Par Nicolas Thébault (chroniqueur exclusif) – Expert des réseaux professionnels
Vous êtes vous déjà demandé comment les jeunes en recherche d’emploi ou de contrat d’apprentissage sont est reçus dans vos entreprises ?
Quelques interlocuteurs se mettent à la place du jeune et l’encouragent, ne serait ce que par un sourire, un mot bienveillant, des indications utiles pour lui. Ils savent la difficulté à trouver ce type de contrat d’apprentissage et pour nos jeunes en général de trouver leur place dans la société. Ils ont conscience qu’une civilisation évoluée se mesure aussi à sa façon d’intégrer sa jeunesse. Sur ce plan la révolution gronde en Espagne, elle est à nos portes et il est juste de s’indigner. Exemple :
Voici mon témoignage de père et professionnel du recrutement, accompagnant mon fils mineur dans cette démarche. Si nous ne pouvons rien contre les attitudes destructrices trop fréquentes, il est au moins possible de les combattre. Trop souvent elles foulent au pied les valeurs minimales d’accueil et de courtoisie en entreprise dues à nos jeunes.
Evitons ensemble que le mépris des hommes s’ajoute à la dureté des temps
« Nous demandons à parler à Caroline. C’est ainsi que ses collègues hier nous ont désigné la responsable du secteur beaux arts, dans cette grande librairie, en nous conseillant de revenir avec un CV et une lettre de motivation. « Oui elle doit prendre un contrat d’apprentissage pour l’an prochain, non elle n’a pas encore décidé et elle sera là demain» nous avait on aimablement dit la veille. Après un peu d’attente, plusieurs personnes, comme les ouvrières d’une ruche, nous confirment l’arrivée imminente de leur Reine.
La fameuse responsable sort de son arrière boutique. Elle nous donne d’emblée l’impression, par sa gestuelle, d’être sur la défensive. Comme un animal sauvage surpris et prêt à mordre, elle nous aborde physiquement de travers. La reine Caroline avance vers nous en crabe, tête baissée, avec un rictus de dégoût aux lèvres, et un air qui ne présage rien de bon. Nous nous sentons mal à l’aise, comme fautifs, coupables d’un crime de lèse majesté. Qu’avons-nous donc fait là !
– Qui vous a donné mon prénom ?
– Vos collègues hier, nous n’avions pas votre nom de famille
– C’est dommage …
– Nous avons compris que vous n’avez pas encore pris de décision pour un contrat d’apprentissage l’an prochain et sommes venus vous apporter CV et lettre de motivation
– Il me semble que je n’avais pas rendez-vous
– En effet, nous avons simplement demandé s’il était possible de vous remettre en main propre aujourd’hui ces documents, comme on nous l’a conseillé hier
– …
– Confirmez vous n’avoir que le poste soit toujours ouvert ?
– Les places sont chères !
Elle a déjà tourné les talons, sans un regard pour le jeune que j’accompagne. Nous n’aurons pas l’occasion de lui demander quand ni comment elle prend sa décision, sur quels critères, ni ajouter quoi que ce soit pour défendre cette candidature. Nous repartons un peu sonnés, je rassure mon fiston en évoquant les nombreuses autres façons positives de répondre à une telle demande, insistant sur les professionnels qui nous ont reçus, plus humainement, nous donnant une autre image de l’entreprise. »