Par Yves Gambart de Lignières (chroniqueur exclusif) – Conseil Financier et Conseil en Gestion de Patrimoine Indépendant
Après avoir établi un bilan actif/passif de votre patrimoine, un bilan sur vos flux et sur votre couverture face aux aléas de la vie, nous allons tenter d’en réaliser une synthèse et de vous présenter des stratégies possibles.
Le bilan actif / passif a consisté en mettre en lumière vos différents postes d’investissement qu’il s’agisse de votre épargne de sécurité (trésorerie), de votre patrimoine participant à votre cadre de vie (résidence principale et, éventuellement, secondaire) et de vos placements à horizon plus long terme (immobilier de rendement, contrats d’assurance-vie, comptes bancaires…).
1. Ce
bilan permet de s’apercevoir de la diversification ou non de son patrimoine… si
90% de vos actifs sont immobiliers ou si les trois quarts de vos placements
sont des actions de votre société… interrogez-vous sur la pertinence d’une
telle répartition… les détenteurs d’immobilier qui ont surpayé leurs biens au
début des années 90 ou les salariés de sociétés technologiques ou plus,
récemment, d’établissements financiers ont bien compris la devise qui consiste
« à ne pas mettre ses œufs dans le même panier »… si vous êtes dans
cette situation, il va falloir rééquilibrer votre patrimoine.
2. Vous
en avez, également, déduit le risque auquel vous êtes exposé (% de placements
liquides ou sans risque tels que comptes courants, livrets, PEL, support euros… « contre »
% d’actions, capital risque, obligations longues…)… est-ce que cette exposition
correspond à ce que vous souhaitez ? Si tel n’est pas le cas, un arbitrage
sera nécessaire.
3. Ce
bilan permet, comme nous l’avons vu, de mettre en lumière la disponibilité de
son patrimoine. Car être bien diversifié ne signifie pas toujours disposer de
liquidités en cas de besoin urgent… sachant que de nombreuses contraintes
peuvent rendre plus ou moins indisponibles un placement : l’aspect fiscal
(impôt prélevé en cas de cession), économique (éventuelles pertes définitives
en cas de vente dans la précipitation) et parfois juridique (actifs détenus en
indivision par exemple) sont des éléments à prendre en compte.
4. Pour
un œil averti, l’analyse du patrimoine est aussi l’occasion de décortiquer ses
contrats (conditions générales, frais…), la qualité de ses placements
(performances, volatilité…), l’intérêt de certains placements gadgets (certains
produits structurés, livrets…). Par exemple, si votre poste actions a baissé
depuis 3 ans alors que les marchés ont progressé de 15 à 20%… il faut, peut
être, se poser la question de la qualité de la gestion…
Le bilan sur les flux, même si l’aspect souvent le mieux appréhendé
(notamment, pour les flux actuels : revenus / charges), peut mettre en évidence,
comme nous l’avons vu, des absurdités : épargne d’un côté et perception
subie de revenus financiers de l’autre, niveau de vie trop élevé,
provisionnement des impôts insuffisant, absence d’épargne malgré des objectifs
dans ce sens (études des enfants, retraite…)
Le bilan prévoyance permet de vérifier si vous bénéficiez d’une bonne
couverture contre les risques de la vie (maladie, invalidité, décès,
dépendance…). C’est, me semble t’il, notamment pour les travailleurs non
salariés, le point le plus délaissé… combien de gérants perçoivent un salaire
très élevé sans avoir prévu, en cas d’handicap lourd voire de décès, une rente
suffisante pour leur conjoint et/ou pour leurs enfants ?!
A ces bilans, il faudrait ajouter
le bilan fiscal au niveau de l’impôt
sur le revenu et, le cas échéant, de l’ISF pour mieux optimiser la détention de
votre patrimoine et l’organisation de vos flux (rémunérations, revenus
complémentaires).
Un bilan successoral et civil peut également être opportun notamment
pour évaluer si le conjoint survivant est bien protégé… une réflexion sur le
régime matrimonial, la donation au dernier vivant, le coût de la transmission…
est alors indispensable.
Enfin, l’exercice consiste à
mettre en perspective ces différents bilans avec vos objectifs de manière à ce
que votre patrimoine soit réparti en totale adéquation avec vos souhaits.
Voici quelques pistes de
réflexion :
– Si vous avez des projets (achat immobilier de jouissance,
éducation/mariage enfant, vacances…), il faut que vous sécurisiez le capital
correspondant à cette future dépense en optant pour des placements de
trésorerie tels que livrets A, livrets de développement durable, sicav
monétaires… éventuellement support euros si les capitaux sont déjà placés en
assurance-vie ou contrat de capitalisation,
– Si vous souhaitez protéger vos proches, il faut que vous
vérifiiez que votre bilan prévoyance est satisfaisant. A contrario, il faudra
recourir à des contrats de prévoyance, revoir éventuellement votre régime
matrimonial, déposer une donation au dernier vivant, vérifier la clause
bénéficiaire de vos contrats d’assurance…
– Si vous voulez épargner à long terme, par exemple pour vous
générer des revenus complémentaires lors de votre retraite, il faut investir
dans des enveloppes fiscales long terme (assurance-vie voire contrat de
capitalisation ou PEA) et, selon votre fiscalité, en immobilier (neuf ou
ancien, direct ou indirect, démembré ou non, LMP – LMNP ou location nue…),
– Si vous payez beaucoup d’impôts et même si payer moins
d’impôts n’est pas un objectif de vie, vous pourriez allier cohérence
patrimoniale et défiscalisation… attention à ne pas faire n’importe quoi et se
laisser berner par des simulations trop commerciales… mais si, par exemple,
vous restez locataires avec un gros patrimoine financier et des revenus
importants… pourquoi ne pas réaliser un investissement en immobilier locatif,
ce qui vous permettrait de diversifier votre patrimoine tout en vous générant
des économies d’impôts,
– Si vous souhaitez commencer à transmettre la pleine propriété
ou la nue-propriété d’une partie de votre patrimoine à vos enfants, êtes vous
sur que vos placements actuels sont opportuns ? Mieux vaut, par exemple,
disposer d’un contrat de capitalisation transmissible de votre vivant qu’un
contrat d’assurance-vie qui ne se dénoue qu’au décès. Fiscalement, ensuite,
mieux vaut donner des titres à fortes plus-values (comme des actions issues de
stock options, des actions de la société familiale…) plutôt que des liquidités…
mais, là encore, ceci doit être fait tout en conservant une bonne organisation
de votre patrimoine.
En conclusion, je vous invite à
réaliser un audit de votre patrimoine assisté ou non de votre conseiller, puis
à mettre à plat vos principaux objectifs pour, enfin, vérifier la cohérence de
votre organisation patrimoniale. Nous assistons trop souvent à des particuliers
accumulant placements financiers au gré des campagnes marketing de leurs
banques et produits de défiscalisation au fil des années sans que l’ensemble de
ces investissements soit pertinent au regard de leurs choix de vie.