L’industrialisation, c’est aussi conduire le changement

La conduite de changement est une composante clé de tout projet d'industrialisation. Au même tire qu'un projet informatique ou la création d'un service, l'industrialisation doit se pencher sur son client le plus important : l'usager !

Nous sommes le 2 septembre, c'est la reprise de la production après trois semaines de fermeture. L'équipe du matin arrive dans l'atelier et découvre avec étonnement que la ligne de production a été remplacée durant l'été. Alors oui, ils ont maintenant des postes de travail neufs et rutilants qui ont coûté un bras. Par contre, si l'on se met à l'écoute des voix qui s'élèvent on entendrait que : les sièges assit-debout ne sont pas mieux que les anciens, que les emplacements pour poser les sacs à main et les bouteilles d'eau ont disparu, que les outils sont placés trop loin et que les gauchers ne peuvent plus travailler sur la moitié des postes, que les cartons de pièces sont inaccessibles, que la ligne va trop vite, que l'on n'a plus personne en face pour discuter, Etc. Idem avec l'équipe d'après-midi. Idem avec celle de nuit.

Légitime ou pas ? En tout état de cause, au delà des mécontentements, cette situation impacte fortement les relations dans l'entreprise et l’appropriation des nouveaux outils de production par les équipes. Derrière, ce sont les volumes et la qualité qui ne seront pas au rendez-vous.

Conduire le changement tient pourtant en 3 mots : communication, implication, formation.

Dès la validation de la faisabilité du projet, communiquer à l'ensemble de l'entreprise les objectifs et les configuration prévisionnelles de la nouvelle ligne permettra d'expliquer posément, et sans être dans l'urgence d'un redémarrage, les enjeux de la modernisation de l'outil de production pour l'entreprise : pérennisation, développement, Etc. Faire cette communication dans les phases amont du projet permet en outre de renforcer l'identification des points à risques, des contraintes, Etc. A ce niveau, du terrain serait remonté les problématiques des gauchers et la volonté de laisser les postes opérateurs en face à face, la cohérence ou non des nouveaux flux logistiques.

To do list : réunion du personnel, lettre d'information interne, affichage de l'avancement dans l'atelier.

 2 – Implication

Au cours du projet, impliquer dans l'équipe projet des personnes des différentes équipes de production, du service maintenance, de la logistique peut paraitre éloigné des problématiques techniques auxquelles va être confronté le chef de projet. L'implication de ces personnes dans l'équipe va permettre au contraire de valider plus rapidement le process, en direct avec les usagers, par le biais de prototypage des postes de travail, et par les discussions qu'ils auront ensuite avec dans leurs équipes. A ce niveau, les problématiques ergonomiques, les souhaits de disposer d'emplacements pour les sacs et les bouteilles, la possibilité de mettre des ventilateurs l'été auraient été soulevés.

To do list : constituer une équipe projet, faire du prototypage de poste, impliquer l'équipe pendant les réceptions.

3 – Formation 

La prise en main et l'appropriation des nouveaux équipements par les équipes ne peuvent pas être laissées au hasard. Les équipes de maintenance vont devoir bénéficier de formations complémentaires ou de réactivations. Pour la production, un redémarrage progressif peut être mis en œuvre, soit avant la reprise officielle, soit juste après. La durée dépend bien entendu de la complexité des nouveautés à appréhender. A ce niveau, a montée en cadence progressive permettra à l'ensemble des équipes à se familiariser avec l'outil.

To do list : planning de production avec montée en cadence progressive, formations techniques.

L'aspect technique du projet d'industrialisation n'est pas sa seule composante. Communiquer, impliquer et former sont trois autres aspects à prendre en compte pour favoriser l'appropriation de l'outil, mais aussi sa bonne définition dès le départ en réduisant les aléas.