Par Violette Watine (contributeur) – Fondatrice de Mademoiselle Bio
Découvrir une nouvelle manière de consommer, partir à la rencontre de créateurs d’entreprises engagés fait partie de l’esprit Mademoiselle Bio. Partager leur passion vous donnera peut-être envie d’agir, vous aussi. Aujourd’hui, partez à la découverte des sacs et accessoires bilum et surtout d’Hélène, leur créatrice.
Hélène est un petit bout de femme sacrément passionnée. C’est la fondatrice de bilum.
Elle crée des sacs et accessoires à partir de bâches publicitaires
géantes recyclées et les fait confectionner par des structures dites «
sociale ou solidaires ». Cela fait bientôt un an que nos chemins se
sont croisés. Immédiatement, j’ai été touchée par ses créations uniques
et par sa franche personnalité. Du coup, j’ai eu envie de lui donner la
parole.
Tes sacs sont en PVC recyclé, est-ce par vocation écologique ?
A l’origine, je voulais créer des sacs avec ces grandes bâches
publicitaires, utilisées pour des communications éphémères. C’est un
matériau solide, imperméable et créatif. Et je trouvais dommage de les
jeter ou de les brûler. Il se trouve que c’est du PVC, un matériau
polluant quand il est incinéré. Mais, personnellement, ce que j’aime
c’est recycler et offrir une seconde vie à des matériaux. Tant mieux si
la démarche est d’autant plus environnementale…
En fait, ce qui t’anime c’est récupérer et recycler ?
Exactement. J’ai toujours aimé transformer les choses. Je choisis
toujours des objets anciens qui ont une vraie personnalité. Pour me
meubler, je vais chez Emmaüs puis je transforme et retape. Cette lampe
par exemple je l’ai faite à partir de 3 lampes. Et mon vélo date de
l’entre-deux guerres. J’ai un peu l’âme d’une brocanteuse.
Et tes ateliers de production solidaires ?
Tu vois, là c’est pareil. A l’origine, je voulais faire des sacs de
qualité, produits en France. Donc, j’avais un cahier des charges précis
quant à la production. Il se trouve que ce sont des structures
d’insertion sociale ou solidaire qui correspondaient le mieux à mes
attentes (ndlr préparation, nettoyage par des structures qui insèrent
par le travail des personnes en difficulté et confection en ESAT, qui
emploient des handicapées). En fait, je suis « tombée » dans l’économie
dites solidaire. Et franchement, je suis heureuse de cette rencontre.
Maintenant, pour rien au monde tu ne me ferais changer.
Qu’est ce que ça change pour toi cette démarche ?
Cela
m’enrichit tous les jours. Le contact humain est extraordinaire. Mes
ateliers sont tous en région parisienne. Donc, je suis très souvent
chez eux. Et j’apprécie vraiment leur flexibilité et leur savoir-faire.
Et toi, perso, t’es une militante écolo ?
On ne peut pas dire ça. Je ne suis pas militante, mais je fais
attention. J’ai été élevée dans un profond respect des autres, de la
nature et des choses. J’ai toujours fait attention à ne pas gaspiller
et ne pas jeter. Je me sens particulièrement préoccupée par l’eau.
L’eau ?
Collégienne, une prof de géographie nous avait annoncé la couleur : «
l’eau sera l’or bleu de demain. Alors, faites attention et ne gâchez
pas ». Ca m’est toujours resté. Les faits sont là. Il y a des guerres
pour l’eau. Un tiers de la population mondiale est privé d’accès à
l’eau potable. Arrêtons de la gaspiller. Arrêtons de la polluer.
Du coup, tu fais quoi avec les bâches sales que tu récupères ?
Il n’était pas question pour moi de les laver à grandes eaux. Du coup,
on les nettoie à l’éponge manuellement et avec des lessives « vertes ».
En fait, j’ai vraiment voulu donner une cohérence globale pour bilum.
Donc, j’essaie d’adopter une démarche écologique d’un bout à l’autre.
Récupérer et produire en région parisienne, avec des ateliers qui sont
tous dans un rayon de 20kms fait partie de cette volonté.
Et quelle est ta plus grande satisfaction avec cette création d’entreprise ?
La richesse des rencontres. De mes interlocuteurs à la casse (ndlr les anses de ses sacs sont composées de ceinture de sécurité)
à ceux de boutiques au bout de monde, en passant justement par les
ateliers, ou les grossistes de boucleries, je rencontre des gens
extraordinaires.
Et que trouves-tu difficile dans la création d’entreprise ?
Mener le projet seule pour soutenir le développement de bilum. Plus
j’avance, plus j’ai d’idées, plus j’ai envie d’en faire et plus je
m’épuise…
En tout cas, la passion t’anime ! Merci Hélène d’avoir partagé avec
nous un peu de cette intimité. Et j’apprécie sincèrement ta franchise.
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Credit Photos : Portrait d’hélène Patrick Herrmann, Sacs bilum Jeanne-Rose