L'interview Envie d'entreprendre par Olivier Marone, créateur et responsable du site
Présentez vous ainsi que votre entreprise.
Je m’appelle Marie Burlot, j’ai tout juste 18 ans et je viens de passer le Bac.
Ma particularité ? Je suis entrepreneure depuis 1 an et demi !
J’ai en effet lancé la société Ferret Dream Company le 28 novembre 2009, alors que je n’avais que 16 ans.
Ferret Dream Company est plus qu’une simple société, c’est une marque que j’ai créée. Je fais réaliser en France, par des couturières handicapées, des accessoires pour animaux, spécialisés pour les furets comme son nom l’indique.
Les articles mis à la vente sur le site www.ferretdream.com ont tous une qualité irréprochable, garantie par la fabrication française ainsi que par le soin apporté aux détails ( la nouvelle collection ne comporte que des articles aux coutures invisibles, c'est-à-dire qu’ils sont à la fois réversibles et en plus totalement sécurisés pour éviter que votre animal ne se prenne les griffes dedans ).
La gamme pour chiens et chats est en cours de développement et sera certainement proposée à la vente avant la fin de l’année.
Le point de départ de Ferret Dream Company.
Dès mes 15 ans l’idée de Ferret Dream Company a commencé à germer dans mon esprit.
J’étais lassée des accessoires pour furets qu’on trouvait en animalerie, ils n’étaient pas très esthétiques et ne tenaient pas le choc plus d’un mois. C’est alors que j’ai commencé à pianoter sur internet, et le lendemain je me retrouvais pour la première fois de ma vie dans un magasin de tissus.
J’ai appris la couture, d’abord à la main, et j’ai commencé à réaliser pour mon animal mes premiers articles. Une fois que j’ai commencé à prendre le coup, j’ai recherché d’autres types de modèles à confectionner. Je suis ainsi tombée sur des forums avec beaucoup plus de personnes dans mon cas que prévu ! C’est à ce moment que la petite ampoule s’est allumée au-dessus de ma tête…
Après une étude de marché en secret, j’ai pu confirmer la demande existante et non satisfaite. Je l’ai soumise à mes parents, et je pense que vous imaginez bien la suite.
Je n’ai donc pas cherché à tout prix une idée d’entreprise, elle m’est simplement apparue comme une évidence un soir d’hiver !
La création de votre société fut-elle plus dure que prévu ?
Une fois le projet validé, est venu le temps de monter réellement l’entreprise.
J’ai voulu prendre mon temps pour ne pas que mes études en pâtissent ( je les continue toujours en parallèle de la société, ce qui est très important pour moi et mes parents ), j’ai ainsi mis environ 1 an pour effectuer toutes les recherches : fournisseurs, sous-traitants, contacts avec les banques, apprentissages divers et variés ( la comptabilité, le droit des entreprises et sur internet, les codes informatiques, les bases du marketing etc… ), visite de salons sur les thématiques liées à l’entreprise… Le plus dur dans tous ça a été le poste de confection, j’ai eu plus de mal que prévu à trouver des couturières pour me réaliser ces accessoires. Il est vrai qu’il y avait certaines exigences et certaines contraintes qui ont joué.
Je m’attendais à devoir m’imposer plus dans les rapports que j’allai avoir avec les autres professionnels. Or contrairement à ce que beaucoup de jeunes peuvent penser, moi y compris, il s’opère plutôt une sorte de « discrimination positive » si vous savez délivrer correctement un message de sérieux. M’étant en effet beaucoup renseignée, j’étais capable de leur montrer ma volonté, ainsi que ma maturité et ma débrouillardise. Il faut renvoyer une image de soi permettant de faire abstraction de votre âge, et ce n’est pas forcément l’opération la plus aisée, elle demande du temps et beaucoup de connaissances. Contrairement à des adultes, vous avez des choses à prouver, et on vous en demandera plus. Mais comme tout bon chef d’entreprise vous le dira, rien n’est impossible si on le veut vraiment, votre motivation fera la différence.
A refaire, concernant votre entreprise, vous referiez quoi ?
A refaire ? J’avoue pour le moment prendre le temps de bien faire les choses, de donner de bonnes bases à l’entreprise, et pour l’instant je n’ai pas de regrets importants. J’aurais bien sûr aimé voir peut-être plus grand plus vite car je suis devenue une vraie radine avec cette société, et je n’ai pas vraiment osé engager assez vite certains frais ( je le fais encore mais je me soigne ) ! Mais j’ai aussi conscience des contraintes auxquelles je dois faire attention : mes études. Et il ne faut décrocher ni de l’un ni de l’autre, la spirale peut vite vous emporter car c’est très grisant.
J’en suis toujours à la phase de développement, qui devrait s’opérer réellement cette année, donc je pense que je n’ai pas encore assez de recul pour faire un vrai bilan à ce stade. Mais ça veut dire aussi que je n’ai pas fait trop d’erreurs pour l’instant, et ça c’est déjà une bonne nouvelle !
Pour vous, un client Ferret Dream Company est un client…
En recherche de qualité, partageant nos principes sur la fabrication française ainsi que sur nos valeurs écologiques. Nos clients cherchent l’alliance optimale entre le confort de leur animal, la durabilité des produits et leurs prix. Pour le reste, je garde ça pour les statistiques internes au site ;)
Votre meilleur souvenir d'entrepreneur.
Le plus mémorable est sans doute celui de la première commande.
Cette entreprise m’a amenée à faire des rencontres incroyables, à participer à des évènements fantastiques, en un an j’ai déjà amassé tellement de souvenirs exceptionnels…
Un grand moment de ma vie d’entrepreneure sera sans doute ma présence en tant que représentante de l’écosystème entrepreneurial français au G20 YES ( Young Entrepreneur Summit ) de Nice en fin d’année. Je ferai partie de la délégation de notre pays, moi la jeune Bretonne, la plus jeune aux côtés de patrons rôdés de PME de plusieurs centaines de salariés ! Je n’en reviens toujours pas, c’est un réel honneur de pouvoir représenter mon pays, et de pouvoir agir concrètement pour tenter de valoriser l’entrepreneuriat aux yeux du monde. Nous aurons, de plus, la chance de rencontrer le Président de la République en personne. Cet évènement s’annonce fort en émotions !
"LE" conseil à donner à un futur entrepreneur.
« Prenez vos décisions en fonction d’où vous allez, pas en fonction d’où vous êtes. » James Arthur Ray
Ce sera ma citation du jour !
Je suis une gamine de 18 ans, perdue dans un village de 500 habitants en Bretagne, avec un bon parcours scolaire, en somme je suis terriblement banale.
Ce que je vois maintenant, c’est ce que j’ai fais de ce point de départ : je suis une jeune businesswoman avec un an et demi d’expérience à 18 ans, je dirige une entreprise qui va se montrer viable, j’ai des rêves plein la tête mais je reste assez éveillée pour les réaliser et ainsi je me retrouve à participer à des conférences, devant plus de 1000 personnes pour la plus importante, à rencontrer certaines personnes que je n’aurai jamais penser pu approcher, à viser la lune et à réaliser tout de même mes objectifs.
Ne trouvez plus d’excuses pour dire que vous n’êtes pas prêt, les grands entrepreneurs de ce monde n’ont pas commencé tout en haut de la montagne, ils ont dû la gravir à leurs risques et périls !
L'entreprise existante que vous auriez aimé créer ?
Meetic a connu un succès fulgurant, elle est passée de 1 à 186 millions de CA en 8 ans. Son fondateur est également le mythique Marc Simoncini. C’est un concept qui peut s’exporter au niveau international, autour d’une thématique en vogue qui touche tout le monde à un moment où un autre. C’est aussi un pari réussi, à l’époque ( et toujours à présent ) il a fallu convaincre qu’on peut lier des sentiments via internet, c’était une toute autre vision, une nouvelle utilisation à laquelle habituer la population et on ne peut que rester rêveur face à la capacité de cette entreprise à faire adopter de nouveaux comportements et saturer un marché en si peu de temps.
L'entreprise de vos rêves ferait quoi ?
L’entreprise de mes rêves aurait une certaine vision de la société, une éthique. Qu’elle soit grande ou petite elle serait animée par la volonté d’améliorer le monde. Elle développerait un produit qui arriverait à toucher une large part de la population, pourquoi ne pas créer une communauté d’adeptes comme celle opposant les Iphone aux Blackberry !
L’entreprise de mes rêves j’ai encore le temps d’y penser, et de la réaliser ! Je n’ai pas de thématique spécifique, je n’ai pas d’idéal particulier. L’entreprise parfaite est une vision assez floue pour l’instant, je m’inquiète plus d’améliorer autant que possible celle existante.
"L'idée" entrepreneuriale du siècle ?
Je suis à la limite temporelle mais on ne m’en tiendra pas rigueur je pense : le moteur V8 initié par Henry Ford.
Il faut réellement remonter un siècle en arrière, mais ce moteur, même si je suis loin d’être une férue de mécanique, rassemble en lui-même les valeurs de ténacité, de persévérance, de créativité et d’avant-garde de son créateur.
Je lisais récemment un livre de Napoléon Hill, et j’ai pris conscience de la foi qu’Henry Ford avait en lui et sa capacité à dépasser les obstacles par l’imagination créatrice. Il a fait travailler ses ingénieurs pendant des années pour couler un moteur 8 cylindres d’un seul bloc. Tout le monde lui répétait que c’était impossible et il leur répondait : « Faites-le quand même ! ». Son obstination a vaincu l’obstacle quand un beau jour ils trouvèrent la solution.
Un modèle d'entrepreneur ?
Guy Kawasaki est quelqu’un de très inspirant. Je n’ai pas eu l’occasion de lire un de ses livres jusqu’ici, mais j’ai pu voir certaines de ses conférences et il sait parfaitement susciter certaines émotions chez l’entrepreneur. Ces temps-ci je suis assez admirative de ces « speakers » qui savent si bien entrainer des foules et motiver, sans doute parce que j’aimerai beaucoup me former à cet art !
Sinon je viens de découvrir des parcours tels celui de Christian Owens, 16 ans et déjà millionnaire grâce à sa société, ou encore Alex Tew, fondateur de la fameuse « Million Dollar Page » qui a réussi à gagner beaucoup d’argent avec un concept pour le moins gonflé !
Microsoft, Apple ou Google ?
J’opterai pour Google, ils ont réussi à créer un monopole extraordinaire sur leur marché, et ont surtout réussi à faire de leur solution un « Must-have » plutôt qu’un simple « Nice to have ». Google concentre les savoirs et expériences du monde entier et apporte une réelle valeur ajoutée, tout en créant une communauté de fidèles accessible par le plus grand nombre, et réunissant une variété immense de profils.
En somme, Google a mis tout le monde d’accord, et ça c’est exceptionnel.
Un petit portefeuille boursier ?
Avant d’avoir cette idée, je pensais me faire les dents quelques années dans le monde de la finance. La Bourse m’a toujours passionnée et intéressée, ainsi depuis mes 15 ans je gère mon petit portefeuille que je fais fructifier au fur et à mesure. Je n’ai pas les données exactes sous les yeux, mais j’ai au moins multiplié par 3 mon investissement de départ. Ce n’est pas la croissance du siècle, mais c’est déjà satisfaisant quand on le fait en dilettante.
"L'envie d'entreprendre", de tout jeune ?
L’anecdote qui vient sans doute à propos est celle ( vidéo à l’appui ) où l’on me retrouve dès mes 2 ans à préférer lire la « Revue Fiduciaire » de mon père plutôt que mes livres d’images !
Le mot de la fin.
Souvenez-vous qu’il n’appartient qu’à vous d’enfoncer les portes qu’on peut vous fermer ( promis on ne vous prendra pas pour un malotru ! ).
EE – Octobre 2011
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