Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
Les débuts d’année sont propices, comme chacun le sait, à toutes les bonnes résolutions.
« Cette année, je vais investir, à savoir tenter de faire fructifier mes économies à des conditions plus avantageuses que sur un quelconque compte d’épargne ».
Super ! Mais comment mettre bon ordre dans les décisions à prendre ?
1. La qualité du sommeil
Une des premières décisions à prendre concerne la qualité de votre sommeil. Quelle est votre tolérance au risque ? Etes-vous prêt à investir une grande part de votre épargne ? Ou seulement une partie, avec la garantie que le reste ne quittera pas votre compte bancaire ? Ce n’est pas sans importance pour déterminer le type d’investisseur que vous serez. Prenons un exemple (par simplification, je laisse de côté les questions fiscales). Vous disposez d’une épargne de 200.000 EUR. Vous ambitionnez, si possible sans entamer votre capital, d’acheter dans un an une petite voiture à votre fille, d’une valeur de 10.000 EUR (la voiture, pas votre fille, je ne me permettrais pas). Si vous vous sentez d’attaque pour investir l’intégralité de vos 200.000 EUR, alors vous n’aurez besoin que d’un rendement de 5% (10.000 = 5% de 200.000) pour parvenir à vos fins. Une sicav dite mixte, càd équilibrée entre actions et obligations internationales, pourrait suffire ; mais, en cas de fortes perturbations financières, vous pourriez finir dans un an avec une perte nette sur votre capital de départ. Imaginons à présent que vous ne désirez « jouer » que le quart de votre avoir, à savoir 50.000 EUR. Il va de soi alors que pour réaliser le même projet (la tuture pour fifille), il vous faudra, en supposant que les 150.000 premiers EUR laissés intacts ne donnent pas d’intérêts, obtenir un rendement de … 20% (10.000 = 20% de 50.000). Une telle performance ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Il faudra cravacher ferme avec ici aussi un risque de perte, mais cette fois limité sur vos 50.000 EUR.
2. La ligne de vie
Dites 33 … 33 … Bon, vous êtes en grande forme ! Vous nous enterrerez tous … L’âge est un facteur trop souvent négligé et dont il est pourtant primordial de tenir compte. Vous avez 25 ans ? Vous n’avez probablement pas d’argent à investir pour l’instant : emmenez votre femme en voyage, achetez des chiens ou une maison, … La belle quarantaine ? D’après un article paru dernièrement dans le très sérieux « The Economist », tout homme renaît littéralement à la vie vers 46 ans. Plus stable, plus serein, plus désireux de profiter sans se prendre la tête. Il est aussi souvent plus à l’aise financièrement. C’est une bonne période pour se mettre à investir dans l’objectif de ses vieux jours. 60 ans ? Il est temps de vous dégager progressivement des placements en actions et de renforcer le poste obligataire. En effet, si vous devez subir, dans la soixantaine, un lourd décrochage boursier (-30 ou -40% , par exemple), vous pourriez vous en mordre les doigts.
3. L’implication personnelle
Celui qui veut prendre son sort d’investisseur en main doit savoir à quoi s’attendre. Les longues heures passées devant un écran d’ordinateur ou plongé dans les journaux économiques ont un coût d’opportunité : c’est autant de bons moments en moins avec votre famille ou en compagnie des petits oiseaux. Et, dans bien des cas, il se pourrait que le résultat ne soit pas à la hauteur de votre ambition. Ce qui laisse alors une double amertume. Pour être un bon investisseur, vous devez avoir des qualités humaines (notamment la résistance au stress et, plus généralement, à toutes émotions fortes) et intellectuelles (ben oui, un peu, tout de même). Mon conseil ? Même si vous n’avez pas encore d’argent à investir, intéressez-vous déjà la Bourse ; faites vos expériences avec un portefeuille virtuel ; trouvez la voie qui vous convient, celle où vous vous sentirez le plus à l’aise. Et si vous ne mordez pas à l’hameçon, qu’à cela ne tienne : optez pour des fonds de placement.
Vous y voyez un peu plus clair ?
Tant mieux ! N’oubliez pas pour autant le bon sens paysan : la meillere façon pour devenir riche, ce n’est pas d’investir, c’est d’épargner.