« Petite chronique boursière » : La Bourse, une simple question d’argent ?

Vincent_colot
Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Celui qui
investit en Bourse le fait dans l’optique de gagner de l’argent.

Juste ?

Pas si
sûr …

Examinons
le cas suivant.

Monsieur D. possède un confortable
portefeuille boursier. Devant faire face à une dépense fortuite assez
importante (aider son fils qui a de graves et urgents problèmes financiers), il
décide de vendre la moitié de sa position sur une de ses actions. Une semaine
après cette vente, il constate que le cours de cette action a grimpé de 5%.
Cela le déçoit amèrement.

Arrêtons-nous un instant. A ce stade,
êtes-vous surpris de la déception de Monsieur D.? Peut-être que non. Monsieur
D. a en effet vendu pour partie une action qui a par la suite progressé.
Inversement, il se serait sans doute réjoui s’il avait vu le cours de l’action
baisser. Il n’empêche : après la vente, Monsieur D. a toujours une position
importante sur cette action : son intérêt financier reste le même, à savoir la
hausse du cours de cette action !

Par ce simple exemple, nous montrons que,
le plus souvent, l’investisseur ne recherche pas seulement le gain financier
mais également des émotions positives. Dans notre cas, il aurait été satisfait
d’avoir vendu la moitié de sa position sur une action qui allait perdre des
plumes quelques jours plus tard. C’est ce qu’on peut appeler le rendement
émotionnel. Le hic est que, parfois, le rendement émotionnel est incompatible
avec le rendement financier, comme dans notre exemple. Le côté irrationnel de
sa réaction est encore renforcé par un autre élément : sans la vente forcée de
cette action, il n’aurait sans doute pas remarqué cette variation de cours (ici
positive) dont rien ne prouve le caractère durable : il aurait peut-être été
amené à la vendre deux ou trois années plus tard à un cours nettement inférieur

Plus fort encore.

Deux professeurs de finance, l’américain
Mark S. Grinblatt et le finlandais Matti Keloharju ont réussi à mettre en
évidence, en accédant à des bases de données finlandaises détaillées, une
corrélation entre les contraventions pour excès de vitesse et la fréquence de
trading des investisseurs (allers et retours achats/ventes).

Les professeurs ont d’abord pensé que cela
pouvait refléter l’excès de confiance de ces investisseurs : en effet, si
vous pensez pouvoir éviter les contraventions, vous pouvez également estimer
que vous êtes un as de la Bourse.

Mais, après recoupements, ils ont conclu
que ce n’était pas cela.

En fait, ce que recherchent ces amateurs de
vitesse tant sur la route qu’en Bourse, c’est tout simplement … le Grand
Frisson ! Ils n’ont pas le sentiment qu’ils peuvent battre la Bourse mais
ils s’ennuient si leur portefeuille n’évolue pas. Et tant pis si leur rendement
doit en souffrir, ce qui est effectivement le cas, ne serait-ce qu’à cause des
frais de courtage.

Une nouvelle fois, cette étude montre bien
que la recherche d’un gain financier n’est pas, loin s’en faut, la seule
motivation des investisseurs boursiers. La psychologie a dans cette affaire
toute sa place ! Tâchez donc de toujours bien analyser les raisons qui
vous poussent à investir de l’argent en actions …

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