Par Vincent Rivalle (chroniqueur exclusif) – KDZ’ID (Accompagnement au développement de TPE et PME) – TRAD ONLINE (Associé – Société de traduction)
Longtemps, le complexe a été considéré supérieur au simple….Pourtant, être simple, faire simple, rendre simple n'a jamais été facile. Et aujourd’hui, la simplicité rassure, la simplicité repose, la simplicité se vend, la simplicité se retient et se diffuse bien.
Sous nos cieux, le complexe est souvent pris comme un signe d’intelligence. "Waouh, je n’ai rien compris à son exposé, mais ça avait l'air savant". Combien de chercheurs ont refusé et refusent encore de "vulgariser" leurs savoirs ? L’acte même de vulgariser (jusqu’au sens commun véhiculé par le terme) est souvent regardé d’un mauvais œil par beaucoup, chercheurs, philosophes, artistes, « sachants »,…Qui, soit sincèrement ne savent pas comment simplifier ou rendre audible et compréhensible leurs savoirs, soit ne souhaitent tout simplement pas ouvrir « leur » territoire aux autres…
La simplicité a traditionnellement mauvaise presse. L’évident, le simple, le limpide ont été très rarement considérés à leur juste valeur.
Et pourtant, depuis peu, la simplicité semble propulsée sur le devant de scène….Comme si nous devions souffler un peu.
Caméras numériques commercialisées avec un énorme succès autour d'une offre dont les attributs commencent par le mot "simple", téléphone fixe mobile proposé en ce moment autour du concept "simply", logiciels simplifiés (70% des fonctions n'étaient de toute façon pas utilisées), etc. Les produits « simples » fleurissent et remportent de belles victoires. On peut aussi les définir comme des produits qui remplissent un besoin bien défini, sans aller au-delà et tenter de proposer « encore plus ».
Est-ce parce que nous avons découvert que les ressources ne sont pas inépuisables, que nous sommes passés d'un monde infini à un monde fini ? Encore cette semaine, un récent rapport du Global Footprint Network montre que la terre met 18 mois à régénérer les ressources que l'Homme consomme en 12 mois. Est-ce parce que nous avons été noyés, voire étourdis/saoulés, par l'accélération du renouvellement des produits, des offres, des tentations toujours éphémères depuis une vingtaine d'années que nous voulons tous dire "Pause ! Stop ! Soufflons un peu" ? Est-ce encore parce que la complexification toujours croissante de notre environnement et des problématiques « modernes » tend à générer des incertitudes fortes et par rebond, un sentiment permanent d'insécurité ?
Qui sait. La simplicité est aujourd’hui une valeur qui prend de l’importance. Et qui devient une vraie clé d’entrée, que ce soit dans la définition des nouveaux produits ou services, que dans les messages et la communication.
Mais ne restons pas uniquement au niveau de la simplicité appliquée aux fonctions des produits (comme les exemples cités en début d’article). Allons un cran au-delà.
Responsables ou chefs d’entreprises, posez-vous les questions suivantes : « Puis-je expliquer en 2 ou 3 phrases mon offre à un prospect ? » – « Puis-je exprimer clairement à mes collaborateurs le positionnement que je souhaite donner à l’entreprise ? » – Et ainsi de suite….Faites l’exercice ! Il n’est pas anodin.
Certains managers aguerris ont acquis de l’expérience et ont aujourd’hui quelques réflexes salutaires (verbatim) :
« Un Powerpoint ? Jamais plus de 8/10 diapos. Une idée, un objectif, un message. Un chemin limpide tendu vers cette idée, cet objectif, ce message » – « Je reprends les présentations de mes collaborateurs et tout le travail consiste à enlever avec eux le gras, le « non essentiel », l’inutile… » – « Ne jamais citer au même moment plus de 3 atouts de notre offre…» – « Je choque toujours mes collaborateurs en leur posant cette question toute simple : c’est quoi LE message que vous souhaitez véhiculer ? »
La simplicité d’une offre est un gage de réussite. Savoir exprimer simplement et clairement ce que l’on fait, ce que l’on est, voire comment on le fait est essentiel. Ce travail est un travail salutaire à mener en équipe de direction et au-delà. Ce n’est pas un travail facile. Souvent, sous des simplicités évidentes se cache un énorme travail de réflexion, synthèse, découpe, intégration et désintégration…La simplicité est utile à l’offre, mais sert aussi la communication (interne et externe). Il est souvent très difficile de rassembler sous quelques mots bien choisis une offre, un positionnement, un objectif. Ce travail demande de faire de vrais choix, de prioriser, de renoncer… C’est une des vertus les plus immédiates de ce processus.
Et lorsque tout est clarifié, quel plaisir.
La simplicité a d’autres vertus. Elle est de plus en plus associée avec les notions de transparence, crédibilité, honnêteté, confiance…qui, depuis quelque temps, font souvent défaut…
Alors, n’est-ce pas une voie à explorer en ces temps de peu de sérénité ?