Bootstrapping : petit retour d’expérience sur le démarrage d’une activité

Mathieu MorioPar Mathieu Morio (contributeur exclusif) – fondateur du comparateur Mutuelle Zen

Rien ne remplace le plaisir qu’on ressent lors du démarrage
d’un nouveau projet d’entreprise. C’est le moment le plus exaltant, le plus
stressant, et le plus risqué.

Je souhaite partager ici quelques idées sur cette phase
essentielle en évoquant plus particulièrement un point clé bassement
matériel : l’argent.

Si vous ne connaissez pas l’expression
« bootstrapping », il s’agit de démarrer une activité avec les moyens
du bord, sans dépenser beaucoup d’argent. Je vais essayer de vous expliquer ce
que cela recouvre en vous parlant aussi de mon expérience personnelle.

Au début était
l’idée, et puis vinrent tous les problèmes

Vous vous rappelez de cette première illumination ? Une
idée géniale vous est venue, et hop (après plusieurs jours, mois, ou même
années) vous avez décidé de vous lancer. Parfait. Mais cette idée, belle et
simple comme un cristal au début, est rapidement devenue compliquée et un peu
difforme au fur et à mesure que vous cherchiez à la mettre en œuvre, non ?
Rien d’anormal. Mais il y a un gros écueil là-dessous à éviter : chercher
à atteindre la perfection initiale de votre vision pour mettre votre activité
en route. Je veux dire réellement en route : avec des partenaires, des
clients, et pourquoi pas du chiffre d’affaire.

Mes premières idées me semblent toujours parfaitement
claires et simples. Et pourtant, quand je les regarde quelques mois après, je
comprends qu’elles sont toujours bien trop compliquées. Ce qui est
extraordinaire, c’est que cela continue alors même que j’en suis conscient.
C’est fou, non ? Bref, j’ai arrêté de lutter. En revanche, j’ai appris à
les mettre en œuvre de manière dégradée certes, mais rapidement. Ce qui compte,
c’est de confronter ses idées à la réalité, aux autres.

Je vous donne un exemple concret : il y a 5 ans, j’ai
lancé un comparateur de crédit immobilier en ligne. Avec une grande idée :
un moteur de calcul innovant capable d’optimiser automatiquement le coût des
crédits en fonction du profil des demandeurs. Nous avons même reçu plusieurs
prix saluant cette innovation à l’époque. Mais les développements de cette
nouvelle technologie ont pris un temps énorme. Et pendant ce temps nous en
avons perdu beaucoup à attendre au lieu d’imaginer un premier service qui nous
aurait permis de nous familiariser mieux avec notre secteur et nos clients.
Voilà : attendre que tel ou tel élément soit parfaitement prêt est souvent
une erreur. Et c’est souvent le cas quand l’informatique s’en mêle.

A l’inverse, lorsqu’il y a un an, j’ai lancé mon activité
actuelle (j’ai arrêté de faire du crédit immobilier depuis) de comparaison de
mutuelles (www.mutuelle-zen.com et www.comparateur-de-mutuelle-sante.org),
j’ai fait l’inverse : nous avons créé un site tout simple mais proposant
une bonne expérience fonctionnelle à nos clients (notamment pour les
entrepreneurs avec un comparatif de mutuelle TNS
et pour les familles avec la mutuelle
familiale) en attendant de mettre en ligne dans les mois qui viennent un
comparateur plus complexe et (là encore) innovant. Résultat : nous avons
travaillé depuis un an d’arrache-pied sur plein de sujets
essentiels qui nous auraient échappés sinon : comprendre le marché de la
santé, nouer des relations avec des partenaires et des fournisseurs, inventer
une communication originale, avancer sur notre référencement et notre
notoriété.

Tous ces sujets prennent du temps et il faut les attaquer
sans tarder.

Vous avez de l’argent
pour lancer votre activité : vous avez de la chance, gardez-le !

Cette démarche de lancement sur tous les fronts permet
d’ajuster rapidement son idée à la réalité des besoins du marché. Elle est donc
essentielle. J’en viens maintenant au cœur de mon sujet : l’argent.

Lorsque vous démarrez votre activité, faites-le en dépassant
le moins possible. Surtout si vous avez de l’argent disponible, parce qu’alors
la tentation sera plus forte de le dépenser. Vous devez avoir un seul
objectif : être rentable. Je ne parle pas ici de maximiser votre
rentabilité, façon bienvenue sur la Bourse. Non, juste de générer assez de
chiffre d’affaire pour ne pas perdre d’argent, et accessoirement pouvoir en
vivre.

Le conseil paraît presque banal, mais il est redoutable dans
une phase de lancement. Pourquoi ? Parce que les activités qui se lancent
sont pour 90% d’entre-elles déficitaires. Mais si vous gardez cet objectif au
centre de vos préoccupations (ou en tout cas, juste derrière la belle idée
initiale qui vous anime), vous éviterez bien des déboires.

Ensuite, et ensuite seulement, vous pourrez aller chercher
des fonds si vous le souhaitez. C’est un avis un peu partial je le reconnais,
et qui va à l’encontre de plusieurs belles expériences de start-up qui ont
commencé par lever des fonds et sont devenues rentables 1 ou 2 an après, c’est
vrai. Mais ces réussites sont rares. Très rares. Cette méthode est destinée à
tous les autres.

Laissez un avis

Envie d'entreprendre
Logo
Lorsqu’activé, enregistrer les permaliens dans paramètres - permaliens