Par Yann Rousselot-Pailley (chroniqueur exclusif) – Present Profit Solutions
Le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada ont mis en place pléthore d’organismes pour aider entrepreneurs et entreprises à choisir notre pays pour y prospérer. Et ils ne datent pas d’hier !
C’est que si vous désirez installer votre entreprise au Canada, sachez que votre démarche s’inscrit dans la grande tradition nord-américaine de l’immigrant qui vient pour bâtir sur ce territoire tout neuf. Il n’est donc pas étonnant de voir régulièrement des programmes d’incitation et des campagnes d’information pour encourager et faciliter les investissements étrangers. Le Québec est un modèle en la matière dans la fédération.
Récemment, avec son Plan Nord, c’est un appel mondial que le gouvernement a lancé à tout ceux qui veulent exploiter le potentiel minier au nord du 49e parallèle.
Le privé est lui aussi très actif, avec des consultants en ressources humaines, en financement, en droit des affaires, en logistique, en marketing, en immobilier (et j’en passe) qui sont prêt à partager (enfin… à vendre 😉 ) leur savoir-faire pour faciliter la pénétration du marché. Des associations communautaires, des chambres de commerce, des organismes para-gouvernementaux sont là, prêt à tout mettre en oeuvre pour faciliter vos démarches. Bref, il y a du monde pour vous aider !
Trop de monde ? Évitez les tous ! C’est plus sûr pour… se planter !
Si vous tentez tout de même l’expérience et que vous débutez avec les organismes publics, préparez-vous à vivre un véritable choc culturel : vous allez voir des fonctionnaires travailler main dans la main avec des experts du privé. Ils vont même vous fournir des occasions d’affaire, vous proposer de rencontrer des partenaires potentiels et vont simplifier vos démarches d’immigration. Les professionnels du privé seront tout aussi empressés de vous aider. Bien sûr, dans leur cas, la prestation sera payante, mais ils effectueront pour vous les tâches que vous ne voulez ou ne pouvez pas faire pour assurer le succès de votre entreprise. Heureusement, avec autant de considération et d’attention, vous allez vous sentir important et vous pourrez vous comporter en "mufle" ou en "maudit français' ce qui aura tôt fait de gâcher les quelques chances que vous aviez de faire bonne impression. Nous y reviendrons !
Ignorez surtout les solutions locales pour financer l’installation de votre entreprise qu’elles soient publiques (crédits d’impôt, aides financières gouvernementales, fonds communs, programme d’aide etc.) ou privées (prêt bancaires, marges de crédit, financement intérimaire, investissement d’anges financiers et de capitaux-risqueurs). Ces institutions pourraient risquer de compromettre lourdement vos chances de tout faire rater ! Vous direz à tous ceux qui veulent bien l’entendre que c’est à cause des lourdes procédures, de l’endettement, ou des comptes à rendre aux investisseurs que vous avez pris la décision de ne pas recourir à ces moyens pourtant accessibles.
Mais la vraie raison, c’est que ce faisant vous risqueriez d’entrer en contact avec des personnes particulièrement bien connectées au milieu des affaires. Des personnes qui voient passer des centaines de projets locaux dont plusieurs échouent. Les individus qui évalueront votre demande de subvention, votre demande prêt, ou votre plan d’affaire, sont capables de déceler rapidement toutes les faiblesses qui conduiront votre entreprise à sa perte ici, au Canada. Résultat ? Vous pourriez éviter ces pièges ! Imaginez qu’un investisseur veuille siéger au conseil d'administration de votre entreprise, et qu’il commence à vous suggérer des pratiques plus adaptées au marché québécois. Ou encore imaginez qu’un banquier local vous suggère de ne pas utiliser vos fonds propres pour certaines opérations mais de les faire financer pour dégager vos liquidités pour une campagne de publicité plus adapté à la clientèle canadienne.
Évitez tous ces pièges ; ce serait mettre beaucoup trop de chances de votre côté. De toutes façon, vous ne voulez pas faire de l’argent ! Vous voulez garder le contrôle… comme le capitaine du navire qui coule !