Par Jeremy Tripoli (contributeur exclusif) – Coopeo.fr
Voici un court billet pour les aspirants entrepreneurs en Chine. Mon
parcours en quelques mots : je suis arrivé
a Shanghai fin 2006 ; créé quelques business depuis cette
date, et vis maintenant entre la France et la Chine. Les conseils donnés ci-après
sont surtout valables pour ceux d’entre vous qui désirent faire du business en
Chine, sans l’option « au pire des cas je cherche un travail » :
1. Apprenez le
mandarin : vous avez quelques économies, êtes arrivé a Shanghai,
Beijing ou Shenzhen ; maintenant que faire ? Inscrivez-vous dans une école
de langue et commencez à prendre des cours de chinois. Il ne sert à rien de
vous éterniser dans ces écoles, mais 2 ou 3 mois de cours intensifs vous changeront la vie. Ces cours devront absolument
s’accompagner d’une pratique active, profitez de toutes les occasions pour
pratiquer votre chinois.
2. Bien
anticiper le problème de visa : « à mon époque », en 2006, ce
n’était pas du tout un problème. Pour un équivalent de 150 euros vous aviez un
visa de 1 an. Maintenant c’est une tout autre histoire, et peut devenir extrêmement
pénible. En effet, le nombre important d’étranger arrivant en Chine ces dernières
années a incité le gouvernement à mettre des restrictions au niveau de
l’obtention des visa ; en particulier pour les français (Sarkozy et le Dalaï-lama,
réciprocité d’obtention de visa). Les règles changent tout le temps et il faut se tenir informé.
3. lancez vous
dans un business ou vous détenez un avantage comparatif fort (par rapport aux
chinois) : voila les deux cas de figures si vous créez une activité
sans avantage comparatif fort (=facilement copiable par un entrepreneur
chinois) :
a. votre business ne marche pas (peu de client, cout trop élevé …). Dans ce
cas vous arrêtez tout et passez a autre chose ;
b. votre business marche bien, vous faites de l’argent, vous avez des
clients, mais il ne requiert pas de compétence forte. Dans ce cas un entrepreneur chinois va copier
exactement votre business … en mieux …car il est chinois et il connait
mieux le marché.
Note : la notion de « compétence forte » peut être assez
large. Si vous êtes par exemple un chef cuisinier renommé en France, vous aurez
une « compétence forte » pour ouvrir un restaurant gastronomique à
Shanghai. Si vous ouvrez une boutique en ligne (en chinois) pour vendre des
vêtements, vous n’aurez – généralement – pas d’avantage comparatif.
4. développez un
réseau: si vous décidez de sérieusement vous installer en Chine
et faire
du business pour les chinois, avec les chinois, le réseau (ou
« guanxi ») est indispensable. Voici un exemple de situation rencontré au cours de
ces dernières années :
Un français (appelons le « François ») a ouvert un restaurant a
Shanghai, avec un loyer très intéressant ; ceci étant du a un contact
local (« Fu », un ami de sa femme chinoise était responsable de l’attribution/paiement
des locaux). Au bout de quelques années,
Fu n’est plus en charge et est remplacé par une autre personne (appelons la
« Hu »). François n’a pas essayé de faire du « réseau »
avec Hu (invitation à diner, rendre des services etc …). Lors de la renégociation
du loyer, les prix ont été multipliés par 3 ; Hu voulant indirectement que
François parte pour faire place a un « meilleur » locataire. Si François
avait un « contact » qui connaissait Hu, le loyer n’aurait pas augmenté.
5. Si vous
n’avez pas d’avantage comparatif fort, ciblez les expatriés: les cotés
positifs de cette stratégie sont : (i) vous pourrez plus facilement vendre
votre produit/service (vos clients seront occidentaux et vous l’êtes aussi)
(ii) vous n’aurez pas a craindre la compétition d’un entrepreneur chinois. Les
aspects négatifs : (i) votre marché sera limité aux expatriés (ii) forte compétition
(venant d’autres expat, américains, anglais …) dans certains domaines
(immobilier, tourisme, négoce de vin…). Une manière de résoudre ce problème est
de cibler une niche, comme cet entrepreneur anglais qui propose des voyages touristiques en Corée du
Nord.
6. Faites du
sourcing (=export de marchandises chinoise vers la France/Europe/US): en vous lançant dans cette activité, vous aurez tout de suite un avantage
comparatif (par rapport aux entrepreneurs chinois). Le plus dure dans ce
business va être de trouver des clients. Voici quelques pistes : (i)
parlez à votre entourage de votre localisation en Chine. Vous verrez que
beaucoup de commerces souhaitent acheter directement en Chine (au lieu de
passer par un intermédiaire en France). (ii) Choisissez des produits et
contactez directement des potentiels clients (via leurs sites internet). Ce business n’est pas trop compliqué, et après
quelques « deals » vous devriez comprendre les étapes. Vous
trouverez facilement des fournisseurs en vous rendant à Yiwu (30 minutes de
Shanghai). Cette ville est incroyable, le plus grand marché de « vente en
gros » au monde. Pour information j’ai commencé ce type de business 3 ans après
mon arrivée en Chine, et je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Ces conseils sont brefs et basés sur mon expérience personnelle ; des
contres exemples pourront être trouvés.
Si vous avez des questions/commentaires, n’hésitez pas à me les indiquer
en commentaire !