« Petite chronique boursière » : Ces émotions qui nous gouvernent

Vincent_colot Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Une récente enquête, basée sur un
questionnaire administré à un échantillon représentatif de 1000 Canadiens âgés
de 18 ans et plus choisis au hasard (marge d’erreur de plus ou moins 3,1%, 19
fois sur 20), a conclu que les décisions des épargnants en matière
d’investissements étaient souvent influencées par les émotions.

Ainsi :

– Près de 60% des Canadiens ont
répondu avoir investi sur un coup de tête au moins une fois ;

– Les 2/3 ont expliqué ne pas
avoir contrôlé parfaitement leurs émotions au moment d’investir ;

– L’anticipation,
la confiance et la peur sont les émotions les plus intensément ressenties par
les Canadiens lorsqu’ils décident de leurs placements ;

– Seulement 16%
comprennent parfaitement les placements qu’ils détiennent dans leur
portefeuille ;

– 44% des
Canadiens affirment ne pas se sentir en confiance lorsqu’ils
investissent ;

– Seulement le
1/4 d’entre eux effectuent des recherches approfondies avant de prendre une
décision en matière de placement ;

– Plus du 1/3
(35%) ne connaissent pas bien les entreprises dans lesquelles ils ont investi ;

– Parmi les
principaux freins à l’investissement, épinglons la peur de perdre (79%), le sentiment
qu’il est trop compliqué d’investir (76%) et le fait de ne pas savoir vers qui
se tourner pour obtenir des conseils (64%).

Vous pensez qu’une bonne
partie de la population hexagonale pourrait également se retrouver dans ce
portrait de l’investisseur moyen canadien ? Oui, moi aussi. Je
soupçonnerais même les personnes sondées d’avoir enjolivé quelque peu la
réalité par leurs réponses …

Une chose me frappe dans
ces résultats : les investissements sont encore largement considérés comme
un sujet trop ésotérique ou technique pour que la majorité des gens s’y sentent
suffisamment à l’aise. Restent-ils pour autant à l’écart du sujet ?
Certains, oui, du moins en partie. D’autres, ne sachant trop vers qui se
tourner pour obtenir un conseil indépendant, peuvent être victimes de l’humeur
du moment, toute irrationnelle ou décalée qu’elle puisse être.

Bien sûr, l’être humain
est un animal à la fois de raison et d’émotion. Cette tension permanente entre
ces deux attributs fondamentaux en constitue même en bonne partie de la
complexité et donc de la richesse (et donc de l’intérêt). Or, dans le cas de
l’investissement (et sans doute des affaires d’argent, dans leur acception la
plus large), la raison cède régulièrement le pas à l’émotion, voire à la
pulsion (de vie ou de mort). Suffirait-il de donner du grain à moudre à la
raison pour que l’équilibre soit rétabli ? En d’autres termes, ne
serait-il pas utile de « démocratiser » (par exemple, dans le cadre
du cursus scolaire) la connaissance financière pour rendre les citoyens
davantage raisonnables et responsables de leurs choix ? J’aimerais
réellement le penser mais je n’en suis pas certain. Peur et cupidité sont deux
leviers trop puissants que pour être facilement contrebalancés par une
quelconque formation. Le malaise face à la chose financière, qui peut susciter
une certaine prudence, parfois de bon aloi, pourrait même se transformer en
excès de confiance par une formation nécessairement parcellaire, ce qui peut
engendrer des erreurs encore plus graves. C’est d’ailleurs ce qui arrive
régulièrement à de nombreux professionnels de la finance pourtant dotés d’un
cerveau parfaitement formé dans les plus prestigieuses écoles supérieures.

Alors que faire ?

La marche à suivre ne
fait guère de doute dans mon esprit.

S’exposer aux erreurs et
apprendre de ses erreurs. En profiter pour affiner la connaissance de son
profil de tolérance au risque. Faire preuve de discipline et d’opportunisme.

Patience et persévérance
sont les deux maîtres mots pour espérer maîtriser un jour vos émotions. Alors,
ne perdez pas trop de temps avant de vous y mettre.           

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