Par Andree Fraiderik-Vertino (chroniqueur exclusif) – Business Madame
Bonjour, mon nom est … Non ne passons pas tout de suite aux présentations, nous aurons le temps de faire mutuellement connaissance au fil des chroniques qui me seront confiées. Comme vous, je lis chaque matin, Envie d’entreprendre et au travers des parcours et témoignages je suis les (més) aventures de Nicolas Dochter ou Peggy André. Pour autant, même si certains chroniqueurs sont des femmes (Béatrice Michaux de Bebobio, Christelle Levasseur de Super-grandparents …), j’ai la mission de traiter de l’entreprenariat au féminin et pour cause je suis à l’origine de Business Madame, Féminin de Culture Business, projet qui s’intéresse au management et à l’entreprenariat au féminin. Cette première chronique touche à ces deux sujets.
A quelques mois de la cinquième édition du Women’s Forum de Deauville et deux mois après la journée de la femme, petit bilan et état des lieux. Où en est on de la vision de la place des femmes dans la société et plus précisément sur le plan professionnel ? Quelles initiatives ? En mars dernier je participais à plusieurs événements organisés par le Cercle Inter-Elles (co-fondé et co animé par Orange, Lenovo, Areva, Air Liquide, EDF, Thales, Schlumberger, General Electric et IBM) mais également la remise des prix de la Fondation L’Oréal For Women In Science et les dix ans du programme, et la clôture de la première promo Essec Entreprendre au féminin.
Bref si le 08 mars tombait un dimanche sur le calendrier, la semaine 10 ne fut pas un long week end oisif.
A la Cité des Sciences de Paris, se tenait le congrès annuel du Cercle InterElles, confié cette année à Orange et dont le thème était « Réussir au féminin : une chance pour l’entreprise », et qui plaçait donc l’enjeu de la carrière des femmes dans la sphère professionnelle au registre de la diversité. Un dessinateur humoriste intervenait en direct et commentait par des illustrations les propos abordés (très sérieux) lors du séminaire.
Exemple choisi :
« Françoise, en 2009, je souhaiterai qu’on embauche au moins une femme de père kenyan et de mère américaine » auteur Délize.
Humour mis à part, les questions de l’ascension, et du recrutement des femmes sont classées dans la boîte ‘diversité’ (au même titre que pour l’employabilité des personnes handicapées, faudrait il un Jamel Debbouze au féminin ?) et s’inscrivent dans les programmes de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise). Suivent également, les sujets tels l’accompagnement des moments de vie comme les naissances, mais aussi la formation et le positionnement en vue de futures responsabilités. Si de grands groupes tels ceux qui co-animent les réflexions du Cercle InterElles traitent sérieusement (en avouant des échecs et beaucoup de progrès à faire) ces problématiques il n’en va pas forcément de même dans toutes les structures ; certains groupes peuvent soutenir de belles initiatives externes via leur fondations par exemple et pour autant échouer en interne.
Pour ce qui est des projets de fondations citons, les onze ans du prix For Women in Science crée par L’Oréal (et l’Unesco) et aujourd’hui placé sous l’égide de sa très récente fondation d’entreprise et reconnu dans le monde entier comme une initiative majeure. Pas seulement par les 57 lauréates qu’il a récompensé mais aussi par la sphère scientifique qui salue le travail accompli et la réponse que cette opération apporte en terme de visibilité sur les recherches menées par des femmes scientifiques. Un autre point soulevé et commun à tous les événements auxquels j’ai participé pendant cette folle semaine (la fameuse semaine 10), est la demande des femmes et cela tout domaine d’activité ou tout niveau confondus (mais forcément plus en haut – ‘its lonely at the top’ syndrome), de modèles. De ‘role model’, si vous préférez, c’est à dire des personnalités dans les affaires, dans sa propre entreprise, son environnement ou dans les médias, qui soient des femmes ayant réussi. Ou sur le point de réussir. Ou tout au moins qui entreprennent … que ce soit une carrière dédiée à la recherche ou l’escalade des échelons de l’entreprise pour se hisser au sommet. L’on ne se place donc pas dans une problématique de revendication mais plutôt dans une stratégie de motivation, d’encouragement à. Le Professeur Tebello Nyokong (lauréate 2009, Prix L’Oréal-UNESCO 2009, pour l’Afrique et les pays arabes dans les sciences physiques) répète de séminaire en conférence, qu’il ‘faut laisser les enfants casser, démonter leurs jouets, les objets. Qu’ils s’amusent ensuite à les remonter. Les laisser avoir envie d’expérimenter, de comprendre ‘comment cela fonctionne t il?’’. En espérant que plus tard ils s’orientent vers une carrière scientifique. Si pour les filles, il y a en plus un modèle féminin alors l’on peut espérer à l’avenir voir plus de femmes se diriger vers la recherche. Dans le même cadre du prix L’Oréal-Unesco, un sondage conduit par TNS Sofres, abordant la question de la représentativité des femmes chercheurs au niveau international souligne le manque de modèles, les interrogés ayant du mal à citer d’autres femmes que Marie Currie …
Autre dénominateur commun, à toutes les conférences auxquelles j’ai assistée, la médiatisation. Non pas au sens de ’15 minutes warholiennes’, mais dans le sens où à niveau de réussite égale, les femmes ont moins tendance que les hommes à communiquer et médiatiser (parfois même dans leur propre groupe ou entreprise) leur évolution. Une des clés de la réussite est la communication sur son travail, sur ses recherches, ses résultats. Nul besoin d’avoir découvert un rétro virus, ou été nominé PDG de l’année, mais plutôt de saisir pro activement les opportunités d’échanger avec vos partenaires, concurrents, en profitant des salons professionnels, des conférences etc Entreprenez et faites le savoir !
La banque et les femmes :
Quelques mois auparavant, la banque privée suisse Pictet qui venait d’ouvrir son bureau parisien, lançait sur le marché une offre de service bancaire haut de gamme dédié aux femmes ‘fortunées’ et disposant d’un patrimoine (personnel, hors actifs détenus par leur conjoint) de un million d’euro au minimum. Parmi elles, annonçait la banque, certaines de leurs clientes de l’époque étaient elles même à l’origine de leur enrichissement via la création d’entreprise ou grâce à un excellent parcours. De l’autre coté des Alpes, la Bred proposait une version plus modeste de communication de ciblant les femmes actives, avec une vision de Blanche Neige faisant de ses sept nains des cadres dynamiques produisant plus de 5 fruits par jour. Clip publicitaire continuant donc la saga initiée par le groupe bancaire également à l’origine de la première carte bancaire spécifique aux femmes, Affinity. Grand écart marketing, offres produit très différentes pour des clientèles différentes aussi, mais surtout des annonceurs qui choisissent de cibler les femmes actives. Les médias éditoriaux ou publicitaires participent donc de cette construction de l’imaginaire lié à la représentation sociale des femmes. afv