Par M’hamed Drissi (chroniqueur exclusif) - Ph.D Management
Dans le monde des affaires, rares sont de nos jours les gens qui font encore confiance à leurs semblables. Pourtant, en matière de délégation de pouvoir, les dirigeants avertis savent qu’ils doivent courir le risque pour réussir ce mandat. Faute de quoi, il s’agira à notre sens, d’une fausse délégation à laquelle il convient de s’abstenir.
Une fausse délégation consiste de la part des dirigeants de se débarrasser des tâches ennuyeuses, compliquées ou délicates pour les confier à leurs collaborateurs sans jouir d’aucune autorité ni pouvoir de prise de décision : il s’agit tout simplement pour eux d’exécuter des ordres, ce qui les démotivera à la longue et accentuera leur méfiance à l’égard de leurs supérieurs.
L’une des premières conditions de réussite de la délégation de pouvoir est en effet l’existence d’une confiance mutuelle entre le délégant et le délégataire. Une relation de confiance qui doit passer obligatoirement par une vision commune des objectifs à atteindre et par une bonne circulation des informations qui témoigne clairement et sans équivoque d’une vraie délégation solidement basée sur une confiance réciproque.
Pour pérenniser cette relation de confiance mutuelle, le délégant doit nécessairement transmettre au délégataire son savoir faire tout au long de son parcours d’apprentissage jusqu’à ce qu’il se prendra complètement en charge.
Il faudra donc pour le délégant non seulement accepter que le délégataire utilise d’autres « nouvelles méthodes » que les siennes, mais lui accorder, sans hésitation aucune, le droit à l’erreur. Sans cela, le délégataire ne prendra ni initiative, ni risque, ce qui se répercutera d’une manière négative sur la marche normale de l’organisation.
Le raisonnement économique de l’homme d’affaires qui tient compte de la rationalité pure ne doit en aucune façon nous faire ignorer la notion de confiance. Cela veut dire qu’au-delà de leurs obligations morale et contractuelle, les deux acteurs de la délégation doivent toujours faire preuve d’une confiance mutuelle, veiller à l’entretenir et à l’accroître , sachant que la méfiance n’a jamais engendré , bien entendu , que de la méfiance et de la suspicion .
En fait, faire confiance à son délégataire, ne signifie pas se décharger complètement sur lui sans contrôle ni suivi : une vraie délégation implique nécessairement la responsabilité permanente du délégant dans le sens juridique et épistémologique du terme. C’est pourquoi, la délégation doit être précise et dépourvue de toute ambiguïté lors de la rédaction du contrat.
Par ailleurs, la vraie délégation doit obligatoirement prendre en considération le respect mutuel qui doit régner entre les deux acteurs de telle sorte que la confiance créée tiendra compte aussi bien de l’acte de « faire confiance » que le sentiment « d’avoir confiance » à partir des rapports inter individuels. Cela veut dire que ces rapports doivent tenir compte, à la fois, du rationnel économique et de l’affectif social dans les relations inter individuelles.
Une telle délégation basée sur la confiance réciproque est incontestablement une force et non un signe de faiblesse puisqu’il faut beaucoup de courage et de maturité de la part des deux acteurs afin d’instaurer une telle relation de confiance mutuelle.
La confiance en matière de délégation de pouvoir n’est nullement une utopie ni une marque de naïveté de la part du délégant : elle révèle, au contraire, d’un degré élevé de foi dans l’humanité du délégant qui décide d’avoir confiance dans les compétences et la moralité du délégataire. Ces valeurs qui ont malheureusement tendance à disparaître, aujourd’hui ; continuent à préserver le monde des affaires du danger de la méfiance ennemi de tout progrès humain.
En d’autres termes, pour déléguer, il faut préalablement faire confiance, pour créer de la confiance, il faut généreusement déléguer son pouvoir et pour pérenniser cette confiance et faire durer la délégation, il faut instaurer une relation de confiance réciproque.
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