Par Guillaume Perrut (chroniqueur exclusif) – KramaKrama.com
Il y a 3 semaines à Bangkok j’ai eu l’occasion d’aller déjeuner avec Anne du site allervoirailleurssijysuis.fr.
Après avoir travaillé pendant 2 ans dans une start-up web, Anne a
débuté en avril 2013 un tour du Monde à la rencontre des expatriés
français. Interview :
Guillaume) Tu as démarré ton tour du Monde en avril 2013, pourquoi ce choix ?
Anne) J'avais en tête cette idée de voyage depuis la
fin de mes études à peu près. Mais un tel projet/voyage a besoin de
réflexion. J'ai donc suivi un schéma plutôt classique en intégrant une
"entreprise jeune et dynamique" à Paris dans laquelle j'ai beaucoup
appris durant 2 ans et demi. Au bout de 2 ans, après une vie parisienne à
100 à l'heure où mon travail prenait une (trop) grande place dans ma
vie, j'ai pensé qu'il était peut-être temps de mettre à bien mon projet.
Si je changeais "simplement" de boulot, je repartais pour 2 ou 3 ans
minimum dans une nouvelle entreprise, et je m'étais fixée de faire ce
tour du monde avant mes 30 ans !
G) A travers ton site tu réalises des interviews et
reportages vidéo sur les expatriés français, pourquoi t’être focalisé
sur les expatriés ?
A) Le terme d'"expatriés" est erroné. Très
rapidement après avoir commencé mon voyage, je me suis rendue compte que
je rencontrais principalement des français "exilés" qui ont tenté une
aventure personnelle ou professionnelle, mais sans ce fameux statut
d'expatrié, qui facilite souvent les démarches, il faut l'avouer.
Cette idée d'aller à la rencontre des français autour du monde est
parti d'un constat simple : les gens de ma génération ont souvent
l'envie d'aller voir ailleurs, n'arrivant pas toujours à trouver leur
place en France. Mais beaucoup ont peur, par manque d'information
souvent, moi la première ! J'étais tentée par le Canada, j'ai eu aussi
ma phase Australie, Espagne, voire même Angleterre, mais je n'ai jamais
franchi le pas. "Où ? Faire quoi ? Comment ?"
Partir à la rencontre de ces français "qui ont osé" était un moyen
très égoïste de trouver réponses à mes propres interrogations à la base,
mais je me suis vite rendue compte que j'étais loin d'être la seule
concernée !
G) Lors de tes différentes rencontres avec des expatriés (ou
des "exilés"), est-ce qu’un ou deux points reviennent fréquemment dans
les discussions ? Comment les expatriés « longue durée » (> 3 ans)
voient-ils la France aujourd’hui ?
A) 95% des français que j'ai rencontré n'envisagent
pas de rentrer en France. La plupart serait tentée par un changement de
pays, mais rentrer en France, pas vraiment. Les raisons principales sont
relatives au système de l'emploi en France (raison évoquée en majeur
partie par des français vivant dans des pays anglo-saxons), pour la
qualité de vie qu'ils peuvent avoir dans leur pays d'adoption (tous pays
confondus, de ceux d'Amérique du Sud, à l'Indonésie, en passant par
l'Amérique du Nord, la Polynésie ou l'Océanie), à l'esprit et la
mentalité française qu'ils jugent désormais trop étriqués.
Là où ils sont unanimes, c'est concernant la nourriture ! Le fromage,
le pain et le vin rouge arrivent en tête de ce qui manque le plus aux
français que j'ai rencontré jusqu'à présent !
G) On le voit dans les statistiques, le nombre d’expatriés
augmente chaque année, notamment en Asie (+11% en 2012), comment
expliques-tu cela ? Une certaine envie de « voir ailleurs » ? Des
difficultés à trouver un emploi en France ? Un rejet de l’Hexagone ?
A) Rejet de l'Hexagone, non. Personne ne m'a confié
avoir eu envie de "fuir la France". En revanche, l'envie de voir
ailleurs est certaine. Et les problèmes actuels d'emploi n'aident en
rien. Il est plus "facile" pour un français ayant envie de monter un
business de le faire à l'étranger. Je mets des guillemets car dans
plusieurs pays d'Asie, facile, ça ne l'est pas vraiment. Il faut
s'associer avec un "local" qui détient la majorité des parts du
business. Ça reste donc un pari risqué. Mais certains sont prêts à le
tenter, plutôt que de rester en France. Je suis allée sur une petite île
d'Indonésie (Gili Air) sur laquelle il y avait un nombre absolument
incroyable de français installés ; ils tenaient des hôtels, restaurants,
centres de plongée, il y a même un jeune français qui a monté son
business de glaces artisanales !
Et pour finir, l'emploi en France reste concentré dans les grandes
villes et notamment à Paris, et après constat de la qualité de vie dans
la capitale (+ la difficulté et les prix pour se loger), certains
préfèrent uniquement revenir en vacances, m'a-t-on confié.
G) Quel est ton meilleur souvenir durant les premiers mois de ton périple ?
A) Toute l'Amérique du Sud m'a enchantée, avec un
petit coup de cœur particulier pour l'Argentine et la Bolivie. La
première vraie claque (et donc sans doute la plus mémorable) que j'ai
prise face à un paysage fut aux chutes d'Iguazu.
G) Ton pire souvenir ?
A) Un certain trajet en bus de 20h entre Cuzco et
Lima (Pérou). 20h de bus et 20h de virages, j'ai cru que c'était la fin
de ma vie…
G) Ton tour du Monde se termine dans 85 jours, quelle sera ta
prochaine étape ? Retrouver un travail en France ? Créer ton entreprise
? T’expatrier ?
A) J'ai bien envie d'aller voir ailleurs si j'y
suis. Sans doute du côté de l'Amérique du Sud. Pour l'instant je ne
m'imagine pas retrouver un emploi "normal" et une vie comme celle que
j'avais avant de partir. Mais rien n'est encore fait, il me reste encore
justement 85 jours pour penser à tout ça !
Un grand merci à Anne pour cette série de réponses et pour sa disponibilité !
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Quelques photos du foulard Cambodgien, le célèbre krama, qui a accompagné Anne durant son début de tour du Monde
Le krama devant le Taj Mahal en Inde :
Le krama au Machu Picchu au Pérou :