Pourquoi et comment être présent sur le web

Rey_patrickPar Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-formateur, Délégué Régional ITG, première société de portage salarial en France. 

Parmi les questions posées par les nouveaux arrivants sur le marché du conseil aux entreprises, outre celle du choix de statut déjà traitée dans cette chronique, vient inévitablement celle de la visibilité sur le web. Faut-il être présent ? A quoi ça peut servir ? Comment être référencé ? Vais-je trouver des nouveaux clients ?

Derrière ces questions, il y a souvent quelques a priori venant de plusieurs sources possibles : la génération à laquelle appartient la personne ou celle dont elle se sent psychologiquement le plus proche, les choses qu'elle a lu ou entendu dans les media plus ou moins sérieux, les arguments des prestataires de sites, blogs ou autres réseaux dits "sociaux". La question de la génération est parfois surprenante. Il arrive que des professionnels encore jeunes — je veux dire jusqu'à 40 ou 45 ans, puisque de nos jours, il n'y a plus que des jeunes et des seniors ! — soient allergiques à tout ce qui touche à l'internet, ou même à l'outil informatique. Pour ces personnes, les naguère "Nouvelles" TIC* sont un mal plus ou moins nécessaire : "moins on se laisse envahir mieux c'est".

Pour autant, pas mal d'autres personnes — jeunes, expérimentées ou seniors — ne sont ni allergiques ni "techno-déficients". Simplement, ils ne savent pas si le web peut leur être utile, si ça vaut la peine d'investir du temps, ni comment s'y prendre : "Je pense que c'est compliqué, cher, réservé aux technophiles et très consommateur de temps". Ce sentiment s'applique à toute présence sur le web, qu'il s'agisse de "se mettre sur Viadeo" (Linkedin, Facebook ou autre outils de réseaux professionnels), de "bloguer" (tenir son blog ou contribuer sur des blogs de collègues ou confrères) ou encore de créer et faire vivre un site.

J'ai noté ce malaise ou cette quête de recettes toutes faites, à l'occasion du Salon des Micro-entreprises, en octobre dernier. Par exemple, lors d'une conférence de Fadhila Brahimi** qui se proposait de répondre à des questions telles que : quelle est notre image personnelle ? comment la mesurer sur le web ? comment la développer ? la corriger ? Une personne dans l'assistance a posé une question à propos du "mélange pro/perso" qui la dérange. Fadhila a rappelé que nos clients achètent à la fois la solution que nous leur proposons et la personne qui la met en œuvre. C'est un tout et notre personnalité compte autant que notre méthode. Après tout, cette expertise ou compétence opérationnelle est bien la combinaison de savoirs et de savoir-faire construits par l'expérience d'une personne humaine. Ci-dessous, des extraits de la conférence.

Alors, faut-il être présent ? A mon sens, aucun doute : un professionnel qui veut construire son activité comme son entreprise ne peut pas être absent du web. Les métiers du conseil, de la formation, de l'expertise sont des métiers de prestation intellectuelle. Il est certes difficile de promouvoir ces services comme le font les grandes marques de produits de consommation, car les services aux entreprises sont moins faciles à appréhender, à distinguer. En plus, les clients viennent essentiellement du réseau ! Alors, pour maximiser les chances d'être prescrit, le professionnel doit synchroniser ses outils de communication : le web en fait partie, tout comme les rencontres dans la vie réelle et ses actions, prestations ou interventions effectives.

A quoi ça peut servir ? Certainement pas à vendre ! Il faut plutôt viser le coup suivant, à partir d'une première base établie de clients. Ceci va les rassurer et ils vont plus facilement prescrire ce professionnel, qui va ainsi développer sa clientèle. La seule vraie question est plutôt : avoir quelque chose à dire ou pas ? Et c'est là tout l'intérêt du web qui est beaucoup moins audio-visuel que l'on croit. Les clips vidéos que les media s'arrachent pour récupérer de l'audience ne sont que la face visible de l'iceberg. Quand Fadhila nous parle du web sémantique, ce n'est pas pour rien : le mot domine, même chez les adolescents qui communiquent si facilement entre eux (et écrivent souvent si mal !). A plus forte raison entre professionnels ! Plus on écrit, plus il est facile d'écrire, car on clarifie sa pensée, son offre, sa différence. Là encore, on synchronise toute sa communication : au téléphone, en entretien, en réunion, dans des présentations ou conférences, dans des lettres ou mails, sur le web. L'investissement en temps, au départ, se retrouve ensuite, exactement comme dans la vie du réseau.

Comment être référencé ? Vais-je trouver de nouveaux clients ? Ces deux questions ne sont que la conséquence de ce qui précède. En écrivant avec discernement du "vrai contenu", pas du copié-collé ou le simple relais du "buzz" ambiant, le référencement naturel se construit petit à petit. Contrairement aux arguments simplistes des promoteurs d'un grand nombre d'amis (Facebook), de suiveurs (les "followers", sur Twitter, ça en jette davantage !) ou de visiteurs, ce n'est pas l'audience qui compte le plus mais la réputation

Alors, en avoir ou pas ? Y être ou pas ? Si le professionnel n'a rien à dire, évidemment c'est inutile. Si ses clients ne sont jamais sur le net et s'il refuse des missions parce qu'il est très demandé, ce n'est peut-être pas utile, surtout s'il est proche de la retraite. Dans les autres cas, s'il veut construire la suite de son activité, multiplier les occasions de visibilité dans son milieu professionnel, alors, aucun doute, le web est incontournable. Et ce n'est plus du tout compliqué, ni rebutant ! Les ressources pour créer son blog ou son site sont à la portée de chacun : ce qui domine c'est maintenant la maquette du site ou du blog, avec plus ou moins de variantes et de possibilités de personnalisation. Cette maquette (aussi appelée "template") contient tous les codages permettant d'afficher impeccablement les différents billets d'un blog, les articles ou les pages d'un site. Bien plus simple que le traitement de texte Word pour le rédacteur ! Il faut seulement rédiger ! Mais ceci est une autre histoire, et peut-être le professionnel a-t-il davantage besoin d'une formation ou d'un accompagnement rédactionnel ?

(*) Ces "Technologies de l'Information et de la Communication" sont en réalité des technologie de la relation, comme disait Joël de Rosnay (dans son livre "La révolte du pronétariat : des mass média aux média des masses"). L'internet n'est plus unilatéral comme la communication publicitaire ou médiatique d'antan : le web est devenu "2.0" (encore un jargon d'informaticiens, avec leurs versions de logiciels numérotées avec la syntaxe de feu "big blue", IBM !). Ce "ouaibe-deux" donc c'est de l'internet partagé, communicant, interactif, lieu d'échange, de partage et de création de valeur.

(**) Fadhila Brahimi, fondatrice de FB-Associés, est coach en stratégie, certifiée International Coach Federation. Elle assure plusieurs chroniques (dont une, ici même), et elle réalise des conférences centrées sur les questions d'image personnelle (Personal Branding), d'identité et de réputation numériques.

 

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