Création d’entreprise, ou comment j’ai monté mon e-commerce…

Le_rouzic_mathilde
Par Mathilde Le Rouzic (contributeur) – Entrepreneuse

Suite à la Petite histoire de Bagatelles en 4 volets, j’ai reçu des mails de certains d’entre vous qui me posaient des questions concrètes et regrettaient de ne pas avoir une version synthétique de mon parcours de créatrice d’entreprise. Voici un petit récapitulatif des différentes choses que je conseillerais de faire ou de ne pas faire, en espérant que cela puisse guider ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure…

L’idée

Concernant le fait d’avoir une idée, rien ne sert d’attendre l’idée
de votre vie. Rien ne sert non plus de se triturer les méninges pendant
des mois pour affiner l’idée. J’ai eu l’idée de vendre des cadeaux
sympas sur le web en reprenant le modèle économique des e-fleuristes.
Il n’y a rien de novateur là dedans. Ce qui fait la différence, c’est
sans doute que dans le site et les produits Bagatelles, il y a beaucoup
de moi. Ce "beaucoup de moi" est un parti pris : il est beaucoup plus
facile de vendre des produits qu’on aime, on hésite moins à y laisser
ses soirées et week-ends.

La phase préparatoire

Ce n’est pas parce que je viens de dire de ne pas se triturer les
méninges à propos de l’idée qu’il ne faut pas penser mûrement son
projet. Comme on a souvent une vie bien établie, éventuellement une
famille, un crédit pour la bagnole, l’appart et que sais-je encore sur
le dos, il s’agit de ne pas se planter dès les 6 premiers mois
d’activité…D’où l’intérêt de faire ce truc barbare qu’est un business
plan. C’est le sésame qui vous permet d’obtenir d’éventuels
financements tout en limitant les risques de vous surendetter à vie.

Le business plan de Bagatelles a porté sur :

  • Une analyse du marché (concurrents directs, indirects : CA,
    panier moyen, points forts et points faibles, actions commerciales…).
    C’est long et rébarbatif, je l’admet mais c’est au cours de cette étape
    que s’est affinée l’idée.
  • Une description du
    produit envisagé : c’est là que j’ai décidé de créer mes propres
    produits, que j’ai déterminé les marges sur les produits
  • La
    stratégie commerciale et les moyens mis en oeuvre : c’est la partie à
    laquelle j’avais apporté le moins de temps et j’ai eu tort car cela a
    retardé la croissance de Bagatelles. J’aurais dû mieux anticiper les
    coûts publicitaires et prévoir un plan presse plus solide.
  • Le
    choix du statut : pour Bagatelles une SARL qui protège bien le créateur
    d’entreprise tout en ayant un formalisme limité (pas de commissaire aux
    comptes par ex.)
  • Un dossier financier : plan de
    financement, compte de résultat, calcul du besoin en fonds de roulement
    (BFR), plan de trésorerie – j’avoue, c’est sur ce dossier que j’ai
    passé le plus de temps car je n’avais aucune notion de gestion, il a
    donc fallu que je suive une formation en création d’entreprise. C’est
    ce dossier qui m’a permis d’obtenir un accord rapide de financement par
    une banque. Cest également ce dossier qui m’a décidée à me lancer dans
    l’aventure (je suis d’un naturel plutôt pessimiste et…ça paraissait
    totalement viable).

Maintenant, si je vous conseille de faire un business plan, je vous
déconseille d’y passer des mois. C’est une perte de temps car il
apporte seulement une vision prospective, c’est un outil censé vous
aider. Il ne préfigure pas ce que sera exactement
votre activité. Il ne faut donc pas déprimer si le CA des premiers mois
d’activité de votre entreprise ne correspond pas à celui prévu dans
votre plan de financement : ça n’est jamais le cas (ou alors vous êtes
très fort).

Les aides financières

Au niveau des aides à la création d’entreprise, j’ai perdu beaucoup
de temps pour pas grand chose…mais, comme dirait ma grand-tante, un
sou c’est un sou.

  • ACCRE : C’est long à préparer, c’est contraignant au niveau
    de la mise en place. Il faut théoriquement envoyer le dossier à la
    DDETF avant le début de l’activité mais après avoir fait la demande
    d’immatriculation au greffe du tribunal de commerce. Un dossier et un
    entretien plus tard, j’ai obtenu cette aide qui représente une économie
    d’environ 1500 à 2000 € sur la première année. Il est indispensable de
    demander cette aide si on est chômeur et qu’on veut continuer à
    percevoir une allocation ASSEDIC.
  • PCE : le prêt à
    la création d’entreprise. C’est un prêt à taux réduit sans caution du
    créateur. Votre banque s’en occupe mais il faut le demander si on ne
    vous le propose pas (ou changer de banque). Ma banquière me l’avait
    proposé…
  • Aide spécifique aux femmes entrepreneuses :
    j’avais fait une demande et j’ai laissé tomber parce que trop
    chronophage pour pas grand chose
  • Formation en création
    d’entreprise : je suis passée par la CCI de Versailles qui s’est
    occupée de la demande auprès du programme "Cap Entreprise" Région Ile
    de France. Rapide et efficace. Je vous le conseille.
  • ASSEDIC
    : j’étais chômeuse et j’ai bénéficié sur les premiers mois d’activité
    du maintien de mes indemnités. Essentiel et salvateur.

Le soutien Moral

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, personne ne va vous la
piquer votre idée – parce que c’est la vôtre et que vous seul savez où
vous allez. Il faut donc parler de son projet pour voir quel écho il
rencontre, pour préparer votre entourage (enfants, conjoints doivent
savoir que vous serez moins disponibles voire pas disponibles du tout
la première année). Tout le monde aura son mot à dire et vous ferez le
tri vous même dans les bons et mauvais conseils. Il est nécessaire
d’anticiper également sur la relation avec les personnes qui
travailleront avec et pour vous.

A titre d’exemple, mes premiers contacts avec Xavier (webmaster) et
Pierre-Alexandre (photographe) ont commencé par "je te préviens, je
suis une cliente chiante…". Le ton était posé, ce qui nous a permis
je pense de travailler avec un certain niveau d’exigence sans nous
empêcher de développer parallèlement des relations d’amitié.

Argent et prise de risque

Un projet d’e-commerce comprend deux éléments quasi indissociables : il
faut un peu d’argent, on ne part pas avec une SARL à 1 Euro, et sur cet
argent, on prend un risque. Ce risque est un facteur de stress, OK,
mais c’est justement l� que se trouve le moteur de votre aventure.
Ensuite le vrai risque n’est pas vraiment là (pour moi). Si je fais un
calcul, voici ce que je risque : 8000 € appartenant à mes parents
(c’est vrai ce serait con de ne plus se parler à cause d’argent), 4000
€ à moi (ça, c’est pas grave), 6000 € empruntés à la Banque Populaire
(je suis caution personnelle). Bon au total, ça fait 18000 euros, si
jamais je me plante je ne mettrais pas 20 ans à rembourser.

Deux cas où il faudrait réfléchir au risque (sinon, il faut foncer) :

  • On vous propose d’hypothéquer votre appart : moi je le ferais pas
  • On
    vous propose de "réduire" le risque en prenant plein d’assurances, en
    déposant des brevets, des enveloppes Soleau et autres : je trouve que
    c’est une perte de temps (vous avez plein d’autres choses à faire, dont
    commencer par gagner de l’argent)

Pertes de démarrage et autres petites erreurs

Ben oui, j’en ai fait des erreurs au début. Et j’ai perdu de l’argent
(investi à tort). Faut pas se démoraliser, ça arrive à tout le monde.

Stratégie et objectifs

Histoire de ne pas avancer sans filet, je me fixe des objectifs de
visites et de ventes. Ce qui m’oblige à savoir combien Bagatelles
dépense et combien Bagatelles gagne en temps réél. Il y a eu un mois
cette année où je me suis laissée aller à ne pas trop suivre parce que
j’étais fatiguée, démoralisée, etc. J’ai mis deux mois à rattraper ce
manque de rigueur. Et ça m’a encore plus démoralisée…

Garder le moral

Et oui, c’est bête mais on avance mieux quand on est enthousiaste…

Exploiter ses amis, parents, etc.

Il y a un moment où on sent qu’on ne suffit plus pour faire avancer la
barque. Avant de me lancer dans un recrutement intempestif, j’avoue que
j’ai sollicité l’aide de pas mal de personnes autour de moi. Tous ceux
qui croyaient au projet en fait : ma mère a cousu des centaines de
sachets en toile que mon père a retournés et repassés, Amandine a
rempli autant de tubes à essai, Patrick et moi avons passé plusieurs
soirées à faire de l’assemblage de produits, Marlène m’a aidée à penser
certains emballages cadeau, Hadrien a traqué les coquilles et autres
bugs sur le site…Sans parler de tous les autres qui ont apporté
chacun une pierre à l’édifice : Leslie Buisson a fait la plaquette de
Bagatelles, Carola a intercédé auprès de sa boite pour les cadeaux de
Noël, certains m’ont filé des contacts à démarcher… Tout mon
entourage a participé activement à l’aventure et seule je n’aurais pas
parcouru tout ce chemin.

En conclusion…

Il ne faut pas avoir peur de se lancer mais il faut préparer son
projet et savoir s’entourer. Il faut avoir les nerfs solides (il y a
des hauts très hauts et des bas très bas). Il faut y croire et se fier
à ses intuitions sans faire preuve de rigidité. Il n’est absolument pas
interdit de changer d’axe et de stratégie (sauf si vous avez un conseil
d’administration sur le dos bien sûr).

Si vous souhaitez plus d’infos, je vous invite �  :
– fréquenter le site de l’APCE
– Lire cette note de Patrice sur lafraise.com
– Lire cette note de Loic le Meur
– Prendre contact avec la Chambre de Commerce et d’Industrie dont vous dépendez
– Me contacter par mail : mathilde(at)bagatelles.fr

Laissez un avis

Envie d'entreprendre
Logo
Lorsqu’activé, enregistrer les permaliens dans paramètres - permaliens