Par Pascal Leurquin - Chef d'entreprise belge
Chose promise, chose due : voici le récit des aventures d’une PME sur la route sinueuse de l’IPO...
Au commencement de cette grande aventure, il y a des projets. Beaucoup de projets.
roissance et développements pour l’entreprise, des idées plein la tête et la conviction que les opportunités sont là, toutes proches. Pour un entrepreneur dans l’âme, il est souvent frustrant d’être limité par le manque de moyens. La croissance, il faut donc la financer (Entreprendre: financer la croissance).
Pour cela, l’entreprise a différentes options : placement privé, financement bancaire, augmentation de capital, ... Depuis le démarrage de ses activités, notre entreprise est souvent parvenue à s’allier le partenariat des banquiers. Mériter leur confiance est un combat quotidien...
Des exercices successifs marqués par une croissance dynamique et toujours bénéficiaire ont - à de multiples reprises - largement pesé dans la balance des négociations. Mais cette manne n’est pas inépuisable. Après être parvenus à générer durant des années un effet de levier très important, nous étions arrivés à un niveau maximum. Il fallait donc envisager d’autres options.
L’ouverture du capital par souscription publique (IPO) était l’une d’elles et elle a rapidement retenu notre intérêt.
Depuis quelque temps, des amis, des collègues entrepreneurs m’incitaient à franchir le pas. Mon tempérament un tantinet aventurier a été séduit...
C’est
donc au début de cette année 2006 que l’entreprise a pris
officiellement la décision de s’engager sur la route de l’IPO.
L’objectif était ambitieux et la fenêtre étroite : nous avions 6 mois
pour profiter d’une conjoncture positive et pour réaliser l’opération
avant le calme financier des grandes vacances d’été. La mission a été
un succès : la première cotation de l’action de l’entreprise a été
enregistrée le 15 juin dernier. Mais avant d’en arriver là, c’est toute
l’histoire d’une marche à pas forcés de 6 mois hors du commun que je
vous propose de partager sur ces pages...
La première étape pour accéder au chemin qui mène aux marches du Palais de la Bourse, c’est tout d’abord la forte détermination d’y parvenir... Car -amis entrepreneurs, je vous le dis- de la détermination, il en faut ! La route est longue et les embûches nombreuses. Avant de s’être lancé dans cette aventure, on ne peut deviner ce à quoi l’on s’attelle.
Il est intéressant de constater que -suivant l’état de la météo des marchés- l’attrait des entreprises pour l’offre en souscription publique varie sensiblement à la hausse... ou à la baisse (deux notions qu’il faut rapidement apprendre à maîtriser...) Quand la conjoncture est favorable et que l’envie d’un bel apport de fonds se fait plus pressante, l’on pourrait même se demander pourquoi davantage de PME ne franchissent-elles pas le petit Rubicon qui les sépare des places de marché... Après tout, est-ce si compliqué ??? Et bien, chers amis, permettez-moi tout de suite de vous enlever définitivement de la tête cette image d’Epinal. Je sais maintenant pourquoi la bourse fait parfois peur aux PME. Entrer en bourse, c’est en quelque sorte passer au niveau supérieur, changer de division. Et cela implique charge de travail accrue, procédures à respecter, rigueur et adaptations à tous les niveaux. Vous me direz, tout dépend du marché que l’on envisage ; tous n’engendrent pas les mêmes obligations. C’est vrai. Mais si l’on veut être cohérent et choisir un marché qui corresponde à la taille de son entreprise, les contraintes des obligations légales seront proportionnelles par rapport aux capacités d’absorption des structures internes. Les structures des petites sociétés seront absorbées avec une introduction sur le Marché Libre, alors que les grandes entreprises, elles, le seront par les obligations du marché réglementé.
La première grande question que nous nous sommes posés avant de nous
lancer dans l’aventure a donc été de savoir sur quel marché nous
estimions qu’une entreprise comme la nôtre avait naturellement sa
place. La réponse est apparue clairement : ni l’un, ni l’autre. Trop
grande pour un marché libre, encore trop petite pour le grand bain.
Nous allions viser le grand bain... et attendre quelques années de plus
pour y plonger quand la nouvelle de la naissance d’un troisième marché
pointa. Son nom : Alternext Brussels. Son objectif : proposer -sur le
modèle de son aîné parisien- un segment adapté aux grandes PME en forte
croissance. Le compromis qui nous convenait.
Maintenant que
nous avions une place de marché, il nous fallait trouver une équipe de
partenaires qui nous permette d’assurer le succès de l’opération :
conseiller juridique et listing sponsor en tête. Et ce fut de nouveau
une question de compromis. Nous devions trouver des partenaires de haut
niveau, mais garder un budget qui soit cohérent par rapport aux fonds
que nous espérions lever. Pas question d’engloutir 10 ou 15% de la
somme en frais et commissions diverses. Pour cela, il allait falloir
négocier... et s’adapter. En clair : assurer une bonne partie du
travail en interne avec l’aide de consultants. Toute l’organisation
allait s’investir dans le nouveau projet de l’entreprise. Si le succès
allait être au rendez-vous, il serait collectif. L’aventure s’annonçait
ardue, mais tellement passionnante ! Alors prêts ? Plongez ! ...
La suite au prochain numéro...
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