Par Jean-Luc Watine (chroniqueur exclusif) – Spécialiste dans l'optimisation du statut du dirigeant
L'esprit d'innovation est la clé du succès et de la croissance pour votre entreprise. Contrairement aux idées reçues, il est possible de capter de nouvelles idées concernant tous les secteurs d’activité et à toutes époques, à condition d’appliquer une méthode précise et avec patience.
Le temps est, tout d’abord, une variable importante qui se place bien avant vos propres talents, les opportunités commerciales ou technologiques, la finance ou la levée de fonds réussie ou non : quinze ansont été nécessaires pourinventerla souris de votre ordinateur ! La vraie question à se poser en matière d’innovation n’est donc pas « Quoi ?» mais « Quand ? ».
Les techniques de management de l’innovation sont au nombre de cinq :
1/ – L’open innovation a été inventée par Henry Chesbrough aux Etats-Unis : celui-ci a observé comment des opérateurs télécoms ou des entreprises emblématiques comme HP, Xerox ou Lucent ont apporté des innovations très réactives, via une collaboration étroite entre quelques start-ups et de grands laboratoires de recherche intégrée. Les grands groupes innovent en liaison avec des partenaires tels que les universités, les start-ups et les clients, ce que l’on appelle maintenant leur écosystème.
2 /- L’innovation ascendante accélère la mise sur le marché des nouveaux produits, par l’utilisation des outils numériques : visualisation 3D à distance et de nouvelles méthodes de marketing, telle que la perception des valeurs d’usage par l’utilisateur final. Par exemple, Lafarge prend en compte non seulement les besoins de ses clients traditionnels : maçons et plâtriers professionnels, mais aussi ceux des particuliers qui utiliseront ces matériaux en deuxième œuvre.
3/ – La cross-fertilisation : de nouvelles chaînes de valeur sont à exploiter en dehors de votre champ habituel d’activité. Ainsi, une start-up basée à Toulouse développera des innovations liées à l’aéronautique. La cross-fertilisation permettra de trouver des applications pour d’autres secteurs, comme la santé. A Lille, certaines technologies du textile peuvent être transposées à l’automobile, au pétrole ou à l’espace.
4/ – La co-construction consiste à consacrer une part de votre budget recherche à des expérimentations avec des partenaires industriels avec qui partager le risque dans des domaines externes à votre cœur de métier : mobile, assurance, crédit, voyages, par exemple.
5/ – L’innovation de rupture consiste dans la remise en question de votre propre business model : il s’agit d’explorer de nouveaux marchés et de créer de nouveaux produits. Innover, c’est aussi repenser l’organisation de l’entreprise, pour qu’elle soit plus souple, plus réactive afin de coller aux attentes du marché. Les nouvelles technologies doivent, bien entendu, être prises en compte pour définir les nouveaux contours des métiers en évolution.
De façon générale, le vrai sésame efficace n’est pas d’être un brillant ingénieur ou un expert pointu du marketing mais d’être créatif, savoir oser, avoir de l’audace, car l’audace sourit aussi aux audacieux en matière d’innovation. Un dernier point important est d’apprendre à accepter le risque, sans freins ni blocages psychologiques, l’assumer pleinement pour valoriser les succès comme les échecs, avec le droit reconnu à l’erreur.
L'innovation doit donc être mise en avant de manière positive : il s’agit d’oublier que cela ne marchera pas de prime abord, la création ne doit pas faire peur et doit être présentée avec une rhétorique douce basée sur trois concepts : rêver, expliquer et rassurer. La patience sans révolution ni stress bloquant.