Par Jean-Luc Watine (chroniqueur exclusif) - Spécialiste dans l'optimisation du statut du dirigeant
L’innovation est à la mode : il n’est pas un discours où le terme innovation ne soit cité, une sorte d’incantation ou de remède miracle à la crise. Les entreprises sont plus pragmatiques et doivent aussi faire face à d’autres facteurs disruptifs : l’inflation du volume des connaissances, la mondialisation de la concurrence et encore les barbares du numérique.
Rapidité et flexibilité sont devenues la clé face à ces bouleversements : ces changements liés au Big Data et à l’omnicanalité des consommateurs contraignent les entreprises à renforcer et à revoir leur façon d’innover de manière plus systématique et organisée.
La frustration du créateur d’entreprise est l’une des premières sources d’idées pour lancer un projet : l’impossibilité de se loger dans la Silicon Valley a inspiré le créateur de la startup AirB&B : le matelas gonflable (Air Bed) a été l’idée de départ qui s’est développée en location de courte durée d’appartements de particulier à particulier : le Bed and Breakfast.
Le manque de solution adaptée produit les mêmes effets : BlaBlacar est née de la constatation par le créateur de l’impossibilité de se rendre à une réunion de famille dans un lieu où il n’y avait ni taxis, ni gare. C’est le même constat qui a été établi par la créatrice de KissKissBankBank lors d’un mariage : la difficulté de collecter pour un cadeau commun.
Des approches spécifiques sont à l’œuvre dans les entreprises qui définissent l’innovation comme la modification de l’ordre des choses, une invention qui a trouvé son marché. L’objectif est de prévoir le futur, y compris en pensant la mort de son business actuel.
L’Open Innovation réintroduit le risque entrepreneurial dans l’entreprise : les équipes sont légères (20 personnes pour l’iLab d’Air Liquide) et constituées de personnes aux profils très diversifiés : ingénieurs, designers, sociologues et classées en 3 groupes : thinkers, makers et leaders. Ces cellules mettent en cause les business models historiques de l’entreprise. Elles croisent les regards, sourcent des idées, favorisent l’intelligence collective tout en recherchant l’expérimentation par un prototypage des idées nouvelles.
Le Design Thinking utilise la sensibilité du designer afin de mettre en correspondance les besoins des gens avec ce qui est technologiquement faisable et ce qu’une stratégie d’entreprise viable peut convertir en valeur pour ses clients. Cette approche est centrée sur l’expérience utilisateur et sur l’humain.
Les besoins d’agilité amènent donc les entreprises à créer une direction de l’innovation, à remonter celle-ci au plus haut niveau (le Breakthrough Innovation Group, BIG de Pernod-Ricard est rattaché à la Direction Générale), et à remettre en cause leur cœur de métier. La solution complémentaire est aussi de collaborer ensemble avec des startups innovantes.