
Vilvoorde fassent des plans sociaux alors qu’ils sortent des bénéfices.
Une étude américaine (où le phénomène a préoccupé les libéraux, mais
oui !) citée par les auteurs, montre que sur 28 ans, les 3878 annonces
de baisse d’effectifs ont eu pour effet sur les 1176 entreprises cotées
à la bourse de New-York de faire BAISSER leur cours – et non pas de le
faire monter, comme le mythe le voudrait… « Cette constatation signifie
simplement que les entreprises qui font appel à des procédures de
licenciement collectif ont, en moyenne, de moins bonnes perspectives de
profit que les autres. » p.37
6 – Le chômage n’est la faute de personne. FAUX !
Sans croissance, pas de création d’emploi, dit-on encore. C’est une
lapalissade qui n’explique rien : « l’atonie de la croissance n’est pas
la cause de la hausse du chômage (…) En réalité, croissance et chômage
sont déterminés conjointement par le processus de destruction et de
création d’emplois. Plus exactement, c’est la manière dont chaque pays
gère ce processus qui fera que ce pays aura plus ou moins de croissance
et plus ou moins de chômeurs. » p.31 Les différences d’organisation des
marchés du travail en termes de réglementation, d’aide au retour à
l’emploi, de taxes sur les salaires et de formation expliquent une
grande part des écarts de taux de chômage entre les pays comparables au
nôtre. Il y a donc bien une RESPONSABILITE des politiques sur ce sujet
précis.
Trouvé sur
http://www.actuchomage.org
Des mythes autour de l'emploi
En dehors d'un contexte bien particulier, la "croissance" ne crée pas d'emplois.
Seule une réduction ample, immédiate, impérative du temps de travail, associée à une extension du secteur public (qui ne se limite pas aux fonctionnaires) et du secteur coopératif, permet de résorber les 5 800 000 chômeurs réels (en équivalent temps plein).
Depuis plus de quarante ans le chômage n'a cessé d'augmenter, excepté pour de rares périodes. En 1964 la France comptait 251 400 chômeurs, au sens du Bureau International du Travail (BIT) et en moyenne annuelle, pour 19 709 600 personnes actives occupées (ayant un emploi).
En 1992, pour une croissance de la valeur ajoutée de 1,17 %, l'emploi a diminué de 136 100 (-179 700 en emplois réels, du fait d'une forte progression de l'emploi à temps partiel) alors qu'en 1991, pour une croissance voisine (1,10 %), l'emploi a augmenté de 45 500 (+67 100 emplois réels).
En 1994, pour une croissance forte de 2,75 %, l'emploi a diminué de 8 900 (-95 600 emplois réels) car la productivité a augmenté davantage (2,79 %) pour une durée annuelle identique du travail. En 1995, avec une croissance plus faible (2,10 %) de la production, l'emploi a augmenté de 268 000 (+201 600 en réel, forte augmentation du temps partiel) car la productivité a très peu augmenté (0,88 %) pour la même durée du travail.
Au début des années 70, la croissance était sensiblement supérieure à celle d'aujourd'hui. De 1970 à 1974, en quatre ans, la valeur ajoutée a progressé de 18,83 % et la productivité de 19,15 %, valeur légèrement supérieure. Si l'emploi a cependant progressé de 742 000, soit 3,60 %, c'est que la durée annuelle du travail a diminué de 3,73 % (de 1821 à 1753 heures). Le chômage a malgré tout augmenté car la population active progressait plus vite que la création d'emplois.
Ce n'est donc pas une forte "croissance" qui crée de l'emploi mais une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité, comme pour les années 1988-89 (1,5 %) et dans une moindre mesure 1987 et 1990, ou une forte diminution de la durée du travail, comme entre 1970 et 1974.
Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits). Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée. Autrement dit, l'emploi (population occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
En 1994, malgré une croissance importante de la production (2,75 %), 8 900 emplois ont été perdus. La perte d'emplois réels est de 95 600 du fait de l'augmentation de 219 200 des emplois à temps partiel.
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Un autre mythe aussi se développe selon lequel, à partir de l'an 2006, la population active diminuerait, résolvant ainsi le problème du chômage. Effectivement, selon les projections de l'Insee et dans l'hypothèse moyenne, la population active atteindrait un sommet en 2006 (ou 2010 - 2012 selon des estimations plus récentes). Ensuite, la population active diminuerait d'abord très lentement (251 200 en moins après dix ans), puis lentement pour ne retrouver qu'en 2032 le niveau de 1996 et en 2040 celui de 1994. C'est une imposture de présenter ce facteur bien modeste comme une solution naturelle au chômage ... très partiellement et dans quarante ans.
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Enfin, ce ne sont pas les salariés payés au voisinage du smic qui coûtent trop cher aux entreprises. Le décile (10 %) des salariés les moins payés représente 4,9% de la masse salariale, alors que le décile des salariés les mieux payés représente 22,7 % de cette même masse, soit 4,63 fois plus. D'un autre point de vue, le salaire minimum du centile (1 / 100) le plus élevé des salaires, est 7,60 fois supérieur au salaire maximum parmi les 10 % de salaires les plus faibles. ... Comme on le constate, les "personnels non qualifiés" ne sont pas la cause principale des "trop lourdes charges salariales" des entreprises.
Pour plus d'informations, voir à cette adresse :
http://travail-chomage.site.voila.fr/ancien/mythes.htm
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Rédigé par : Léonard | 04 octobre 2006 à 23:43