Un français en Chine : interview de Jérôme Chamont d’Amplexio

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Par Sophie Januel (chroniqueur exclusif) – Facilitateur en "Gestion et organisation Back-office PME" pour entreprises agiles !

L’art des rencontres est de cultiver les liens faibles, résister à l’attractivité des ressemblances fortes. Rencontrer celle, celui différent. Au hasard de la soirée TechCrunch en janvier dernier, rencontre à Paris avec un entrepreneur de l’Aube, fondateur créateur d’entreprise en Chine. Intriguée, j’ai posé quelques questions à Jérôme Chamont D’Amplexio (Technopole de l'Aube en Champagne).

1 ) Quelle est votre activité ?

Amplexio est le créateur d’un nouveau système en réseau, favorisant la communication et la collaboration dans l’entreprise. L'idée principale est de faciliter l'adoption de nouveaux aplicatifs de communication et de travail collaboratif. Il repose sur l’usage de serveurs, contenant les applications et les données de l’entreprise et d’un outil innovant, le «Dock», moyen de connexion aux serveurs.

Grâce au Dock, dont l'ergonomie et la simplicité reprennent le principe des outils grands publics, amplexio apporte une solution novatrice et permet aux entreprises d'effectuer cette transition vers des outils de collaboration moderne.

Très peu d'entreprises à part de grands comptes ou quelques PME pionnières, ont pris le parti de mettre en place des applications qui sont pourtant largement répandues dans la sphère privée.
Certaines PME commencent à percevoir les améliorations possibles dans la productivité, la réactivité, les échanges, la gestion de projet (outils équivalents à skype, msn, etc…) mais restent frileuses un peu par manque de moyens financiers ou de comptences internes, mais surtout en raison d’une appréhension culturelle.Un frein à dépasser rapidement, une nécessité face à l’arrivée des « digital natives » dans les entreprises de nouveaux collaborateurs, qui s'attendent à retrouver ce genre d'application dans le monde professionnel et imaginent mal que l'on puisse uniquement utiliser – mal – les emails.

2) Comment avez-vous lancé votre business en Chine ?

Ma femme a obtenu un poste en chine pour travailler à Wuhan au service culturel au Consulat Général de France. De nombreux francophones sont présents à Wuhan dans les universités, la ville est jumelée avec Bordeaux !
J'ai donc arreté mon activité en France pour la suivre, la période devait être courte et finalement nous y sommes resté quatres ans. J’ai saisi l’opportunité du « champs des possibles.

Notre business en Chine a commencé par la création, en 2002, de la société informatique Netk5 à Shanghai. Les sociétés étrangères qui viennent en Asie ont souvent besoin sur place d'équipements et de solutions informatiques, et éprouvent des difficultés, surtout au démarrage, à travailler efficacement avec des sociétés chinoises (différence culturelle, langue, méthode de travail). Netk5 est donc un bon compromis pour une société souhaitant s'implanter rapidement en Asie du Sud-est, et ne possédant pas de service informatique interne. Le projet Amplexio est au départ le développement d'un logiciel facilitant la mise en place d'outils de communication et de collaboration pour ces sociétés implantées en Asie. Le Dock aide à la fois les entreprises dans leur travail quotidien et facilite également, pour une SSII, le déploiement d'une solution sur-mesure.

3) Quelles sont les différences culturelles selon vous les plus marquantes dans votre expérience avec la Chine?

D'un point de vue professionnel, les différences culturelles aboutissent à des rapports au travail complètement différents :

Au niveau du style de management : obéissance à son supérieur, centré sur l’autorité et centralisé, très intuitif pour les Chinois ; égalité, rationalité, et objectivité pour les Français.

Au niveau de la vie personnelle et professionnelle : aucune frontière n’existe entre la famille et l’entreprise en Chine, tandis que la séparation entre vie personnelle et vie professionnelle reste très forte pour les Français.

4) Comment vos partenaires chinois semblent percevoir les Français travaillant en Chine ?

Principaux points forts reconnus : Le professionnalisme, l’attitude peu hiérarchique, de bonnes méthodes de travail, le sens de l’initiative et des responsabilités.
Cependant, de nombreux points d’amélioration subsistent : le sentiment de supériorité et d’arrogance, le manque d’écoute et la méconnaissance de la culture « business » chinoise.

D’autres caractéristiques du manager français sont également critiquées : le peu d’attention portée au relationnel, le style trop direct et toujours critique, le manque de rigueur par rapport aux règles qu’il fixe lui-même, la difficulté à reconnaître et à récompenser les compétences et, enfin, l’encadrement et le suivi insuffisant.

Les mauvaises relations avec le management français sont souvent le résultat du sentiment de n’être pas respecté (« donner de la face »). Les salariés chinois travaillent souvent pour un manager plutôt que pour une entreprise, d’où l’importance cruciale d’un style de management personnalisé qui satisfasse leurs attentes.
Pour optimiser son efficacité professionnelle, le manager français doit miser sur les relations : fonctionner en réseau, accepter l’interdépendance, faire confiance et susciter la confiance. Il doit se mettre en posture de donner pour recevoir (de la « face », des services).

Les clichés "romantiques" concernant la France, qui ne sont pas toujours positifs, sont peu présents dans les relations professionnelles. Les Chinois ont tendance à cataloguer les pays en fonction des domaines technologiques, l'informatique pour les États-Unis, l'automobile pour l'Allemagne… De nombreux Chinois voient dans la France de la modernité, de la qualité, des possibilités de partenariats constructifs, par exemple, de nombreux architectes français travaillent en Asie, et ils ont une très bonne image de marque. Les secteurs de l'énergie et de l'environnement sont également très bien représentés par les Français.

5) Qu'aimeriez (re)faire ou changer dans votre démarche entrepreneuriale ?

Dans le cadre d'une démarche de montage de société, il est important de commencer par très bien étudier son marché cible et bien définir dès le départ sa stratégie marketing, car c'est elle qui va influencer les développements futurs. Dans le cadre d'Amplexio, nous sommes parties d'une solution technologique pour ensuite aboutir à rechercher des clients, ce qui n'est pas forcément la meilleure solution dans la période actuelle.

La recherche de financement plus en amont se révèle avec le recul, nécessaire surtout dans le cadre de développement logiciel ».

Une modernité soutenue par la souplesse du roseau …Et vous avez une expérience de changement, d’audace d’entreprise à partager ?

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