Par Patrice Cassard (contributeur) – Fondateur du site Archiduchesse
Quand j’étais petit (dans les années 70/80), j’étais très proche de mes grand-parents paternels. Je les adorais et ils me le rendaient en retour au centuple. C’était des gens très simples et gentils dans le bon sens du terme. Mon grand père avait construit leur maison de ses propres mains (c’était – initialement – son métier). Et ma grand mère, faisait la cuisine (au beurre ++) en nous demandant sans arrêt quand on reviendrait, alors qu’on était en fait, à peine arrivés …
Le bonheur chez Papy & Mamy, à un détail près: le pain.
Chaque matin, je me souviens qu’un boulanger (gros comme un ogre) passait dans sa 2CV camionnette devant la maison en klaxonnant. Et chaque matin, il mettait un pain tout frais au dessus de la boite au lettre. J’imagine que c’était une sorte d’abonnement, et que ma grand-mère devait le payer en fin de mois.
Ce pain tout frais, arrivait chaque midi jusqu’à la table de la cuisine, et au moment de passer à table une étrange obligation familiale nous obligeait à manger les restes de celui de la veille (fatalement un peu rassis) avant de pouvoir entamer le « nouveau ».
Bon … Pour la faire courte et parce que vous l’avez sans doute compris, en gros, mes grand-parents ont mangés du pain rassis (volontairement) pendant toute leur vie, dans le but avoué de faire des économies. Pour le prix d’un pain (mettons toutes les semaines pour être large) ils auraient pu en manger du frais tous les jours, mais non … Quand j’étais petit ça ne me choquait pas, je me pliait au « dogme familial » concernant le pain sec ou mou selon la saison, c’est en grandissant (et à leur mort) que ça m’a interpellé.
J’ai tiré plusieurs enseignements formateurs de cette anecdote (que j’ai sans doute inconsciement utilisés par la suite, et j’en remercie mes grands-parents préférés).
- Ne t’abonnes surtout à rien … (et ne vis pas à crédit).
- Ne perds pas ton temps à faire des économies pour devenir riche.
- Mais utilise le à développer les capacités qui te permettront de pouvoir manger du pain frais … à ta guise.
- Et un peu plus tard, finalement, je me suis aperçu qu’en fait mes grand-parents étaient (vraiment) riches, de tout autre chose …