Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
Tentons d’y voir un peu plus clair sur les marchés boursiers.
Ce que nous constatons d’emblée, c’est une forte volatilité des cours des actions avec un mouvement net à la baisse.
1. La volatilité est directement liée au climat de grande incertitude qui agite les sphères économique et financière : la Bourse déteste cela et donc, au gré des nouvelles, peut partir tout aussi brusquement que provisoirement à la hausse ou à la baisse. De quoi en tous cas rappeler aux investisseurs que la Bourse est et demeure risquée.
2. Cela ne vous aura pas échappé : la Bourse a lourdement chuté depuis le début de l’année, le CAC 40 abandonnant près de 40% au moment où j’écris ces lignes (mardi 21 octobre). La transformation de la crise immobilière (dite crise des « subprimes ») en provenance des Etats-Unis d’abord en crise financière (avec le point d’inflexion qu’a constitué la chute de Lehman Brothers) et puis en crise économique a contaminé le monde entier. Rien d’étonnant à ce que les bourses européennes, y compris la française, aient trinqué.
Fort bien ! Et maintenant que faire ?
Pour répondre à cette question, il faut s’en poser une autre, fondamentale : « Sommes-nous partis pour que l’actuelle menace de récession se change en réelle dépression économique de longue durée, à l’instar de ce que les Etats-Unis ont connu dans les années 1930 ou de ce que le Japon a traversé dans les années 1990 ? ».
La réponse à cette question détermine en fait ce que doit faire l’investisseur.
Si s’amorce une longue dépression économique (accompagnant sans doute une large redéfinition du capitalisme, à tout le moins dans sa composante financière), alors sans doute le cours actuel des actions est-il encore trop élevé.
Par contre, si nous avons à faire à une récession, même un peu plus longue que d’habitude (disons maximum de l’ordre de 18 à 24 mois), la baisse déjà réalisée des cours boursiers est une opportunité à saisir pour étudier les dossiers d’entreprises de qualité, avec des finances suffisamment saines que pour traverser sans trop de mal la récession et avec des produits/services assez estimés que pour n’être pas oubliés lorsque la reprise surviendra. Car, un élément important ne doit jamais être perdu de vue : la Bourse anticipe, ce qui signifie que, dans ce cas, elle n’attendra pas la sortie effective de récession pour entamer sa remontée.
Mon sentiment (à ne pas confondre avec la Vérité, toujours fuyante en Bourse) ? Les mesures prises par les gouvernements du monde entier pour juguler la crise financière devraient également tempérer la dureté de l’impact sur l’économie dite réelle. Je ne crois pas en l’hypothèse d’une dépression lourde. Certes, la confiance fait encore défaut et il va falloir vivre dans un système qui recourra moins largement à la dette comme moteur de la croissance. Mais le capitalisme est habitué à muter régulièrement, et plus ou moins rapidement, après chaque crise. Penser que cette fois-ci, ce serait différent n’est sans doute pas un pari raisonnable.
Cela n’empêchera sans doute pas la volatilité de rester forte à court terme. Mais, après la glissade boursière à laquelle nous avons assisté, il y a aujourd’hui davantage d’éléments qui plaident pour voir le bout du tunnel. Alors, oui, la tendance devrait être sur le point de s’inverser. Restez néanmoins rigoureux dans vos critères de sélection et de valorisation : plus votre marge de sécurité sera importante à cet égard et mieux vous vous porterez.