Par Ahmed Bariz (chroniqueur exclusif) – Conseil auprès de créateur d’entreprise
A la lecture de nombreux messages sur les forums liés à la création d’entreprise, les charges sociales semblent représenter un vrai fardeau pour le développement de l’entrepreneuriat.
J’ai souhaité en dehors de toute idéologie apporter mon éclairage en tant qu’accompagnateur de TPE et ancien gérant de société. En effet, il existe encore beaucoup de préjugés ou de mauvaises informations à ce sujet.
Les trois points que je souhaite mettre en évidence sont les suivants. D’une part, les charges sociales ne sont pas des sommes perdues. D’autre part, les charges sociales peuvent être liées au niveau de l’activité ou du résultat Et enfin, Il existe de nombreux dispositifs d’exonérations de charges sociales.
1) Les charges sociales ne sont pas des sommes perdues
Les charges sociales versées par les entrepreneurs sont principalement soit des transferts de revenu soit des assurances pour couvrir certains risques de la vie (assurance maladie).
Pour les transferts de revenu, on retrouve notamment les cotisations « retraite ». Autrement dit, les cotisations versées seraient en principe récupérées une fois atteint l’âge de la retraite. Nous avons également les cotisations pour les allocations familiales. Si l’entrepreneur à des enfants, il peut percevoir une partie des sommes versées dans le cadre des politiques de la famille.
Concernant l’assurance, c’est principalement l’assurance maladie. Certes si l’entrepreneur n’est jamais malade ou jamais hospitalisé, il peut penser que ce sont des versements perdus mais est-il possible d’anticiper une maladie jusqu’à la fin de sa vie. L’entrepreneur connaît t-il le prix d’une simple petite opération à l’hôpital s’il devait en payer la totalité ?
2) Les charges sociales peuvent être liées au niveau de l’activité
Il est vrai qu’en principe lorsqu’on crée une entreprise individuelle ou lorsqu’on est gérant majoritaire, les charges sociales sont calcules sur des assiettes forfaitaires les deux premières années. Cette assiette est de 6 734 € pour la 1ère année d’activité et de 10 101 € pour la 2ème année d’activité
Mais dans les faits, l’entrepreneur qui estime que ces assiettes sont supérieures à ces revenus réels peut saisir le RSI et demander de revoir le mode de calcul en se basant sur le revenu réel ou le revenu estimé.
Par ailleurs, les entrepreneurs qui sont au régime fiscal de la micro-entreprise peuvent demander à régler leurs charges sociales en fonction du chiffre d’affaires. Ceux qui sont au régime réel, peuvent présenter une situation du résultat estimé pour justifier leur demande.
Qui plus est, ceux qui ont des revenus faibles peuvent être dispensés du paiement des charges sociales (Par exemple en dessous de 4 489 € de revenu annuel, l’entrepreneur est dispensé du règlement des charges sociales relatives à l’ URSSAF)
3) Il existe de nombreux dispositifs d’exonérations ou de report de charges sociales
Aujourd’hui, il existe de nombreuses exonérations de charges sociales. Nous avons les entrepreneurs qui bénéficient de l’ACCRE. Il y a aussi salariés créateurs qui peuvent être exonérés pendant un an. Il est également possible de demander le report des charges sociales pour le premier exercice.
Qui plus est, si l’entrepreneur décide d’embaucher du personnel, il peut bénéficier automatiquement d’une exonération qui peut aller jusqu’à 26 % du salaire brut (abattement Fillon).
En dépit de toutes ces exonérations, il n’en demeure pas moins que certaines entreprises ont de la peine à décoller et à pérenniser leur activité.
En conclusion, je dirais que l’existence des charges sociales n’est pas un frein au développement de l’entrepreneuriat. En réalité, en étudiant de plus prés les difficultés des entrepreneurs, je constate que les principales causes de ces difficultés sont liées à :
Un faible niveau de clientèle. Il s’agit, je pense du constat n°1. les entrepreneurs ont parfois tellement peu de client que le chiffre d’affaires ne permet même pas de payer le loyer du local commercial.
A quoi imputer ce faible niveau de clientèle ?
– Ne pas prendre le temps de s’arrêter régulièrement et de faire le point au moins une heure par semaine. Cette réflexion hebdomadaire devrait faire partie intégrante du métier d’entrepreneur.
– Aucune veille pour surveiller l’évolution de l’environnement, de la concurrence et de la clientèle aucune innovation dans le produit ou le service (est ce que mon service ou mon produit est toujours adapté à la demande ? ).
– Il n’y pas de véritable stratégie de communication. Cette absence de stratégie donne des budgets « publicité ou communication » parfois très insignifiants. Autrement dit, l’entrepreneur de se ne donne pas les moyens d’aller chercher le client ou le chiffre d’affaires.
– Une mauvaise gestion de la trésorerie par le manque d’anticipation. Autrement dit gérer c’est toujours essayer de prévoir l’activité pour les 3 ou 6 prochains mois avec notamment un plan de trésorerie détaillé. Il est même préférable d’opter pour le règlement des charges sociales mensuellement que par semestre ou trimestre !!