Par Yves Gambart de Lignières (chroniqueur exclusif) - Conseil Financier et Conseil en Gestion de Patrimoine Indépendant
Le mois dernier, nous avons présenté quelques raisons pour lesquelles il nous semblait pertinent de réaliser un bilan patrimonial, raisons motivées soit par des évènements prévisibles (mariage, naissance, acquisition immobilière..), soit par des évènements imprévisibles (divorce, décès, changement professionnel…).
L’évaluation de vos actifs est, alors, nécessaire car le chiffrage va valider ou non la faisabilité de ces objectifs. Cet exercice est proche de celui réalisé, chaque année, par les contribuables soumis à l’ISF.
Ce chiffrage peut être reporté dans un tableur en affectant à une ligne le libellé du placement (compte courant, résidence principale, pea…), le titulaire (Monsieur, Madame, Monsieur ou Madame, Monsieur et Madame, enfant xx…) et la valorisation du placement.
Un signe distinctif pour repérer les biens propres permettra de mieux se rendre compte des avoirs de chacun. Si vous êtes mariés sous le régime de la séparation de biens, vous pouvez même réaliser un bilan pour chacun d’entre vous.
En colonnes seront indiqués le nom du placement (livret xxx, actions xxx…), l’enveloppe fiscale (Pel, Pea, assurance-vie, Pee…), le montant par ligne.
Cette répartition pourra se faire en fonction des différentes catégories d’actifs :
- Votre trésorerie. Il s’agit des placements court terme dont la vocation est de pouvoir être rapidement disponible pour faire face aux dépenses courantes et/ou récurrentes : paiement des impôts et taxes, dépenses d’entretien, alimentation, loyer et/ou remboursement de crédit… Citons, par exemple, le compte courant, les livrets bancaires, le CEL, le compte à terme, les fonds monétaires…
- L’immobilier de jouissance. On entend, dans cette notion, les biens immobiliers qui ne procure pas de revenus financiers comme c’est le cas pour la résidence principale, la résidence secondaire, l’usufruit d’un bien démembré…
- L’immobilier de rendement. Il s’agit, à contrario, des biens générant une rentrée d’argent ou un accroissement de valeur non lié à l’évolution du marché immobilier : immobilier locatif, immobilier papier (Scpi/Opci), nue-propriété d’un bien démembré…
- Les placements à capital et taux minimum garanti. Ce sont le Plan d’épargne logement, les supports euros de contrat d’assurance-vie et de contrat de capitalisation… en fait, les investissements dont le taux de rémunération est assuré… ce qui, pour rappel, n’est pas le cas, par exemple, d’un livret dont le taux varie en fonction des marchés
- Les placements obligataires en direct ou via un fonds, à taux fixe, dont la valeur évolue de manière inverse à la variation des taux et qui, donc, contrairement à ce que pensent beaucoup d’investisseurs, n’est pas du tout un placement « père de famille »
- Les placements actions en direct ou via un fonds.
Auxquels peuvent s’ajouter des placements plus spécifiques tels qu’actifs professionnels (actions du dirigeant, stock options…), obligations convertibles, œuvres d’art…
Pour mener à bien cet exercice, il faut, le cas échéant, distinguer au sein d’un même fonds ou d’un même compte la part affectée aux placements monétaires, obligataires, actions… C’est le cas, par exemple, d’un fond diversifié (sécuritaire ou prudent, équilibré, dynamique) ou d’un compte-titres ou contrat d’assurance vie multi-supports.
Vous pouvez vous
reporter au prospectus de votre fonds pour savoir comment il est investi :
pour se faire, se référer au site de la société de gestion ou de l’Amf.
Au passif, on indiquera le capital restant dû des emprunt en cours (prêt immobilier, à la consommation, avance d’un contrat d’assurance-vie, prêt familial…).
On peut y ajouter les impôts dus ou latents : impôt sur le revenu, ISF, impôt sur la plus-value de cession, sur la plus-value d’acquisition (stock options)…
La valorisation des actifs financiers est assez simple dans la mesure où il suffit de regrouper les relevés, à une seule et même date (30 juin ou 31 décembre, par exemple), pour l’ensemble de ses placements.
L’évaluation des actifs immobiliers est plus délicate car elle dépend d’un ensemble de facteurs parfois difficiles à appréhender. L’approche, souvent la plus usitée, est celle assise sur la méthode des comparaisons. Le principe est simple : la valeur de votre bien immobilier est similaire à celle d’un bien immobilier disposant des mêmes caractéristiques qui s’est vendu récemment.
Des sites tes que celui
d’Immo Notaires Argus
(Ile de France), du Crédit
Foncier, de Cotation
Immobilière … peuvent vous aider.
Pour les biens loués ou indivis, il faudra appliquer une décote qui sanctionne une certaine indisponibilité du bien. De manière générale, elle s’élève de 10 à 30% et sera d’autant plus forte pour les biens loués que le bail sera lointain.
L’étape suivante consiste à mettre en relief la disponibilité et les éventuels conséquences financières d’un arbitrage de chacun de vos placements.
La disponibilité d’un bien peut dépendre :
- de dispositifs contractuels : vous ne pouvez disposer librement de votre appartement donné en location sans l’accord du locataire, il en est de même pour un bien donné en garantie, par exemple, en adossement d’un emprunt,
- de conséquences civiles : suite à une succession, vous vous retrouvez en indivision ou nu-propriétaire d’un bien,
- de la fiscalité afférente à votre placement : la fermeture d’un PEA avant sa 5ème année d’expiration, même si elle est autorisée, n’a pas les mêmes conséquences fiscales que si vous respectez un délai plus long,
Il est donc intéressant d’ajouter à votre tableur, une colonne, dans laquelle les dates clés de votre placement seront indiquées
- Pour un bien immobilier, vous pouvez indiquer la date d’acquisition (achat, donation…) et pour un bien loué, vous ajouterez le dernier anniversaire du bail.
- Pour une enveloppe fiscale financière, la date d’effet du placement (date d’ouverture du Pea, date de souscription du contrat d’assurance-vie…) est importante.
- Ensuite, la fiscalité ne sera pas la même si vous êtes en plus ou moins-values.
Il faut donc recueillir, également, les prix de revient ou le montant versé pour chacun de vos placements.
Nous verrons, dans nos prochains billets, les autres bilans à réaliser puis, en final, des pistes d’interprétation mais, d’ores et déjà, au regard de votre tableur, vous pouvez constater les éventuels déséquilibres de votre patrimoine tels qu’une sur-exposition à un type d’actif (immobilier, actions…), une trop grande indisponibilité de vos biens…
A suivre : bilan
économique et fiscal (flux immédiats, flux futurs et charges)
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