Par Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant, Délégué Régional du Groupe ITG
Bon nombre de créateurs d'activité solo qui choisissent le portage salarial ne sont pas différents des autres entrepreneurs. Partagés entre une envie et un besoin, ils doivent être dotés des mêmes qualités humaines.
Puisque cette chronique s'intitule "Portage salarial/activité solo", je ne parlerai que des entrepreneurs d'activités de type prestations intellectuelles, pas des activités productives ou commerciales pures. D'autres chroniqueurs de ce site font ça très bien. L'actualité — toutefois — nous remet en scène un certain Jean-Marie Messier qui s'est fait invité sur les radios et télévisions à l'occasion de la sortie de son livre. Ce retour de l'illusionniste (comme le dit un article) prouve que le ridicule ne tue pas (comme le dit un autre). Le plus navrant est de l'entendre se présenter comme un entrepreneur par opposition aux financiers ! Et de défendre les petits patrons, créateurs de PME ou TPE. Avec quel argent a-t-il voulu réaliser son rêve de convergence qu'il nous ressasse à nouveau ? Avec celui d'une Compagnie très riche dont il a changé le nom et tant d'autres choses.
Quoiqu'il en soit, le baromètre Ifop/CCI de décembre* nous apprend que l’envie de créer une entreprise, d’en reprendre une ou de se mettre à son compte, intéresse 31% des Français et 53 % des moins de 35 ans. Ce sondage indique également que “la crise constitue un frein à l’intention de créer une entreprise, parce que cela représente un risque encore plus élevé qu’en cas de conjoncture économique favorable (79 %), ou au contraire un besoin, parce que c’est un moyen d’échapper aux difficultés liées à la crise (20 %)”.
Par comparaison, les créateurs d'activité solo que je rencontre sont eux aussi assez partagés. Partagés entre l'envie de créer et la recherche de sécurité ou de visibilité dans l'avenir. Les plus jeunes ont une forte envie, mais manquent parfois de clarté dans leur projet. Les plus expérimentés ont parfois moins envie, mais ont besoin de répondre à des demandes ou d'avoir une activité. Entre les deux tranches d'âges, les porteurs de projet veulent se réaliser, changer de perspective professionnelle, équilibrer leurs rythmes de vie.
Pour autant, l'envie (ou même le besoin) ne suffit pas pour réussir son activité solo. Parmi les ingrédients, il y a d'abord le talent du créateur, en d'autres termes un savoir-faire avéré dans son ou ses domaines d'intervention. Il y a ensuite ce qui en découle, à savoir son ou ses offres de services (ses "produits"), qu'il a conçus pour un marché solvable. Et puis, il y a la capacité et la motivation pour se développer à travers le réseau (prescripteurs, clients, collègues, partenaires). A cela, s'ajoute l'autonomie professionnelle, une qualité à développer, notamment chez les anciens cadres, sortis d'une grande entreprise dotés de tous les services support qu'ils ne retrouvent quasiment plus, si ce n'est la gestion administrative que leur fournit leur entreprise de portage salarial.
Par conséquent, tout comme un entrepreneur qui s'inscrit au Registre du Commerce, un "solo porté" doit sérieusement réfléchir au moment de créer son activité. Pour autant, la solution du portage salarial lui permet de tester à la fois son marché et ses qualités de professionnel autonome en grandeur réelle, mais avec un filet de sécurité.
(*) Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 959 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont eu lieu par téléphone au domicile des personnes interrogées du 18 au 19 décembre 2008.