Par Gaëtan Baudry (contributeur exclusif) – Legal’Easy : pacte-associes.fr et my-business-plan.fr
L’humeur du jour, c’est un petit coup de gueule en direction
du (ou plutôt DES) gouvernement(s) (actuels et passés). Année après année, ces
derniers sont incapables de tenir la règle d’un déficit budgétaire inférieur à
3% du PIB. En effet, en 19 ans, cette règle ne fut respectée que… 7 fois !
François Hollande nous avait annoncé un déficit inférieur à 3% en 2013 et dès
février, le Premier Ministre (comme ses prédécesseurs) indique qu’il ne tiendra
pas son budget.
Cela me choque profondément. Je ne souhaite pas revenir sur
le bienfondé ou non d’un déficit budgétaire. Je souhaite revenir sur le fait que
les gouvernements établissent des règles (la fameuse règle des 3%) et qu’ils ne
font pas tout pour les respecter. Comment accorder un crédit à nos politiques
s’ils sont incapables de tenir une règle budgétaire qu’ils ont eux-mêmes
établie ?
J’aimerais faire un parallèle avec les entrepreneurs. En
effet, en tant que fondateur de my
business plan, je suis amené, avec d’autres experts, à coacher des
entrepreneurs dans la rédaction de leur business plan. Comment se fait-il que
ces derniers fassent tout leur possible
pour tenir leur budget, leurs dépenses et tenter d’atteindre la rentabilité en
3 ans ? Comment se fait-il que les
entrepreneurs qui investissent leur propre argent et leur temps, qui tentent de
lever des fonds et créent des emplois soient capables de trouver des solutions
(baisses des charges, système D, réorientation stratégique, pivot ) lorsque les
vents sont contraires et que les gouvernement cherchent des excuses externes en
permanence ?
Un entrepreneur n’a pas le temps de chercher des excuses. La
sanction est immédiate, personne ne le financera plus. Que dirait un financeur à un entrepreneur qui
lui annoncerait dans son business plan la rentabilité en trois ans et qui
viendrait plus tard le pitcher pour une augmentation de capital après avoir
raté de loin toutes ses prévisions et après avoir eu un déficit 12 fois en 19
ans ? Le financeur lui ferait-il confiance ? Assurément non !
Participerait-il à l’augmentation de capital ? Il est certain que non !
Tout comme le gouvernement ne peut pas prévoir l’arrivée
d’une crise majeure, un entrepreneur ne peut pas tout anticiper dans son
business plan. Un financeur qui croit profondément au projet d’un entrepreneur
peut tout à fait comprendre que la conjoncture ait été contraire. Les gouvernements ont alors distingué deux
sortes de déficit : Le déficit structurel et le déficit exceptionnel, dit
conjoncturel. Mais pouvez-vous imaginer
un entrepreneur, venant voir son financeur pour lui annoncer des résultats plus
mauvais que prévus et demander une « rallonge », donner pour argument
« je suis désolé j’ai un déficit structurel ».. Par essence, si une
entreprise a un déficit structurel c’est que le projet va dans le mur à terme.
La différence entre le gouvernement et un entrepreneur,
c’est que l’entrepreneur ne parvenant pas à la rentabilité rapidement fera
faillite. Et son projet s’arrêtera. Il lui sera d’ailleurs difficile de
rebondir derrière. Il prend donc des
décisions en conséquence. Alors, pourquoi ne pas reprendre la proposition de
Warren Buffett qui estimait que cela lui prendrait 5 minutes pour mettre fin au
déficit budgétaire. « Il suffirait
de passer une loi qui stipule que chaque fois que le déficit budgétaire dépasse
3% du PIB, tous les députés deviennent inéligibles et ne peuvent pas se
représenter. ». Avec une telle loi (finalement la loi que tous les
entrepreneurs s’appliquent), Les décisions de nos députés seraient à n’en pas
douter très différentes.