Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
Si vous êtes (ou si vous avez l’ambition de devenir) un investisseur
boursier actif, votre problème numéro 1 ne fait aucun doute : la surcharge
d’informations de toutes sortes !
Journaux, pages imprimées en provenance d’Internet, rapports annuels
d’entreprises : vous serez très vite débordé, faites-moi confiance. Les
deux impératifs d’urgence sont : primo, jetez tout document dont vous
doutez du réel intérêt ; secundo, trouvez un système de rangement efficace
qui vous est propre. Inutile d’archiver pour le plaisir : avec
l’expérience, vous vous rendrez vite compte que vous relisez rarement deux fois
la même information sauf s’il s’agit vraiment d’une référence précieuse.
En ayant à l’esprit le besoin de garder l’essentiel de votre
travail, je vous invite à acheter un petit carnet (de la taille maximale d’un
livre de poche) à garder près de vous et à organiser en trois parties distinctes.
Dans la première partie, vous consignerez tous les critères
que vous jugez utiles pour bien choisir une action. C’est une « check
list » fort à propos qui vous évitera de vous précipiter tête baissée dans
l’achat d’une action, surtout à l’heure où les courtiers en ligne proposent des
ordres instantanés. Quels sont ces critères ? Tout dépend du type
d’investisseur que vous êtes : tout comme il y a plusieurs chemins pour
aller à Rome, il y a plusieurs façons d’être un investisseur heureux. En me lisant
depuis quelques mois, vous vous serez sans doute aperçu que je suis plutôt un
investisseur de type « value » (tentant de repérer des actions à bon
marché tout en acceptant un risque mesuré). Mes critères ont donc pour noms ratios
de valorisation, rendement sur dividende, respect des grands équilibres
financiers et rejet des risques inutiles (ceux qui sont en moyenne non payants).
Pour vous, il en sera peut-être autrement. Surtout, cette liste est appelée à
s’enrichir au gré de vos expériences : notez que vous apprendrez nettement
plus de vos erreurs que de vos succès. En toute hypothèse, il est indispensable
que vous restiez fidèle à votre philosophie d’investissement : respectez
les critères que vous aurez définis si vous avez constaté qu’ils donnent, en
moyenne, de bons résultats. Celui qui change de méthode trop souvent finit
souvent sans le sou !
Il est rageant de passer du temps sur une action pour finalement
décider, à la fin d’une analyse exhaustive, de ne pas l’acheter. Souvent, cette
décision ne sera due qu’à l’un ou l’autre point qui vous aura chagriné. Tout un
travail pour rien ? Non ! La seconde partie du carnet vous
servira de « purgatoire » pour y noter toutes les actions qui ont
satisfait à une majeure partie de vos exigences mais pas à toutes. Veillez bien
à synthétiser les résultats de votre analyse en indiquant clairement les
critères qui ont fait défaut. Et par la suite, de temps à autre, reprenez cette
liste d’actions : il se pourrait bien que le problème que vous aviez
soulevé ait trouvé sa résolution au bout de quelques mois. Mais, ici,
attention ! Le monde économique est en mouvement. Admettons que le
problème pour telle action était son prix que vous trouviez trop élevé et que
deux mois plus tard, vous jugiez ce prix intéressant. C’est très possible,
surtout en ces temps de forte volatilité. Mais le feu vert à l’achat n’est pas
garanti pour autant ! En effet, la situation de cette entreprise peut avoir
changé, avec par exemple l’apparition d’un nouveau risque (fragilité
financière, perte d’un client important, etc.) : vérifiez donc si vous
êtes toujours à l’aise sur tous vos autres critères.
Enfin, et ici cela ira plus vite, la troisième partie sera
consacrée aux actions que vous possédez. D’un coup d’oeil, vous devez pouvoir
apprécier l’ensemble de vos positions, d’un point de vue quantitatif (argent
investi) et qualitatif (diversification). N’hésitez pas à préciser, à côté de
chaque position, l’un ou l’autre ratio de valorisation qui vous indiquerait
l’opportunité de vendre. Indiquez aussi régulièrement l’importance de votre
portefeuille d’actions par rapport à l’ensemble de vos actifs financiers
(livret A, comptes à terme, obligations, sicav, …) de façon à rééquilibrer au
besoin votre épargne selon votre profil d’investisseur.