« Petite chronique boursière » : Et la gestion de portefeuille, alors ?

Vincent_colot Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

– Et la gestion de portefeuille, alors ?

La question me fit sursauter. J’étais en train de m’assoupir après un bon cognac et un non moins savoureux repas chez l’un de mes amis que j’appellerai, par discrétion, Bob (Son épouse, fin cordon bleu, s’était surpassée, je l’espère, au moins en partie, en mon honneur). D’autres invités étaient déjà partis. Et nous prenions un dernier verre dans son salon entièrement rénové.

– Hein, quoi ?, maugréai-je.

– Dans tes chroniques sur « Envie d’entreprendre », tu ne parles jamais de la gestion de portefeuille. Comment le bon père de famille doit-il gérer son patrimoine ?

Je dois à la vérité du moment que je n’avais guère envie de me lancer alors dans une discussion sur l’un des sujets financiers qui me tiennent le moins à cœur. Je lui proposai plutôt de regarder ensemble les résumés des matches de football du week-end et je lui promis de lui en reparler prochainement.

Tant qu’à faire, ma bonté n’ayant que de vagues limites, je vous fais part également de mes conclusions.

Par gestion de portefeuille, entendons, si vous le voulez bien et par souci ici de simplification par rapport au message à délivrer, la proportion à attribuer aux actions (nationales et étrangères) et aux obligations au sein d’un portefeuille diversifié. On pourrait corser un peu l’affaire en ajoutant des liquidités et des certificats immobiliers, par exemple.

Il y a deux règles à respecter.


La première règle à respecter est celle-ci : « Connais-toi toi-même ». Quelle est votre tolérance à l’égard du risque ? Etes-vous un investisseur agressif, conservateur ou modéré ? Selon votre tempérament, vous opterez pour telle ou telle répartition. A titre indicatif, disons que vous vous conformerez à l’un de ces portefeuilles :

                                                    Conservateur               Modéré            Agressif

Fonds indicé actions françaises                     20%                 30%                 40%

Fonds indicé actions internationales              10%                 30%                 50%

Fonds obligataire en euro                             70%                 40%                 10%

                                                                 —–                —–                —–

                                                                100%               100%               100%

La deuxième règle consiste à rester avant tout discipliné. A la fin de chaque année, vous étudiez l’état de votre portefeuille et vous le rééquilibrez de façon à le faire revenir aux proportions ci-dessus. Par exemple, si vous êtes un investisseur avec un goût modéré pour le risque et si, après un an, les actions internationales ont progressé davantage que les obligations, vendez une partie de vos actions internationales et, avec la somme récoltée, rachetez des obligations. Pourquoi chaque année ? Cette périodicité me semble optimale : plus souvent et vous auriez trop de frais de transaction à supporter ; moins souvent et vous risqueriez de vous retrouver un moment donné avec des déséquilibres trop marqués par rapport à votre allocation « idéale ». Ah oui : prenez plutôt des fonds qui suivent les indices, ils sont moins onéreux en termes de frais de gestion.

Faire encore mieux ? Sans doute oui, en n’investissant pas d’un coup tout votre capital mais en le plaçant petit à petit sur plusieurs mois, voire trimestres. Vous évitez ainsi le piège d’entrer sur le marché à un trop mauvais moment.

Certes, tout ceci n’a rien de très excitant, je vous l’accorde. Mais cela évite de faire le malin en croyant pouvoir prévoir la direction à court terme des marchés et c’est, par ailleurs, assez efficace.

Ainsi, d’après une note récente d’Allan Roth, de janvier 2006 à septembre 2010, un investisseur américain (le tableau ci-dessus doit être adapté à la situation américaine) conservateur aurait obtenu un rendement total de près de 16% (en dollars donc) ; un autre modéré serait toujous gagnant de 7% tandis que celui qui aurait été le plus exposé aux actions serait sorti de cette période avec, certes, une perte mais une perte limitée à 4%. Pas si mal, vous en conviendrez.

Le célèbre professeur Burton G. Malkiel, dans un papier paru récemment dans le Wall Street Journal, renchérissait : de janvier 2000 à décembre 2009, au cours de cette fameuse « décennie perdue » (avec des Bourses en berne), une stratégie diversifiée (incluant une part d’actions de pays émergents) et rééquilibrée une fois par an aurait permis à l’investisseur discipliné de transformer ses 100000 dollars de départ en 191859 dollars à la fin décembre 2009 contre 93717 dollars s’il n’avait acheté que des actions américaines.

OK, Bob ? Et n’oublie pas de préciser à ton épouse que je serai toujours disponible pour son navarin d’agneau …

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