Par Didier Vincent, ex-cadre de la Com via Agoravox
Ouf, la petite SARL est enregistrée. L’entrepreneur pense qu’une étape importante
vient d’être franchie et qu’il va pouvoir se concentrer entièrement à son projet.
Restent les actions commerciales de lancement à finaliser, les problèmes techniques
car comme il utilise le web, tout n’est pas simple, mais il est serein. Enfin
presque.
Trois jours après le dépôt de son dossier au CFE, il reçoit le fameux KBIS.
Les deux feuilles bleues lui font bien plaisir mais que lit il dans les observations
: la domiciliation à votre adresse personnelle est provisoire et ne pourra excéder
5 ans. Ah, il a pourtant signé un papier de demande de domiciliation définitive
à son domicile et fournit une facture EDF ! Il faut en avoir le cœur net. L’entrepreneur
appelle le greffe du Tribunal de Commerce. Il explique son petit problème à
plusieurs interlocuteurs qui ne comprennent pas très bien et puis tombe sur
une dame charmante qui lui dit qu’il s’agit probablement d’une erreur informatique,
le texte des KBIS étant enregistré. Sans doute la modification n’a pas été faite.
Le lendemain, au cours d’une conversation avec son expert comptable, l’entrepreneur
parle de ce petit problème et le comptable lui confirme qu’il a déjà rencontré
le cas plusieurs fois. On verra dans 4 ans, il n’y a pas urgence.
Quatre ou cinq jours après l’enregistrement de son dossier, l’entrepreneur
reçoit beaucoup de courriers.
D’abord les caisses de retraite. Après vous avoir félicité et souhaité bonne
chance, toutes prennent un ton qui étonne l’entrepreneur. Vous savez dit celle-ci,
l’inscription à une caisse est obligatoire. Merci de nous renvoyer au plus vite
le questionnaire ci-joint. Vous n’ignorez pas dit l’autre, que l’affiliation
à notre caisse est automatique, quand bien même vous n’avez pas de salariés
et que vous n’êtes pas vous même salarié. Retournez nous le questionnaire en
annexe. Une troisième est encore plus simple : si vous ne répondez pas à cette
lettre, votre inscription à notre caisse est automatique dans les 10 jours !
L’entrepreneur est troublé. Pourtant les caisses de retraite savent très bien
que l’entrepreneur dispose de trois mois pour choisir sa caisse à compter de
la date de dépôt de son dossier et que l’affiliation à telle ou telle caisse
dépend du code APE de la SARL qu’il n’a d’ailleurs pas reçu de l’INSEE. Etrange.
Ensuite les assurances. Ca vient de partout. On fait planer le danger, on
essaie de déstabiliser l’entrepreneur, il lui faut absolument une assurance.
Il y avait bien pensé mais le ton de ces lettres est étrange encore.
Pour finir, les fournisseurs en tous genres. Meubles de bureau, produits
de nettoyage, papiers et tous supports imprimés, tout y passe. Ils sont gentils.
Ils pensent à aider l’entrepreneur.
Le clou vient d’InfoGreffe. L’entrepreneur reçoit une jolie petite boite
bleue marquée du logo InfoGreffe. Il se dit « ce doit être sérieux ». Dans une
gentille lettre signée de son Président, InfoGreffe vous dit avoir pensé à vous
et les informations contenues dans l’envoi ne manqueront de vous être utiles.
En fait, de la pub. Des logiciels, des abonnements à des journaux économiques,
des propositions de publicités à placer dans des annuaires, etc. …
L’entrepreneur reste calme. Mais il se demande bien comment ces gens ont
eu son adresse. Se sont ils tous rués sur le petit journal pourtant très confidentiel
dans lequel il a passé son annonce officielle de création de la SARL ? Ou bien
est ce le CFE qui transmet ces informations à ses honorables correspondants
? L’entrepreneur a la désagréable impression que des vautours tournent au dessus
de sa tête. Deviendrait il parano ?
L’entrepreneur est un type sérieux. Il doit formaliser ses relations avec
son expert comptable et lui demande donc de lui préparer une lettre de mission
accompagnée de son tarif. Les choses seront claires. L’entrepreneur explique
au comptable que sa petite SARL est entièrement informatisée aussi la tenue
des comptes sera t-elle simple. Il donnera au comptable un fichier récapitulatif
des mouvements chaque trimestre, le comptable n’aura pas grand-chose à faire.
Foin de tout cela. Le comptable lui a des charges incompressibles aussi que
le travail soit clair et bien préparé ou que l’entrepreneur lui donne des bouts
de papier dans n’importa quel sens, c’est pareil pour les tarifs. L’entrepreneur
a l’impression désagréable qu’on en veut a ses sous qu’il n’a pas d’ailleurs.
Enfin, après une discussion de marchands de tapis, on arrive à un compromis
acceptable.
Et l’INSEE qui n’envoie toujours pas ce fameux code APE. Des amis, pourtant
bien intentionnés, disent à l’entrepreneur que les erreurs dans l’affection
des codes APE est chose courante à l’INSEE, surtout pour les activités liées
au web. Restons zen.