« Petite chronique boursière  » : Le « bon » conseiller

Vincent_colot Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Vous venez de décider de prendre votre destin financier en mains. A l’avenir, vous épargnerez davantage (la clé de toute indépendance financière à l’horizon, notamment, de votre retraite) et vous investirez plus sagement.

Félicitations !

Mais comment vous y prendre ? Pas de soucis, me rétorquerez-vous. La Technologie (rendons grâce à Elle) va vous aider. Se mettent à fleurir en effet des outils logiciels de « gestion financière personnalisée » («personal finance management ») qui vous permettent, en quelques clics réguliers, de piloter vos avoirs au mieux de vos intérêts.

Hum … Dieu sait que je n’ai rien du technophobe dogmatique : Internet est une vraie petite merveille. Mais vous en remettre à votre seule tablette et à son logiciel formaté en direct du « cloud » ne me semble pas la solution idéale pour prendre les meilleures décisions.

Dans un premier temps, vous devrez faire un véritable travail sur vous-même pour apprendre à reconnaître les multiples biais de nature cognitive (ayant trait à certaines façons de penser) ou émotionnelle (se fiant aux émotions plutôt qu’aux faits) qui polluent le raisonnement, singulièrement lorsqu’il est question d’argent. S’il existe des ouvrages sur la question, cette étape n’est pas simple. Même en sachant, par exemple, que l’investisseur moyen, pour des raisons psychologiques, vend trop rapidement les actions qui ont monté et garde trop longtemps celles qui ont baissé, il se peut que, dans l’action, vous agirez de la même façon. Pourquoi ? Parce que l’investisseur moyen (que vous êtes également, du moins dans les premières étapes de votre périple financier) a tendance à se considérer comme plus capable que la moyenne. Ce qui est, statistiquement, impossible. La croyance en cette aptitude supérieure fantasmée vous amènera à commettre des erreurs. Après les avoir reconnues et payées (de façon sonnante et trébuchante), ne croyez pas que corriger ce comportement par une extrême passivité (« buy and hold » : j’achète et je converse ad vitam aeternam) soit la solution : une bonne gestion de patrimoine implique des adaptations en fonction de l’évolution de votre profil, de votre situation et de celle du marché.

L’ennemi intérieur, vous-même, est donc un animal difficile à maîtriser et à apprivoiser. Si vous estimez devoir sous-traiter cette tâche, n’hésitez pas à recourir à un « coach » comportementaliste avec qui discuter avant toute décision financière. Il vous aidera à voir plus clair dans vos motivations et donc à révéler tout biais éventuel qui vous écarterait du droit chemin. Pas facile à trouver dans l’annuaire téléphonique, j’en conviens … Un ami investisseur expérimenté qui est déjà passé par les pièges les plus fréquents peut servir ici d’interlocuteur.

Ensuite, dans l’hypothèse (réaliste) où vous ne désirez pas vous lancer en solo dans la jungle boursière, vous chercherez des informations de référence pour orienter vos actes d’investissement. Ici encore, cela ne se fait pas en soufflant sur l’écran de votre PC. Certes, l’information financière est pléthorique. Mais il s’agit de l’aborder de façon critique. Distinguez d’abord l’information brute (factuelle), son interprétation et le conseil de placement qui en découle éventuellement. Vous devez trouver une source de conseils à la fois fiables et qui correspondent à votre philosophie d’investissement. Car si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le raisonnement qui est présenté, vous ne pourrez pas y adhérer ou vous le suivrez maladroitement (par exemple sans comprendre à quel horizon il doit se concevoir). Assurez-vous également que ces conseils sont suivis dans le temps et que celui qui les donne est crédible c-à-d qu’il peut se prévaloir d’un bon historique de performances. Même ainsi, ne prenez pas tout au pied de la lettre. N’hésitez pas à contrôler tout idée d’investissement en la confrontant à d’autres avis et à l’aune de votre propre liste de critères (enrichie au fur et à mesure de votre expérience) : même en cas de philosophies de placement similaires, il se peut que vous apportiez l’une ou l’autre exigence additionnelle. A cette occasion, remettez-la en cause. L’esprit critique, encore et toujours.

Inutile de multiplier à l’infini les prises de conseil. Idéalement, trois sources de conseils (que ce soit via un club d’investissement, une publication financière ou un site web) suffisent à fournir les idées à partir desquelles décider au mieux de la constitution ou de la révision de votre portefeuille.      

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