Que regarder sur Yahoo Finance ?

Vincent_colot Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

J’ai déjà eu l’occasion de le dire :
lorsqu’une idée d’investissement vous traverse l’esprit, il est crucial de
pouvoir se faire une première idée du profil de cet investissement avant de
décider de prolonger ou non l’analyse.

 

Dans mon champ d’investigation favori, à
savoir les actions cotées en Bourse, voyons comment utiliser au mieux un des
sites financiers les plus populaires, à savoir Yahoo Finance. Si vous le
permettez, je vais ici traiter de la version américaine du site qui est plus
riche en données que sa version française en prenant pour exemple, en date du
18 janvier pour les chiffres ci-dessous, une action (américaine donc) qui a
récemment attiré mon attention, à savoir Zimmer Holdings (ZMH) (orthopédie).

Première étape :

Rendons-nous sur la page http://finance.yahoo.com/q?s=zmh&ql=1.

(Je fais ici l’hypothèse que l’activité du
groupe est connue ; si ce n’est pas le cas, il s’agit de se reporter au
« Profile », sur le menu de gauche, qui présente également l’intérêt
de donner une indication de la qualité du gouvernement d’entreprise
(« Corporate Governance »)).

Qu’y voyons-nous ? Une page de
présentation avec quelques données (principalement centrées sur le cours de
l’action), un graphique, une liste de news récentes et, à gauche, un menu
permettant de prolonger la recherche.

D’un premier coup d’œil, nous embrassons l’histoire
boursière du titre : le cours de l’action, comment il se situe par rapport
à ses plus haut et plus bas de l’année et son évolution récente et sur quelques
années (éventuellement en la comparant à un indice de référence). Se dégage
alors l’humeur (positive, neutre, négative) de la Bourse à l’égard de ce titre.

Trois autres indications sont
intéressantes : la capitalisation boursière (la valeur de marché des fonds
propres), le coefficient bêta (la sensibilité du titre aux variations
boursières générales) et le dividende (et son rendement). Ici, avec une
capitalisation aux alentours de 13 milliards de dollars, on comprend que cette
action relève, au sein de la Bourse américaine, de la catégorie des « mid
caps » (moyenne capitalisation). Quant au coefficient bêta, inférieur à 1,
il indique que l’action est assez peu risquée en ce qu’elle n’amplifie pas les
variations du marché. Voilà deux points positifs : les actions de petite
et de moyenne capitalisation sont davantage susceptibles de présenter un écart
entre leur prix et leur valeur que celles de grande capitalisation (davantage
suivies par les analystes institutionnels) ; quant aux actions à bêta
faible, il a été démontré qu’elles procuraient souvent un rendement supérieur à
la moyenne boursière. Enfin, pour ce qui est du dividende, il semble un peu
faible (rendement brut de 1%) mais a du moins le mérite d’exister (Une analyse
ultérieure montrera que ZMH vient tout juste d’initier ce dividende et qu’il y
a tout lieu de croire que celui-ci sera amené à croître rapidement, ceteris
paribus).

Il y a aussi une indication du rapport
Cours/Bénéfice par action (Price/Earnings ou P/E) : ce critère communément
utilisé par les investisseurs ne doit néanmoins pas être sur-interprêté. Un P/E
élevé peut être le fruit d’une année bénéficiaire exceptionnellement faible (et
donc non représentative) (et l’inverse pour un P/E faible). Le P/E ne dévoilera
donc son intérêt qu’après un premier tour d’horizon.

Ne prêtons pas trop d’attention aux
nouvelles récentes (« Headlines ») : le projecteur des médias à
un moment donné peut ne révéler que des indications de faible importance.

Deuxième étape :

Allons jeter un œil sur la qualité des
chiffres de l’entreprise Zimmer Holdings. Dans le menu de gauche, il y a une
rubrique « Financials » composée de « Income statement »
(le compte de résultat), « Balance sheet » (le bilan) et « Cash
Flow » (les flux de trésorerie).

Commençons par le bilan qui nous est donné
sur 3 ans et sur les 4 derniers trimestres (la vue trimestrielle peut être
utile pour comprendre une évolution récente des comptes). Sur 3 ans, regardons
l’évolution de la taille du bilan : une entreprise qui croît ou qui
décroît trop rapidement peut receler des fragilités. Ce n’est pas le cas ici.
Jetons ensuite un coup d’œil sur l’évolution de la dette : celle-ci est en
croissance mais rapportée aux fonds propres, elle ne semble pas
particulièrement dangereuse. A surveiller donc mais rien d’alarmant. Enfin,
vérifions, à l’actif, l’ampleur du « Goodwill » (Survaleur) qui peut
être un indicateur de ce que l’entreprise aurait par le passé acheté d’autres
entreprises au prix fort : rapporté aux fonds propres (près de 50%), ce
montant n’est pas négligeable et méritera une attention spécifique lors d’une
analyse plus approfondie.

Ensuite, examinons le compte de résultats. Sur
3 ans, le chiffres d’affaires progresse lentement et le bénéfice opérationnel
est plutôt stagnant. Il faudra en analyser les causes – et apprécier la
stratégie mise en place par l’entreprise pour y remédier (internationalisation
?) – même si, intuitivement, la crise actuelle y est certainement pour quelque
chose.

Enfin, au niveau des cash flows, remarquons
que l’entreprise génère un bon niveau de trésorerie à partir de son activité,
ce qui semble suffisant pour financer les investissements, somme toute assez
modestes. Un bon point. Enfin, l’entreprise rachète de façon sensible ses
propres actions, ce qui est également un signe favorable à partir du moment où
l’action ne serait pas trop chère.

Troisième étape :

Toujours dans le menu de gauche, cliquons
sur « Key Statistics » (les statistiques clé). Sur le plan de
l’évaluation, constatons que les ratios Prix/valeur comptable des fonds propres
(Price/Book) et Prix/Chiffre d’affaires (Price/Sales), entre 2 et 3, ne
semblent pas pointer vers une action manifestement surévaluée (chère), surtout
compte tenu de bons chiffres de rentabilité (Return on Assets et Return on
Equity). Quant au P/E qui était de 17 sur la première page, nous découvrons
que, sur la base du bénéfice attendu et non plus historique, il n’est plus que
de 12, ce qui est plus raisonnable. Des chiffres de résultats et du bilan sont
repris ici également : une fois de plus, la dette ne semble pas
problématique, notamment à la lumière du cash contenu dans les coffres du
groupe. Enfin, l’action semble suffisamment liquide avec un flottant
(« Float ») qui égale presque le nombre d’actions en circulation
(« Shares Outstanding»).   

Et voilà. Avec un peu de pratique, ce type
d’examen peut se réaliser assez rapidement. L’investisseur dispose d’une vue
synthétique sur la situation boursière et financière de l’entreprise. Il a pu
épingler les éventuelles faiblesses rédhibitoires qui le tiendraient à l’écart
de cette action (ici, il n’y en a pas). Il a pu aussi identifier les points à
creuser plus spécifiquement avant de se faire une opinion définitive le
conduisant à l’évaluation et à la décision d’investissement. Merci Yahoo
Finance !

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