Mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans
le même panier …
Tout investisseur connaît cette maxime
populaire qui, appliquée à la Bourse, plaide pour la diversification des
placements. Encore faudrait-il pouvoir se mettre d’accord sur les modalités
pratiques de ce principe général.
Prenons le cas d’un investisseur qui
considère principalement les actions individuelles comme placements financiers.
Multiplier le nombre d’actions au sein d’un
portefeuille permet de réduire sa volatilité. Plus il possède d’actions et
moins l’investisseur est tributaire de la fragilité de l’une ou de l’autre de
ses actions. Un portefeuille équipondéré de 20 actions peut supporter une
grosse perte sur l’une d’entre elles (perte maximale de 5% en cas de faillite)
tandis qu’un portefeuille de 2 actions encourrait une perte de 50% dans le même
cas. C’est un facteur à prendre en compte vu que cet argent placé, a priori
pour le long terme, peut néanmoins être nécessaire à tout moment, au vu des
circonstances de la vie (perte d’emploi, maladie, etc.). Cette réduction du
risque est même perçue par les tenants de l’efficience des marchés (selon
laquelle les actions sont globalement correctement valorisées, ce qui empêche
les bonnes affaires) comme le seul « free lunch » offert par la
Bourse : la diversification permet de gagner la même chose à risque
moindre ou de gagner plus à risque égal.
Celui qui croit que les marchés sont
efficients a donc tout intérêt à avoir le plus grand nombre d’actions possible
en portefeuille. Plus simplement, il achètera une sicav qui reprend toutes les
actions (ou les principales actions) du marché. Attention ! Cela ne le met
pas à l’abri de tout risque car le marché dans son ensemble lui-même peut
tanguer parfois fortement. Même détenir un portefeuille bien diversifié
d’actions internationales (toujours via une sicav) ne constitue pas une
assurance tous risques : en 2008/09, lors de la grande crise financière,
toutes les bourses mondiales ont piqué du nez ! Il n’empêche : sans
diversification, la perte de l’investisseur lambda aurait pu être plus
dramatique encore.
Evacuons temporairement la question de la
sicav et revenons à notre amateur d’actions individuelles. Otez-vous de l’esprit qu’un
portefeuille de 10 valeurs, même de secteurs et de pays différents, constitue
un portefeuille diversifié. Ce n’est pas le cas. Une diversification digne de
ce nom commence sans doute vers un nombre de 30 actions au minimum. Dès lors,
pour celui qui, comme moi, ne pense pas que les marchés sont à tout moment
efficients et donc qu’il existe de bonnes affaires en Bourse, le défi pratique
est d’importance. Comment dénicher (et suivre assez régulièrement, avec les
frais que cela implique lors des mises à jour) un portefeuille de 30 titres
sous-évalués (bon marché) ? Est-ce bien réaliste pour un investisseur
non professionnel ? La sagesse impose de répondre par la négative à cette
question.
Quels sont
dès lors les choix qui s’offrent à cet investisseur ? Ou bien il trouve
une sicav dont la stratégie de gestion se rapproche de sa philosophie. C’est un
choix à ne pas dédaigner. Avec la multiplication quasi-exponentielle ces
dernières années des ETFs (Exchange Traded Funds, fonds synthétiques), tout ou
presque peut se trouver, y compris par exemple un fonds d’actions de pays
émergents à haut rendement sur dividende et à faible volatilité. (Si si, je
vous assure !) Ou bien, il doit arbitrer entre le désir légitime de se prémunir
au mieux contre la volatilité de son portefeuille et l’envie toute aussi
légitime de gérer un portefeuille d’actions bon marché. Ainsi, une quinzaine de
valeurs bien choisies (pays et secteurs différents) n’empêcheront pas l’une ou
l’autre insomnie en cas de gros stress sur les marchés mais, à terme, si les
actions sont réellement bon marché, elles procureront à son détenteur un
rendement supérieur à celui du marché. Et dans le contexte actuel de faible
rendement attendu pour les prochaines années, c’est un réel atout à considérer.