Petite chronique boursière : Le monde comme diversification ultime ?

Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Le premier défaut caractérisant l’investisseur lambda est bien connu : il concentre généralement dans son portefeuille trop de titres (en actions individuelles ou en fonds de placement) de son marché national. C’est ce qu’on appelle “le biais local”. C’est l’oncle Alfred qui peut discourir des heures durant sur les mérites réels ou supposés des actions LVMH, Air Liquide ou encore L’Oréal mais qui serait bien incapable de citer le nom d’une entreprise cotée au Portugal et encore moins en Argentine.

Pourtant, depuis quelques décennies, l’investisseur a un accès de plus en plus facilité (et progressivement plus liquide et moins onéreux) aux actions des Bourses du monde entier, que ce soit dans les pays développés ou émergents. C’est incontestablement un avantage de pouvoir ainsi diversifier ses avoirs : pour un risque réduit, l’investisseur peut espérer un rendement équivalent.

Récemment, le gestionnaire de fonds américain Vanguard a lancé (aux Etats-Unis) un fonds indicé (ETF), le Vanguard Total World Stock, reprenant 8167 actions internationales, en proportion de leur capitalisation boursière. Un seul produit permet ainsi la diversification mondiale apparemment la plus poussée, vu que “tout” y est.

Magnifique ! Sauf que …

A y regarder de plus près, rien ne dit que cette diversification soit idéale.

Est-il par exemple bien raisonnable de se retrouver ainsi avec une proportion d’actions nord-américaines de quelque 58% du total investi ? Cela correspond certes au poids des actions de cette zone dans la “réalité boursière” mondiale. Mais l’exposition n’en reste pas moins très importante, surtout à un moment où le marché américain donne des signes d’essoufflement et de nervosité. Dans le même temps, les marchés émergents ne représentent que 9% du portefeuille alors que cette zone (certes hétérogène) devrait concentrer ces prochaines années la majeure partie de la croissance économique mondiale.

Ensuite, depuis une vingtaine d’années, le duo mondialisation/progrès technologique a accentué l’intégration économique des pays et des grandes entreprises de ces pays. Les bénéfices de diversification, par exemple, des entreprises américaines pour un investisseur européen, restent certes significatifs, mais ont tendance à s’éroder. Dès lors, s’écarter des poids de la capitalisation boursière en se rapprochant d’autres critères plus discriminants (mix petites capitalisations/grandes capitalisation, divergences économiques plus marquées qu’entre pays similairement développés, …) peut se révéler plus efficace.

C’est pourquoi il n’est pas forcément approprié, lorsque vous analysez la performance de votre portefeuille, de la comparer à celle des marchés mondiaux. Un portefeuille diversifié différemment peut fort bien s’avérer (notamment en période de gros stress, comme en 2008/09) moins risqué (moins volatil), car mieux équilibré, qu’un fonds mondial tel que le VT World Stock. 

Lorsque vous investissez, n’ayez pas peur de vous démarquer, en optant pour le couple rendement-risque qui vous correspond le mieux. Il n’y a, là encore, aucune raison de penser que le portefeuille mondial de Vanguard corresponde comme par magie à tous les profils d’investissement, même si on se limite à la partie actions. Bien au contraire.      

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