Finances personnelles : de quoi s’agit-il réellement ?

Vincent_colotPar Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Etude après étude, dans une grande majorité de pays, le constat est sans appel : l’individu moyen s’y connaît très peu en finance, y compris sur des questions de base faisant appel à une arithmétique élémentaire (par exemple, les intérêts composés).

Après tout, est-ce si grave ? Comme me le faisait remarquer récemment une amie enseignante : « L’essentiel est de pouvoir boucler les fins de mois, gagner suffisamment pour vivre dignement ». Alors que j’ai, habituellement, plutôt la répartie facile, je n’ai, sur le coup, rien trouvé de très convaincant à lui rétorquer.

Dans ce genre de situation, le mieux est de marquer une pause, de réfléchir et de jeter un regard critique sur ce que d’autres ont pensé sur le sujet.

Voici, dans les grandes lignes, ce à quoi je suis arrivé au terme de cet exercice.

L’argent n’est pas un but en soi. A quoi servirait-il en effet, à l’échelle d’une vie, d’accumuler stérilement les dizaines ou les centaines de milliers d’euros ? Dans la pièce de Molière, Harpagon est clairement dominé par son argent, il en est l’esclave. Or, le but de toute gestion de ses finances personnelles devrait être l’inverse, du moins dans une perspective d’émancipation : prendre le contrôle de son argent de façon à ce qu’il ne prenne pas notre contrôle.

Pour cela, cet argent ne doit pas être une fin mais un moyen au service de valeurs ou d’objectifs qui nous soient chers. Bien gérer son argent ne peut donc se concevoir sans avoir posé au préalable les quelques grands principes qui régissent notre vie, à titre personnel. Pour l’un, cela peut revêtir la forme de voyages réguliers, ce qui nécessitera des rentrées d’argent régulières. Pour un autre, il s’agira plutôt de préparer les conditions d’une indépendance financière plusieurs années avant l’âge de la retraite, ce qui passera par des investissements à plus long terme. Et si, comme ce serait normal, ces principes évoluent avec le temps, il s’agit pour tout un chacun d’adapter en conséquence sa conception de ce que doivent être ses finances. Récemment s’est développée la notion de « coaching » financier. Certains ont en effet besoin d’être encadrés, d’abord pour définir raisonnablement leurs objectifs et ensuite pour élaborer une conduite à suivre afin de les atteindre. Soyez ambitieux : soyez votre propre coach !

Dans ce cadre, vous l’aurez compris, la technicité financière, bien qu’indispensable dans ses grandes règles, passe au second plan. Il s’agira toujours davantage de faire coïncider son comportement financier avec ses objectifs plutôt qu’avoir à déterminer si l’action A est plus intéressante que l’action B. Inutile d’être un génie de la finance, par exemple, pour épargner et investir sur une base régulière en évitant les risques les plus évidents.

Bien entendu, pour une minorité, la finance, cette fois en tant que discipline économique, peut avoir son intérêt « intellectuel » propre. C’est alors, notamment, une porte d’entrée pour tenter de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Remarquez qu’il n’est pas besoin en ce cas de disposer soi-même d’une quelconque fortune personnelle, même si les leçons, surtout lorsqu’elles sont amères, sont d’autant mieux apprises qu’elles ont des conséquences sonnantes et trébuchantes.

Mais, pour la majorité des gens, la question est évidemment toute autre. Il s’agit de vivre la vie qu’on s’est choisie sans avoir besoin de constamment se demander si on en a bien les moyens. Je ne suis pas certain que mon amie, avec l’optique essentielle de boucler ses fins de mois, se sente réellement libre, y compris dans les limites qu’elle s’est par ailleurs probablement fixées.  Finalement, parvenir à évacuer au quotidien la question monétaire revient au principe socratique de base : « Connais-toi toi-même ».

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