Les défis des entrepreneurs de demain : De « Lost in Translation » à la Disruption

Weill_valrie
Par Valérie Weill (chroniqueur exclusif)– Consultante et accompagnatrice en création/développement d’entreprise

De
quoi sera fait demain, disons les trois ou quatre prochaines années ?

Les
prévisions sur les plans de l’économie, de la finance, du climat social, de
l’environnement, des ressources énergétiques, des ressources en eau et en
alimentation ne sont pas optimistes, loin s’en faut. Nos anciens repères sont
en train de voler en éclat. C’est un peu comme si nous étions « Lost in
Translation » – (j’adore ce film de Sophia Coppola), mais ici je le
traduis tout à fait littéralement par « nous sommes perdus dans cette
translation, dans cette transmutation »… Nos anciens repères ne
correspondent plus à rien, mais les nouveaux ne sont pas encore là. Car c’est à
nous de les faire émerger, c’est à nous de prendre la mesure de tous les
bouleversements mondiaux qui nous attendent prochainement et de reconstruire un
autre système, une autre vision, voire une
disruption*,
un nouveau New Deal.

Un
petit exemple pour illustrer mon propos : les glaciologues d’une
soixantaine de pays et d'organisations internationales ont tiré tout
dernièrement le signal d’alerte concernant la fonte des glaces au Pôle Nord et
au Pôle Sud, mais tant que nous ne voyons pas au journal de 20 heures des
images de centaines de villages, de territoires et de personnes submergés par
la montée du niveau de la mer, des actions concrètes ne seront pas avancées. Et
oui, nous sommes liés à la théorie de la proximité. Ce qui se passe près de
chez moi me touche beaucoup plus que ce qui est au loin. Un tremblement de
terre en Italie nous impacte plus émotionnellement que le même au Japon. Pourtant,
cela équivaut à croire que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à nos
frontières… Une alerte à la montée du niveau de la mer est capitale à mon sens
car elle montre que tous les scénarios sont loin d’être anticipés en matière de
modifications du climat. Or, ces modifications climatiques auront un impact
global dans l’économie que nous sous-estimons beaucoup.

Nous
sommes en ce moment en train de vivre une période sans précédent de déconstruction
du système économique et financier mondial et nous serons très bientôt
confrontés à des problématiques lourdes impactant notre quotidien et obligeant
à reconstruire une autre économie, un autre mode de vie et un autre rapport à
la consommation. Un excellent travail de réflexion a d’ailleurs été mené
par  l’Ordre des Experts-Comptables (
http://marchesdufutur.blogspirit.com
) sur les marchés du futur 2008-2012 que tout futur entrepreneur aurait intérêt
à lire. Nous proposons donc de restituer ici une partie de cette réflexion et
d’y apporter quelques idées complémentaires.

Ainsi,
si tous les modèles prévisionnels pessimistes se réalisent dans les prochaines
années à venir, les futurs entrepreneurs devront alors probablement faire avec
les paramètres suivants :

– Le pouvoir d’achat risque de décliner
davantage :

Donc,
proposons des solutions de location : location de vêtements, locations de
layette pour bébés, location de véhicules à plusieurs familles, développement
du recyclage des produits de la vie courante, proposons des produits de luxe en
formule low-cost,

– Le désir de remettre du vrai
dans les produits alimentaires :

Donc,
privilégions le bio,  arrêtons les
colorants, les additifs, les procédés compliqués, suivons la nouvelle voie
lancée par Michel et Augustin (La
Vache à Boire) en proposant des produits sains, de fabrication simple aux
ingrédients simples,

– Les familles risquent d’avoir
besoin de plus en plus de services par faute de temps et d’isolement social :

Donc,
continuons à développer les services à la personne mais en développant des
niches : services adaptés pour les femmes enceintes, services adaptés pour
les malades rentrant à la maison en convalescence, services adaptés pour les
enfants en échec scolaire, services de soutien aux familles qui hébergent une
personne très âgée, …

– Le repli sur soi, sa famille,
sa tribu risque de se renforcer, ainsi que le sentiment de solitude malgré la
profusion des modes de « connexions virtuelles » :

Donc,
proposons des lieux de « retrouvailles » réelles et sociales par
tranche d’âge, par profession, par région …

– Le système éducatif risque de
ne plus être en phase avec la réalité des entreprises :

 Donc, repensons les programmes d’éducation au
collège et incluons une nouvelle discipline : la création et gestion d’une
entreprise 
J),

– Les individus ne sont pas
suffisamment conscients des enjeux écologiques pour la planète :

 Donc, proposons des stages de formation à
l’environnement sur un mode ludique pour les familles pour leur apprendre les
gestes simples qui pourront au quotidien faire progresser la préservation de
notre planète. Développons des universités libres du savoir sur le respect de
l’environnement, rendons l’écologie plus accessible à tous en proposant des
points d’informations du grand public sur les marchés,…

– Les seniors seront de plus en
plus nombreux, mais pas de plus en plus fortunés pour une grande partie d’entre
eux :

Donc,
ouvrons des agences immobilières spécialisées pour leurs besoins, développons
des agences et des services de colocation, ouvrons des agences d’intérim
spécialisées pour les retraités qui veulent gagner plus en travaillant encore
(argh …), proposons-leur des écoles, des universités adaptées à leurs envies de
formation, car apprendre se fait à tout âge et n’est pas l’apanage des moins de
30 ans,…

– Le probable retour aux
périphéries des villes et le repeuplement des zones rurales pour fuir les
inconvénients et le stress des grandes villes :

Donc,
ré-ouvrons des supérettes de proximité low-cost, développons des agences de
covoiturage et des réseaux de transports semi-collectifs privés,

– Puisque la défiance envers les
institutions, les systèmes financiers, la mondialisation à tout crin ne fait
qu’augmenter et que l’encouragement à la création d’entreprise est de plus en
plus fort,

Donc,
passons à l’étape des « bogsentreprises »,
« les entreprises beyond organizational and governmental systems ».
C’est déjà plus ou moins le cas pour certaines communautés d’entrepreneurs et
dans les coopératives d’activités…

Comme
vous le constatez, cette  liste est loin
d‘être exhaustive, alors pourquoi pas essayer de la compléter ? A vous de
jouer !

Disruption*

Stratégie créative inventée par
Jean-Marie Dru de l’agence BDDP dans les années 90.Ce modèle créatif brise les
conventions établies pour repositionner les marques et les produits selon un
processus en trois phases :

Convention :
inventaires de toutes nos pensées toutes faites, de nos préjugés, opinions,
stéréotypes sur ce que doit être un produit, une marque, bref sur tout ce qui
emprisonne notre manière spontanée de percevoir.

Exemple pour Mac : Apple
est une marque qui ne fait pas le poids face aux PC. Elle devrait se
positionner en rival du PC.

Disruption :
travail de repositionnement de la marque ou du produit, en déstabilisant justement
les conventions établies, voire en les brisant, quand elles sont devenues trop
limitantes.

Exemple pour Mac : un ordinateur
n’est pas qu’un assemblage technologique, il peut aussi véhiculer des valeurs,
une philosophie de l’innovation.

Vision : il s’agit
de donner un nouveau sens à la marque ou au produit et d’imaginer une vision à
long terme en laissant de la place à l’imagination et au rêve.

Exemple pour Mac : les
valeurs d’Apple sont la créativité, l’innovation et l’anticonformisme : Think
different.

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