Il y a un an presque jour pour jour, j’avais écrit une note au sujet de la création de lafraise.com dans laquelle je tentais de répondre aux différentes questions que pouvait se poser un néophyte comme moi, désireux de se lancer dans le commerce électronique.
En un an beaucoup de choses ont changé sur le site, et je profite de ce beau et tranquille dimanche de septembre pour mettre à jour mon petit manuel, qui je le précise n’a pas d’autre prétention que celle d’aiguiller ceux qui souhaiteraient sauter le pas, et ouvrir une boutique en ligne.
Alors, quoi de neuf ?
1. Administratif
L’ensemble de la comptabilité a été confiée à un comptable, ce qui me permet d’une part de gagner du temps, de ne pas faire d’erreur ou d’omissions (puisque ce n’est pas mon métier, et que c’est pour le moins rébarbatif) et d’autre part de bénéficier de ses conseils en matière de gestion. Si vous vous lancez, je vous le conseil, c’est relativement cher (pour ma part environ 2000€ la première année, mais il est fort possible que vous les récupériez grâce à ses tuyaux). Mon statut est toujours le même, l’entreprise individuelle a été maintenue, pour des raisons fiscales, liée à l’emplacement de mon activité (réduction d’impôt sur le revenu pour les entreprises nouvelles à St Etienne). Il changera peut être (sûrement) avec le temps, l’entreprise individuelle n’étant pas ce qu’il se fait de mieux pour la protection du patrimoine personnel en cas de problème.
2. Les produits :
Initialement, pour ceux qui n’ont pas suivi l’aventure depuis le début, lafraise.com produisait des T-shirts à destination des férus d’informatique et de jeux vidéos (Geeks & Gamers). Progressivement, et avec l’apparition d’une galerie permettant aux graphistes de proposer leurs propres visuels, j’ai souhaité élargir les sujets abordés par les T-shirts, en reprenant sans m’en cacher l’excellent modèle américain de Threadless.com. Le site est donc actuellement beaucoup plus “grand publique” qu’auparavant, ce qui permet d’élargir considérablement son potentiel, tout en ayant conservé un trafic suffisant pour que le redémarrage ne soit pas trop laborieux.
3. La boutique :
De Powerboutique, qui est une bonne solution pour se lancer sans soucis (c’est un logiciel en ligne, propriétaire, qui permet de déployer une boutique facilement et sans connaissances particulières, et pour le prix d’un abonnement modéré) le site est passé sous un développement personnalisé à base d’osCommerce, une solution gratuite et Open-Source, qu’il faut héberger sur un serveur (actuellement un gros dédié chez OVH) et maintenu en permanence par mon compère Xavier, d’Axome.
Le problème était le suivant : je voulais que le site soit le plus ergonomique possible (j’y travaille d’ailleurs autant que je peux, même encore actuellement) et que les bases de données de la boutique, du blog, et de la galerie soient centralisées afin qu’une cohérence se dégage de l’ensemble. Et seul un développement personnalisé permet ce résultat.
4. Le paiement en ligne :
Après 9 mois d’activité, et les premières rentrées d’argent sur le compte, ma banque, la BNP, a jugé que j’étais finalement apte à signer directement avec eux un contrat de vente à distance (VAD), contrat qui permet de relier la boutique à un système de paiement en ligne, et qui est en France obligatoire pour tout commerce électronique. J’ai donc clôturé mon compte chez Klik & Pay (qui me permettait de palier à la non-obtention initiale) et bien négocié les taux proposés par la BNP à la baisse (c’est l’usage) afin que le pourcentage prélevé sur les ventes au final soit le plus bas possible. Comme quoi, les banquiers sont sympas (comme les routiers) mais ils ne prêtent malheureusement qu’aux riches, et encore …
5. La communication :
La chance qui a accompagné mon développement a été omniprésente. J’ai choisi, sans stratégie commerciale, il y a 2 ans de lier le blog à la boutique, et grand bien m’en a pris, puisque c’est un des vecteurs de communication qui draine le plus de trafic sur le site. D’une part parce que les gens viennent le lire de façon régulière pour connaître la suite de l’histoire ou se tenir informé des sorties de produits, et d’autre part parce qu’il a été mis en avant, comme exemple possible de l’utilisation d’un blog par de nombreux journalistes.
Pas un gramme de pub payante n’a été engagée depuis le début du site. A mon sens, si le site est intéressant (et il faut faire en sorte qu’il le soit, d’une façon ou d’une autre), la publicité traditionnelle même sur le web est inutile, elle est trop chère, trop peu rentable et trop utilisée pour être efficace dans mon cas. Par contre j’essaye autant que faire ce peut de maintenir de bonnes relations avec les personnes que je pense susceptibles de contribuer au développement du site, que ce soit des journalistes, des entrepreneurs, ou des personnalités. Par exemple, le passage sur M6 tout les matins d’un T-shirt sur le dos d’un animateur à un peu plus d’impact à long terme qu’une semaine de Google Ads. Et tout le monde peut y trouver son compte. J’en profite pour remercier tout ceux qui, parce qu’ils aimaient le site, m’ont proposé d’eux même de m’aider, car je n’ai presque jamais fais de démarches pro-active dans ce sens. Le choix des partenariats a été pour moi, un axe de développement, dans le sens ou je n’ai jamais ou presque accepté, que des partenariats valorisant en terme d’image (Microsoft, Celio …).
Le point le plus important de la communication, s’est fait, malgré moi. La confiance qui s’est dégagé de la boutique, du blog et de la galerie a généré un buzz viral qui s’est transmis de visiteurs en visiteurs, créant ainsi une vraie communauté gravitant autour de lafraise. Faire en sorte que les gens se sentent bien sur le site, être honnête, respecter les remarques faites par les utilisateurs du site ou les clients, animer le site, divertir les gens, et proposer sans cesse des nouveautés c’est le minimum syndical pour espérer obtenir un résultat (et encore sans assurance).
6. La relation client
En relisant mon billet de l’année dernière, on peut voir que ce point me tiens à coeur depuis le début. Je peux maintenant vous dire avec ma petite expérience, qu’il est capital. Rien ne change, ce n’est pas parce que l’acte d’achat se fait sur internet que les comportements en sont modifiés. La vente reste un contrat entre le marchand et son client, et le contrat n’est honoré que si le client est à 100% satisfait. Tout faire pour que ce soit le cas est une obligation (du choix du produit, à la livraison). C’est un impératif qu’il ne faut jamais perdre de vue, même si les ventes n’en sont pas forcement impactées immédiatement. Internet multiplie la vitesse de propagation des informations, et si vous êtes honnête, réglo et sympa, ça se sait très vite (l’inverse étant encore plus rapide). Mon choix en matière de relation client : Etre humain, et me mettre en permanence à la place du client (ça aide).
Epilogue :
Mon souhait en postant tout ça en libre accès sur le site, n’est pas de fanfaronner (bien que j’en sois quand même un peu fier) mais plus d'essayer faire tomber les barrières, et de rendre la création d’entreprise compréhensible, accessible, et ainsi re-motiver les personnes persuadées qu’elles n’ont pas les compétences pour se lancer. C’était mon cas il y a 2 ans, et j’imaginais que je serais incapable de surmonter la montagne de tracasserie administrative, ou que je n’aurais pas l’âme d’un gestionnaire et pourtant j’y arrive quand même.
Le chiffre d'affaire de ma petite boutique est passé de 8000€ (au mois de mars 2004) à 48000€ (en juillet 2005), je viens d'engager une première personne, et mes soucis actuels sont plus liés à l'approvisionnement qu'à la vente en elle même. Donc tout va bien, j'ai eu beaucoup de chance, j'ai beaucoup travaillé, mais ça démontre que c'est possible, et surtout possible en partant de rien.
Le fait d’être décisionnaire sur tous les points dans son entreprise, permet de faire réellement avancer les choses comme on le souhaite. J’ai 35 ans, je n’ai par exemple jamais voté (à aucune des élections), je ne crois pas en dieu, mais plus les mois passent, plus je me dis que c’est sous cette angle la, que je peux (à ma façon bien sur, et dans la mesure de mes petits moyens) faire évoluer les choses. Comme si j’étais passé du stade de figurant, à celui d’acteur. Venez me rejoindre …