Profiter de la crise pour se renforcer ?

Bertrand_duperrin
Par Bertrand Duperrin (chroniqueur exclusif) – Consultant en Management

Quand le niveau des affaires est bas il s'agit de faire face à deux enjeux forts :

• Conserver ses équipes. L'expérience prouve
que se séparer en masse de ses collaborateurs a des effets plus que
néfastes. Ernst&Young l'a appris à ses dépends lors de la dernière
crise au Royaume Uni et a décidé de ne pas commettre à nouveau cette
erreur qui leur a couté si cher une fois la reprise venue. Sur son
(excellent) blog, Françoise Gri, qui dirige Manpower France, ne tient
pas un autre discours. 

• Une fois qu'un tel signal de confiance est
envoyé il reste à motiver ce petit monde, donner un sens à leur travail
quotidien. Guère évident lorsqu'on sait les marchés se contractent et
que les objectifs négociés au "bon vieux temps" seront difficiles à
atteindre, dans le meilleur des cas.

Il y a quelques semaines j'entendais le PDG
d'un des leaders du CAC se féliciter que ses managers ne soient pas
évalués que sur leur performance financière mais également sur leur
management stricto sensu et sur l'impact sociétal de leurs décisions.
Il est vrai que lorsque les affaires vont moins bien il reste ainsi de
quoi se motiver et des raisons de se dépenser au travail  chaque
jour. Vos équipes sont en perte de sens ? L'économie elle-même se
cherche ? Peut être est-ce le bon moment, justement, de se pencher sur
des modèles qui éviteront à l'avenir les excès passés et qui éviteront
de donner à chacun l'ordre de scier consciencieusement la branche sur
laquelle il sont assis afin de gagner leur pitance.

Plus généralement on observe des tendances
suffisamment nouvelles de l'autre coté de l'Atlantique pour prendre
deux minutes afin de les examiner de plus près. Même si seul l'avenir
nous dira s'il s'agit d'épiphénomènes, cela ne manque pas de sens dans
le contexte actuel où, de force ou de gré, nombre d'entreprises
réalisent que le modèle "tout économique" n'est peut être pas le
meilleur qui soit pour rester durablement performant. Même la très
sérieuse Harvard Business Review s'empare du phénomène. Bref, quitte à
subir un "coup de mou" autant s'en servir pour essayer de faire mieux
lorsque faire plus semble difficile, et commencer à construire vos
équipes et votre modèle d'engagement pour demain.

Quelques pistes donc :

– profiter de cette période pour mettre en
place un management plus "plat", avec davantage de contacts directs
entre managers et managés afin de renforcer le lien et l'appartenance
par l'échange. De plus ça n'est neutre ni sur le sentiment de sécurité
ni sur la confiance.

– permettre aux collaborateurs de s'investir plus particulièrement sur un projet, un client qui leur tient davantage à coeur

– leur donner des micro projets, même interne, afin de leur donner l'occasion de réussir fréquemment quelque chose de positif

– de manière générale leur permettre de se
focaliser sur leur expertise propre ce qui implique qu'ils seront
amenés, pour réussir, à s'investir dans le domaine où ils excellent et
de beaucoup échanger avec les autres, les projets se trouvant de fait
plus morcelés. Là encore : davantage de cohésion, l'individu se resitue
dans le groupe, a l'occasion de se rassurer, et d'être régulièrement
encouragé et félicité.

Il semblerait donc que cette époque de
réduction d'activité soit propice à la reconstruction des individus et
des équipes pour peu qu'on considère que ces époques de "battement",
plus qu'un coput présent, peuvent représenter une bonne occasion
d'investir sur l'avenir.

L'avenir, d'ailleurs, dira ce qu'il en restera
dans trois ans. Mais c'est bien dans l'air du temps et des nouveaux
modèles qu'il importe de vite reconstruire.

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