« Petite chronique boursière  » : Kit de survie en pleine tempête

Vincent_colot
Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Lorsque la Bourse tangue fortement, l’investisseur ne sait plus trop sur quel pied danser pour garder un semblant d’équilibre. Et c’est bien normal : psychologiquement notamment, la gestion d’une telle situation est délicate. Suivant son caractère ou sa situation patrimoniale, il peut bien entendu opter pour une solution de sécurité, en abandonnant son exposition aux actions. C’est un choix éminemment respectable et personne ne l’en blâmera. Il doit tout de même être conscient que les situations de déprime boursière sont généralement des moments peu propices à faire de bonnes affaires en vendant ses actions. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Bourse a tendance, en situations extrêmes, à sur-réagir (excès de pessimisme ou d’optimisme). Cela ne signifie pas pour autant que la partie est facile pour celui qui veut rester sur le marché, voire qui veut se renforcer. Car la durée et l’intensité de la tempête ne sont guère faciles à prévoir, surtout lorsqu’on est en plein dedans : le bout du tunnel n’est jamais simple à apercevoir derrière la bourrasque.

Dès lors, quel doit être le kit de survie de tout investisseur boursier en ce moment ?

1. Ne pas s’endetter pour investir : outre qu’il a déjà été assez dit et répété que la crise actuelle est avant tout une crise du surendettement (public comme privé), il est inutile d’en rajouter une couche en quémandant à son banquier des fonds pour financer ses investissements boursiers (en supposant qu’il les octroie de bon cœur). Au-delà des intérêts à payer, une dette, cela finit toujours par devoir se rembourser. Or, quelle certitude y a-t-il que les avoirs boursiers suffiront à éponger l’addition au Jour J et qui plus est, avec un bénéfice à la clé ? Aucune …

2. Prendre le temps de l’analyse. Ce n’est jamais une bonne idée de se précipiter pour acheter « l’affaire du siècle ». Si c’est ce qu’il pense après une sommaire analyse, l’investisseur a toutes les chances de se tromper en omettant un élément-clé. De toutes façons, même s’il venait à manquer un « bon coup », il ne fait guère de doutes, dans un tel environnement, qu’il y en a d’autres. Donc rien n’est perdu. Mieux vaut prendre son temps et analyser l’action convoitée (et donc l’entreprise concernée) sous un maximum de facettes. Optimalement, l’investisseur gardera même sous les yeux une petite sélection d’actions qu’il juge intéressantes et dont il étudiera l’évolution. En les comparant les unes aux autres, il discernera plus facilement la bonne action à acheter au bon moment.

3. Se bétonner mentalement. Un mental d’acier et une bonne dose de patience sont indispensables pour traverser les trous d’air qui ne manquent pas de se présenter lorsque le marché est globalement déprimé. Certes, il est conseillé de vendre prématurément une action si la situation de l’entreprise se détériore au point de mettre en danger une bonne part ou même l’intégralité de l’investissement. Mais, le plus souvent, après son achat, l’investisseur devra supporter une baisse du cours supplémentaire avant de voir celui-ci rebondir sensiblement. Mot d’ordre : ne pas vendre pas trop tôt, que ce soit avec perte (cours inférieur au cours d’achat) ou avec un trop léger bénéfice : si l’action est suffisamment sous-évaluée au moment de l’achat, il faut lui laisser le temps de regagner des plumes.

En résumé, si vous n’avez pas de fonds personnels (ou si vous pensez que vous en aurez besoin à un horizon prévisible), si vous n’avez pas de temps pour analyser correctement les actions ou encore si vous ne vous sentez pas de taille mentalement à supporter l’inévitable volatilité des cours, alors restez à l’écart de tout investissement en actions individuelles. Ce qui ne doit pas vous empêcher de garder l’une ou l’autre sicav indicées d’actions au sein d’un portefeuille bien diversifié.

Si le sujet plus général de la psychologie de l’investisseur vous intéresse et si vous maîtrisez la langue de Shakespeare (OK, la langue de Barack Obama, voire celle de G.W. Bush, devrait suffire), vous pouvez regarder l’intéressante vidéo de Kenneth H. Shubin Stein, enregistrée à l’automne 2008 lors de la Value Investing Conference organisée par l’Université de Virginie ; c’est ici : http://www.youtube.com/watch?v=bJ4TFTvczMo&feature=channel.

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