Par Bruno Salgues (chroniqueur exclusif) - Enseignant chercheur
Le mois dernier, j’ai commencé à
vous parler de la prise de décision, voici la suite ce mois-ci. Je poursuis le
commentaire de la règle 5. Rappelons l’essentiel, un bon décideur est celui qui
décide.
1. Apprendre à dire non à bon escient
Dans la phrase d’apprentissage, il faut apprendre à dire: NON! En effet, "non" est la deuxième meilleure réponse que n’importe quel décideur. Malheureusement, elle peut être obtenue à n'importe quelle question qui se pose.
2. Savoir que les conséquences des décisions sont les choses le plus importantes
Les décisions, par elles-mêmes, sont sans signification, mais leurs conséquences, oui. Si les dirigeants ont une grande rigueur dans le processus de décision, il est fort probable que l’ensemble du personnel va suivre. Sinon, chacun contournera la décision ou se mettra dans la situation d’atteindre ses propres objectifs. Dans ce cas, l’organisation va voir fleurir des individus qui « tirent » tous dans des sens différents. Enfin, les conséquences des décisions sont toujours analysées. Les conséquences des décisions deviennent importantes. Si la décision de redresser une entreprise passe par la suppression d’une part du personnel, c’est ce dernier événement qui est souvent mis en avant et pas le redressement. La communication et la compréhension de la décision doivent au contraire porter sur le premier point.
3. Faire en sorte que la décision soit suivie d’acte
Les acteurs confondent souvent prendre une décision avec faire en sorte que quelque chose se produise. Se mettre dans la situation où l’action a lieu est toujours plus complexe. Régulièrement les acteurs s’interrogent. Travaillons nous à prendre de bonnes décisions. Avons nous eu toute l'information pour prendre la décision ? Est elle possible qu'une meilleure décision pourrait avoir été prise si la meilleure information avait été produite ?
Comment par quelques points qui
pourraient apparaître au lecteur comme une évidence mais qui sont en fait des
points plus complexes. Il vaut toujours
mieux de prendre une bonne décision qu'une mauvaise décision, mais prendre
juste une décision ne change rien ! Une décision est toujours le commencement
du processus de faire, pas la fin de ce processus. Les deux questions
fondamentales sont : avez-vous mis en application la décision ? Avez vous fait réellement n'importe quoi ?
4. Combattre les décisions de
groupe
La discussion est facile, mais la décision est un art difficile. Pour décider et mettre en application des décisions, il n’y a qu’une seule bonne méthode : écouter. Beaucoup d’auteurs récents de gestion se demandent pourquoi les écoles de management soulignent cette discussion et favorise la décision de groupe. C’est une erreur fondamentale. Il vaudrait mieux avoir les classes d'écoute.
La discussion est facile, l'écoute avec un esprit ouvert ne l’est pas. La plus mauvaise chose qu’un décideur peut faire dans ce processus est de s’exprimer. En effet, n'importe qui même ouvert et honnête à qui vous énoncer un changement, une opinion gardera une trace pas nécessairement fidèle de cette discussion. Le décideur l’entendra plus tard et celui à qui il l’avait formulé se sera positionné à partir de là. Souvent, cette situation est décrite par l’idée qu’une décision ne se partage pas.
Les réunions pour décider sont inefficaces parce qu'elles manquent de structure contextuelle. Trop d'organisation ont seulement (et trop souvent) une réunion régulière, souvent appelé une réunion de personnel, comité de direction, marcom (pour réunion marketing commercial). Souvent, une fois par semaine ou deux fois par mois, les acteurs se réunissent pendant deux ou trois heures de discussion aléatoirement et artificiellement focalisée sur tous les sujets de tout de stratégie, de tactique, de l'administratif. Le but de ces réunions est de prendre des décisions. Puisqu'il n'y a aucune clarté autour des matières et qu’il n’y a pas de contexte clair pour les discussions, les décisions sont mal prises, peu de choses sont décidées. Patrick M. Lencioni n’hésite pas à parler de « la mort par Meeting ».
Apprendre de nos expériences permet bien de prendre de meilleure décisions. Il est efficace de se réunir, pas pour prendre des décisions, mais pour discuter des propositions, des concessions possibles. Il est nécessaire de se demander si quelque chose d’important ne nous manque pas comme information pour la décision. Il est extrêmement difficile de faire une liste de toutes les choses à quoi le décideur doit et pense pour la décision. Cela explique pour pourquoi c'est important d’ouvrir le processus décisionnel à autant de personnes comme possible sans se dessaisir de la prise de la décision. Il convient alors d’être capable de prendre la décision B alors que A est la décision mise en avant par l’analyse.
La suite au mois prochain.
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