Différence entre le financement US et le financement made in france

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Par Jean-Philippe Martinez  (contributeur) – Consultant INTERFACES, Directeur Pépinière d’Entreprises Eole (Narbonne), Directeur de la Pépinière d’Entreprises le Trident (Corbeil-Essonnes) et Supervision de l’Incubateur d’entreprises Franco-Allemande Eurodev Center (Forbach)

Si l’on devait de manière assez synthétique et rapide comparer le financement de la création d’entreprises en France et celui des USA et plus particulièrement de la Silicon Vallée on pourrait indiquer:

– Aux USA il existe des dizaines d’investisseurs clés, en tant que
tel obtenir l’aval de l’un d’entre eux entraîne presque automatiquement
l’accord d’autres confrères VC.

– La silicon Vallée propose des ressources (techniques, logistiques,
humaines ) importantes et complémentaires pour accompagner la création
de start-up.

– La puissance de feu des sociétés de capital investissement est
collossale avec la possibilité de mobiliser des dizaines de millions de
dollars.

– Les investisseurs financiers au-delà de l’argent apportent véritablement :

  • des conseils en stratégie et organisation de la filière
  • des solutions pour aider l’entreprise à produire (mise en relation
    avec des sous-traitants, aide directe au recrutement…) et à vendre
    (mise en relation avec des clients) tout cela grâce à un carnet
    d’adresses qui à lui seul peut justifier leur entrée.
    En France si
    les sociétés de capital investissement offrent les mêmes promesses, la
    réalité quant à elle me semble nettement plus éloignée.

Par exemple Jeff Clavier (un des plus important VC) dispose d’un relationnel très poussé avec des entreprises comme Microsoft, Yahoo, Google….Avoir Jeff Clavier
au capital de sa société assurément cela vous ouvre des portes…peu de
chance que vous connaissiez le barrage de la secrétaire si vous
souhaitez contacter les grands groupes cités.

– Des universités qui forment des salariés en prise directe avec les métiers et compétences recherchés

– Des groupes internationaux et des entreprises leader dans le
secteur sont à proximité, ce qui favorise le business inter-entreprises.

– Des investisseurs financiers qui ont choisi délibérément d’investir dans la phase d’amorçage (early stage)

Alors il peut être tentant pour un créateur français d’aller chercher de l’argent auprès de fonds américains surtout
si l’on adhère au regard plutôt critique que porte le rédacteur de Techcrunch.fr et directeur général du fonds israélien Lightspeed Gemini Internet Lab, Ouriel Ohayon.

Ce dernier indique que « Vu d’Israël, des Etats-Unis, ou de la Corée
du Sud, les investisseurs français restent frileux. »
Les levées hexagonales oscillent, en moyenne, entre 1 et 5 millions
d’euros, alors qu’elles dépassent souvent les 10 millions de dollars
outre-Atlantique. « En France, on réplique beaucoup ce qui a été fait
ailleurs. » Et quand les sociétés innovent, comme Netvibes ou Wikio, elles sollicitent des fonds étrangers. Les réussites françaises devien­nent vite des proies faciles, à l’instar d’iBazar et de Kelkoo.

Alors tenté par une levée de fonds en terre américaine… pas facile
car même si votre marché est par nature mondial il vous sera très
difficile de motiver des investisseurs américains car:

  • en early stage (amorçage) ce qui importe c’est l’apport de
    compétence que les capitaux risqueurs vont pouvoir vous transmettre. Or
    si votre entreprise n’est pas à proximité du siège social du VC, ou de
    son lieu de résidence cet échange d’expérience ne sera pas efficace et
    pérenne.
    Jeff clavier investit dans des entreprises qui sont en général à 50 Km autour du siège de sa société de capital risque.
  • si votre société est basée en France cela veut dire probablement
    que la première phase de développement est franco-française voire
    européenne. Là encore on investit sur les marchés que l’on connaît bien.
    Tout
    VC pour étudier un projet se met à la place du client pour évaluer si
    en tant que tel il serait intéressé. Il est facile pour un américain de
    se mettre à la place d’un américain désirant acheter un nouveau 4*4
    révolutionnaire, moins évident de se mettre à la place d’un français
    qui voudrait acheter la dernière nouvelle boisson dérivée du
    vin….Ainsi les barrières culturelles, les moeurs peuvent constituer
    un frein à la bonne compréhension d’un projet.

Au total selon Jeff Clavier
sur les 20 entrepreneurs français qui le contactent chaque année pour
tenter leur chance presqu’aucun n’arrive à lever des fonds made US.

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