« Petite chronique boursière  » : Cent ans et la grande forme !

Vincent_colot Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

L’affaire a fait nettement moins de bruit qu’il y a un an lorsque Apple rattrapa Microsoft en valeur boursière. Pourtant, tout récemment, ce fut au tour d’IBM, qui vient de fêter ses 100 ans d’existence, de parvenir au même « exploit » éminemment symbolique et porteur de messages pour l’actionnaire.

Certes, Apple, déjà connu du grand public pour son iPod et son iPhone, bénéficia en 2010 du lancement très médiatisé de sa fameuse tablette iPad. Et la renommée de son patron, Steve Jobs, était alors à son paroxysme. Porté par des ventes et des bénéfices remarquables, le succès de la « firme à la pomme » reste sidérant : en 10 ans, malgré la crise financière, le cours de l’action a été multiplié par plus de … 30 !

A l’inverse, même si la marque IBM est également très connue mondialement, ils sont beaucoup moins nombreux ceux qui peuvent dresser un profil même approximatif des activités actuelles du géant américain. (Il réalise la majorité de son CA dans les serveurs, les logiciels et les services). D’ailleurs, on ne voit plus de PC IBM dans les magasins …(Cette activité a été vendue au chinois Lenovo fin 2004). Et son patron, comment s’appelle-t-il au juste ? (Sam Palmisano, en poste depuis 2002).

Apple et IBM ont pourtant des points communs. Qui s’en souvient ? Vers le milieu des années 90, ces deux groupes ont été à l’agonie. La faute à des erreurs de gestion et à la domination d’un certain … Microsoft. Puis tous les deux se sont refait une santé, en tirant parti de l’évolution technologique et d’abord du développement d’Internet. Dans le même temps, on a senti Microsoft, sans doute trop dominant dans son domaine (systèmes d’exploitation et logiciels bureautiques), mal à l’aise dans cet environnement nouveau où des Google, Facebook et autres Ebay ou Amazon ont aussi joué les premiers rôles.

Dans l’univers de la haute technologie, les fortunes peuvent se faire et se défaire rapidement. Les actuels déboires de Nokia, en transition technologique et récemment allié à un certain … Microsoft, en sont une autre illustration. Dans cette partie d’échecs aux règles mouvantes, il est difficile pour l’analyste de prévoir plus de deux coups à l’avance. Dès lors, sans trop présager de l’avenir, il paraît sage de se méfier de tout ce qui brille trop fortement suite à une croissance rapide (Apple) et de préférer un groupe qui a posé des fondations solides dans une perspective de long terme sans oublier ses actionnaires (dividendes et rachats d’actions). La concurrence – notamment avec le succès fulgurant de la plateforme d’applications Android de Google – promet également d’être plus féroce pour Apple que pour IBM. Prenons le pari : celui qui investit aujourd’hui en actions IBM sera davantage satisfait dans 10 ans que celui qui aura misé sur Apple. Quant à Microsoft, bien que l’action ne soit plus chère (dix années pendant lesquelles la croissance a été malgré tout au rendez-vous ont eu raison des excès de valorisation atteints lors de la bulle internet), je resterais méfiant : même si le groupe peut se réinventer comme l’ont fait par le passé Apple et IBM, le risque de déclassement technologique est trop grand.

Attention : cette chronique est purement comparative. Je ne vous engage nullement à acheter sans retenue des actions IBM. Car, malgré ce qu’on peut lire ici ou là, je ne crois pas que la Bourse américaine soit spécialement bon marché : l’économie mondiale recèle toujours d’immenses zones de fragilité et les actuels hauts niveaux de rentabilité des entreprises ne seront probablement pas durables. Mais si un avis de tempête devait être décrété sur la planète finance, alors laissez les vents souffler et, une fois l’accalmie de retour, intéressez-vous de près à ce centenaire bien gaillard !

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