« Petite chronique boursière  » : D’un consensus à un autre

Vincent_colot
Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Quoi de plus consensuel … qu’un consensus ?

En préparation du très médiatisé Sommet sur le Climat à Copenhague, les scientifiques avaient dégagé une conclusion commune : le réchauffement climatique, causé en grande partie par l’émission des gaz à effets de serre, est appelé à dramatiquement se renforcer si rien ne change. Pourtant, face à cet appel urgent de la communauté scientifique internationale, les décideurs politiques n’ont pu se mettre d’accord sur une action concertée à l’échelle de la planète. On le voit bien : dans un monde de plus en plus complexe, les délicates relations entre experts et pouvoirs publics constituent un des enjeux majeurs de l’évolution de nos systèmes démocratiques. Bien sûr, un sujet, si important soit-il comme le climat, ne peut jamais être totalement isolé d’autres considérations. Dans ce cas, de puissants enjeux économiques et géostratégiques étaient en présence. On peut ainsi difficilement blâmer la Chine d’avoir refusé de brimer sa formidable croissance.

Il n’en demeure pas moins que, bien souvent pris entre deux feux (celui des experts et celui des hommes politiques), le citoyen ne sait plus trop à quel saint se vouer. Les décideurs politiques auraient-ils dû agir autrement à Copenhague ? Même si cela paraît être le bon sens, suivre le consensus n’est pas à chaque fois la bonne attitude. Par exemple, le développement au cours de la dernière décennie d’une économie reposant largement sur la dette (privée et publique) n’a guère été considéré, par la majorité des experts, comme une menace pour la stabilité du système financier mondial. Au contraire, on nous répétait à l’envi que les dernières avancées en ingéniérie financière permettaient à la fois de doper la croissance et de réduire les risques de dérapage. Or, il y a un peu plus d’un an, on est passé à deux doigts de la catastrophe lors de la faillite d’une banque d’affaires américaine.

A la fois sur le dossier du climat et sur celui de l’économie, certains scientifiques ont adopté des positions divergentes du consensus (risque de bulle immobilière et financière dénoncé par quelques-uns bien avant 2007; rôle plus élevé que généralement reconnu de l’activité solaire dans le réchauffement climatique). En matière économique, écouter les Cassandres aurait été souhaitable … et profitable pour ceux qui auraient misé (à la baisse) avec un bon timing sur le déclenchement des difficultés. A propos du climat, l’avenir le dira … S’adapter au changement climatique n’est-il par ailleurs pas plus rationnel que le combattre ? Ne faut-il pas une bonne dose d’arrogance pour penser que l’on peut manipuler le climat à notre guise et éviter ainsi les fameux 2 degrés de hausse prévue à moyen terme ? On peut du reste parfaitement imaginer qu’une disruption trop radicale des économies mondiales en cas de forte baisse des émissions de gaz à effets de serre bloquerait les progrès de la globalisation, freinant du même coup la poursuite du développement d’une bonne partie des nations les plus pauvres. A tout le moins, aucun consensus ne doit fossiliser la réflexion : sur des sujets aussi importants, la recherche doit se poursuivre pour tenter d’améliorer les prises de décision au bénéfice du plus grand nombre. Car n’oublions pas que climatologie et économie restent des disciplines encore jeunes qui sont loin d’avoir livré tous leurs secrets : la connaissance reste fragmentaire et les modèles sont imparfaits.

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