Par Nicolas Thébault (chroniqueur exclusif) – Expert des réseaux professionnels
Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. (Jean Monnet). Ce mois, l’article de Franck Damée a retenu toute mon attention. L’auteur met en résonance 2 modèles face à la crise : La stratégie du dauphin de Lynch et Kordis et la pyramide des besoins de Maslow. Il y compare trois populations – cabillauds, requins, et dauphins – face aux besoins physiologiques, sécuritaires, amour, estime et accomplissement de soi – plus particulièrement en période de pénurie. Voici ce que j’en retiens :
Les cabillauds pensent qu’il y a pénurie et ils se sacrifient. Face à un danger, plutôt que de se battre, ils tentent d’éviter de perdre par la fuite ou l’immobilité. Pour se faire accepter du groupe, ils le suivent sans choisir, recherchant la sécurité et l’amour. En dissolvant leur individualité dans le banc, ils espèrent être protégés des requins qui finissent souvent par les dévorer. En cas de pénurie, les cabillauds ne savent pas aller chercher plus au sud d’autres nourritures et leur population décroît.
Les requins croient qu’il y a pénurie et veulent gagner à tout prix, ils se comparent aux autres et ont l’intention d’en obtenir le maximum quoi qu’il arrive. Faute de pouvoir le vaincre, ils s’associent à l’ennemi. Le requin vit pour être respecté, il se différencie par la possession. En cas de pénurie, ils engloutissent ce qui reste de nourriture empêchant le cycle de reproduction et se condamnent ainsi à terme.
Les dauphins croient à la possibilité de la pénurie comme de l’abondance. Ils se servent de leurs ressources comme d’un levier pour accéder à leurs besoins en faisant le choix de l’élégance et de la flexibilité. Ils cherchent à sortir des contraintes matérielles pour atteindre l’accomplissement. En cas de pénurie, ils se regroupent et chassent d’autres proies ailleurs. En changeant de niveau, ils se dépassent quand les autres régressent.
– En cas de pénurie d’activité, la menace affaiblit l’identité collective d’une entreprise ou d’un réseau au profit de stratégies individuelles. Les cabillauds se font dévorer, les requins épuisent leurs réserves, quand les dauphins savent entraîner leurs équipes vers un changement salutaire pour tous.
– L’aire de jeu est déserte car les requins sont inactifs et regroupés dans un coin par stratégie d’alliance, comme les cabillauds par peur du lendemain. Les clients en quête de nouveauté sont à l’affût d’idées qui leur permettent de rompre avec le passé. Quand la masse est immobile, celui qui bouge est porteur d’espoir.
– Changez d’emploi, partagez vos idées et bonnes pratiques, inspirez vous des autres, c’est le moment. Le déséquilibre actuel est un moteur qui doit générer le mouvement. Multipliez les contacts et les échanges en réseau, sans logique de territoire ou de possession à court terme. Mieux vaut élargir le gâteau ensemble que se disputer les miettes.