L’envie d’entreprendre… au féminin

PatrickRey300px Par Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-Délégué ITG (Institut du Temps Géré), premier groupe de conseil en portage salarial.

 Existe-t-il une spécificité féminine par rapport à l’envie et à la façon d’entreprendre ? De nombreuses associations s’efforcent de mettre en avant les chefs d’entreprises femmes, les créatrices et les futures créatrices. Et en écoutant ce que disent les femmes d’elles-mêmes, il est possible de sortir des idées préconçues. On découvre notamment que certaines s’auto-censurent, alors que d’autres savent se mettre en avant sans pour autant copier les hommes.

C’était à l’occasion de la journée de la femme : le club des drôles d’entrepreneurEs, association girondine, organisait des ateliers autour du thème “femme, créativité et entreprenariat”. Rare homme parmi les personnes présentes, j’ai été invité à échanger à une table de femmes très sympathiques, dynamiques et concrètes. Pas de conceptualisation ou de “marquage-à-la-culotte”, comme les hommes peuvent avoir tendance à le faire dans les premières phases dCapture d’écran 2012-03-18 à 21.30.04’un travail de groupe. Au contraire, des témoignages concrets, des échanges directs et une recherche de consensus : précisément, le reflet des pratiques féminines des dirigeantes, managers ou créatrices d’entreprises. 

D’un autre côté, ce qui frappe également ce sont des thèmes souvent centrés sur les détails de la vie quotidienne, familiale voire privée, ressortis comme des enjeux de l’entreprenariat au féminin. Par exemple, la difficulté à concilier vie familiale et vie professionnelle qui est à la fois une des motivations pour créer sa propre activité ou entreprise et un frein ou un facteur de stress/fatigue lorsqu’on démarre son entreprise ou qu’on veut la faire progresser. Et d’évoquer le partage des tâches, notamment pour les femmes avec enfants, encore peu équilibré, y compris avec les générations mâles plus jeunes. Même quand le jeune papa propose spontanément sa part de tâches ménagères et d’éducation, plusieurs femmes disaient qu’il est trop souvent tenté de choisir des tâches moins rébarbatives, comme une sortie au cinéma, plutôt que le ménage, les devoirs ou du temps de réel échange en tête à tête.

Une autre tendance consiste à se mettre moins spontanément en avant. Ceci se traduit par exemple dans les présentations orales de tour de table, ainsi que dans les profils rédigés sur les réseaux sociaux. C’est ce que Sophie Gourion a montré dans son étude de 539 profils Twitter (275 hommes et 264 femmes) et expliqué dans une interview réalisée par Thierry Do Esperito. En analysant la bio de ces personnes, véritable concentré en 160 caractères du profil individuel, elle s’est rendue compte que beaucoup de femmes se sous-estiment à la fois dans le choix des mots et dans les domaines présentés. Sophie Gourion estime que tout ceci commence dès l’école avec une réussite scolaire pourtant supérieure à celle des garçons mais une auto-censure et une sous-estimation provoquée ou renforcée par les stéréotypes persistants.

Il est donc important de faire évoluer davantage les a priori et les comportements. A cet égard, les actions des associations ou des clubs sont très utiles, car elles donnent l’occasion aux femmes de prendre la parole, de se mettre en valeur, et aux hommes de changer leurs perceptions à l’égard des femmes qui entreprennent, qui créent ou qui dirigent. Dans les activités de conseil, formation ou expertise métier, présents dans les “entreprises portées”, les différences hommes/femmes sont plus faibles et je vois même des femmes plus affirmées que des hommes, surtout quand ce sont des jeunes consultants, mais des seniors professionnellement.

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