Entreprendre : Oui, Mais Plutôt Jeune qu’Agé !

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Par Michel de Guilhermier (contributeur) – Entrepreneur

Je dinais hier soir avec un ami de longue date, au brillant parcours professionnel,
Grande Ecole, prestigieux MBA américain, conseil en stratégie, puis
blue chips de la Grande Conso à l'international et en France.

A la quarantaine, une envie de devenir entrepreneur, il rachète une société via un LBO.

Bien
évidemment, c'est dur : ça l'est actuellement pour tout le monde, mais
dans un contexte de LBO où il y a une dette fixe à rembourser, c'est
encore moins simple.

Quelques quotes : "je n'imaginais pas à quel point ce serait dur", "je ne débranche jamais". Et une autre sur laquelle je voudrais revenir : "j'aurais peut-être du faire ça bien avant".

Je pense en effet que 20 ans en tant que cadre manager au sein de grandes sociétés ne préparent pas à la vie d'entrepreneur, où le quotidien c'est une implication totale et de prendre des coups en direct.

Des
coups, on peut bien sûr aussi les prendre dans une organisation, on
peut ne pas avoir la promotion qu'on veut, on peut avoir des
remontrances, on peut au pire se fait licencier, mais c'est in fine
moins grave, rien de dramatique la plupart du temps.
Et dans la cadre d'un licenciement, le package de départ est parfois
une très bonne affaire, et il y a aussi les ASSEDIC derrière.

En
tant qu'entrepreneur, c'est le patrimoine personnel qui est en jeu (et
souvent en très grande partie), bien souvent il n'y a aucun parachute
financier (pas d'ASSEDIC) et, surtout, il y a le poids psychologique de la perspective de l'échec, qu'on ne peut prendre qu'à titre très personnel. Le "ils m'ont licencié" n'a pas autant d'impact et d'importance à titre personnel que le "j'ai du me mettre en dépôt de bilan", "j'ai échoué", etc.

Il me semble évident que plus on passe du temps dans le confort (parfois relatif) d'une grande organisation, moins on est psychologiquement paré à encaisser les coups
qu'on reçoit tous les jours en tant qu'entrepreneur. In fine, c'est
vraiment du ressort du psychologique, les coups ne sont pas important
en eux-mêmes, c'est comment on les encaisse qui compte.

Par ailleurs, les grandes sociétés ont souvent des modèles bien rodés,
on demande au manager avant tout… de savoir bien manager, gérer le
personnel, couper éventuellement les coûts, pas forcément d'être hyper
flexible, à l'affût de tout, se remettre tous les matins en question et
prêt à devoir repositionner une société.

Et de fait, il vaut mieux se préparer et s'habituer à tout cela jeune plutôt qu'à 45 ans et 20 ans de confort et certitudes "corporate", et des salaires à 5 chiffres…

Pour ma part, après 9 ans de bons et loyaux services chez les autres (Bain &Co, Dole Food et PepsiCo), en 1995, à 33 ans,
j'ai passé le pas en rachetant ma 1ère société (Provifruits, réseau de
40 magasins environ), et je ne regrette pas. Ca m'a endurci assez jeune
!

A la création de Burlington en 1998, mon cabinet de conseil
stratégique en LBO, j'ai du en partant de 0 prendre mon bâton de
pélerin et convaincre les fonds de me faire confiance, ce qui n'était
pas évident du tout au départ, j'avais l'énergie et la tenacité pour semer et attendre patiemment.
En 1999, après une année 1998 difficile et des vaches maigres,
Burlington était leader sur son marché avec de prestigieux clients dans
le monde du Private Equity parisien.

Puis Photoways – en
parallèle à partir de 1999 – qui ne fut pas un long fleuve tranquille,
et même extrêmement dur fin 2000 et début 2001, quand le spectre du
dépôt de bilan me guettait en permanence, je savais encaisser, faire des sacrifices, rester serein et garder le cap dans l'adversité.
Dés 2003 nous devenions leader du marché, réalisant bien plus de CA que
des concurrents qui étaient bien devant 1 ou 2 ans auparavant
(Photoreflex, Pixum, etc).

HEC Entrepreneurs est
d'ailleurs une excellente préparation, car au delà des outils
techniques de l'entrepreneur, elle met l'accent sur les aspects
psychologiques. Robert Papin, qui a tant fait pour HEC Entrepreneurs, était d'ailleurs un véritable maître en la matière. Il avait l'habitude de dire "prenez des baffes durant votre année ici, ca vous habituera".

Alors, jeunes amis, actuellement ce n'est pas facile, l'économie est en contraction, mais c'est bien maintenant qu'il faut se lancer si vous vous sentez une âme d'entrepreneur et en avez aussi les qualités psychologiques (et un peu techniques quand même aussi) !

En vrac, capacité à encaisser, à rebondir, énergie positive, tenacité, abnégation, sens du sacrifice…

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