Bomos et légers : le futur est formidable !

Gilles MartinPar Gilles Martin (chroniqueur exclusif) – Président du cabinet de conseil en stratégie et management PMP

Une année qui se termine, une nouvelle qui commence. Belle occasion de parler du futur et de ce qui va se passer.

Quelques ouvrages qui paraissent en ce moment nous y invitent.

Le dernier livre de Jacques Attali est consacré à une « histoire de la modernité » : c’est quoi être moderne ?  Pour y répondre l’auteur parcourt l’histoire, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, mettant en évidence que nous sommes passés d’une époque où être moderne, c’était croire en l’Eglise, à une conception de la modernité comme celle de la Raison. 

Ce qui est intéressant, c’est le questionnement pour le futur : demain, ça sera quoi être moderne ? «  Plus encore de raison ? Plus de liberté individuelle ? Ou, au contraire, plus encore de devoirs et de responsabilités ? Plus de changements ou plus de stabilité ? Plus de vitesse ou plus de lenteur ? Voudra-t-on plus de nature ou plus d’artefacts ? Plus de Foi ou d’Être ? Quel sera l’art de la modernité à venir ? ».

Jacques Attali essaye d’apporter ses réponses, en imaginant plusieurs scénarios sur la façon dont nous penserons l’avenir du monde, c’est-à-dire à horizon 2060, dans les années 2030. Celui qu’il aimerait le mieux, mais auquel, dit-il, il ne croit pas trop, c’est celui qu’il appelle «  l’altermodernité ». Il s’agit d’une forme «  d’éthique renouvelée, laïque ou religieuse, fondée sur l’altruisme, le refus de l’égoïsme, la prise en compte du long terme dans les choix ».Dans cette modernité, « chacun aura de plus en plus d’intérêt à ce que les autres soient connectés aux mêmes réseaux que lui : le bonheur viendra plus du nombre de personnes avec qui chacun est en lien que du nombre d’objets possédés. Chacun aura intérêt à ce que les autres, en particulier les générations futures, soient bien soignés, pour ne pas être contagieux. Qu’ils ne soient pas pauvres, pour consommer les produits mis sur le marché. Qu’ils soient éduqués, pour participer à l’économie des réseaux. Qu’ils disposent des mêmes objets nomades, pour pouvoir échanger ». Jacques Attali appelle ça «  l’altruisme rationnel ».

Mais cette « altermodernité », pour certains, n’est pas un scénario, mais une nécessité. Ainsi Pierre Rhabi, qui vient de publier «  Vers la sobriété heureuse » : ce champion des écologistes veut nous  convaincre d’adopter une vie simple, proche de la nature.

 Le mot est lâché : il faut s’alléger ! Cela ne veut pas dire manger moins et perdre du poids ; non, c’est toute une philosophie, qui a de plus en plus d’adeptes. Ce qu’il faut alléger, c’est notre vie. Très bon dossier sur le sujet dans le numéro de décembre 2013 de la revue « Clés », notamment un article de Patrice van Eersel et Claire Steinlen.  Nous débordons de choses à faire, d’objets à posséder, d’expériences à tenter, de voyages à faire, etc… STOP ! Avec ces vies qui « débordent », nous n’arrivons plus à réfléchir, à prendre du recul, d’où ce sentiment d’insatisfaction sur soi-même qui se répand. D’où ces personnes qui «  n’y arrivent plus.. », qui « étouffent.. », qui «  vivent un enfer… » ; on en connait tous autour de nous que l’on voit craquer sous nos yeux sans savoir quoi faire ou quoi dire. C’est peut-être même notre cas parfois. Ce qui a provoqué cela, c’est le développement d’une forme de boulimie : il faut avoir tout vu, vu tous les nouveaux films, entendu toutes les chansons, connaître les nouveautés, sinon on est ringards. Idem pour les nouveautés technologiques, les IPhone, les IPad. Si on laisse passer une génération on devient rapidement un has been. Pour s’alléger, il faut alors retrouver, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Dominique Loreau, «  l’art de l’essentiel ». Cela commence par le renoncement, apprendre à dire non. C’est aussi accepter de déplaire…Oui, tout ce que l’on n’ose pas faire. C’est laisser sur le chemin ce qui existe, mais ne nous rend pas meilleur. Nous avons appris à être complaisants et gentils avec tout le monde ; s’alléger, c’est écouter sa voix intérieure et « être vrai ». Un vrai défi pour le futur, cette capacité nécessaire de se libérer du « délire urgentiste » et de la boulimie obligatoire.

J’en ai trouvé qui ont peut-être trouvé la solution dans le numéro de samedi (4 janvier) de Madame Figaro : les Bomos.

Si vous ne les connaissez pas encore, il va falloir s’habituer : selon les observateurs des tendances, leur nombre est en augmentation. Qui sont ces énergumènes ?

Ce sont les « beaux moches » : les adeptes du mauvais goût. Ils veulent du laid, du moche, dans tout, la déco, les fringues. Ils courent les dépôt-ventes, les friperies, pour trouver tout ce qui est ringard, de plus en plus tendance. Ces « bomos » sont en rupture avec l’héritage de leurs aînés. Alors qu’à l’origine ils cherchaient à sortir du « consensuel », c’est maintenant eux, avec leur « culture moche », qui sont devenus mainstream. Le « moche », le « popu chic »,  «  l’irrévérence », c’est devenu la norme.  Mais attention si vous voulez les reconnaître, il y en a de plusieurs sortes de ces « bomos » : le geek, avec sa collection de chemisettes, ne ressemble pas au « seapunk », avec les cheveux pastel ou fluo. A moins que vous ne soyez séduit par la tendance réac, celui avec ses mocassins à glands, qui, pour se rassurer face à la crise, se réfugie dans les « valeurs de papa », façn Chirac. Plus typé, le « décroissant » est le fan du « vintage », et veut être un consommateur « responsable », celui qui préfère l’utile au beau. Enfin, «  l’adulescent », c’est celui qui, né dans les années 90, n’arrive pas à se défaire des fringues de bébé ado, son jogging Adidas, son hoodie Champion ; plus il régresse, mieux il se sent.

Quel drôle de monde que le futur, non ?

Bonne année, 2014….On devrait bien s’amuser.

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