Rester connecté ou pas lorsque l’on est en vacances ?

Vincent Rivalle Par Vincent Rivalle (chroniqueur exclusif) – KDZ’ID (Accompagnement au développement de TPE et PME) – TRAD ONLINE (Associé – Société de traduction)

Premier billet de reprise … de circonstance

Malgré l'enjeu que nous avons de développer nos entreprises et nos situations d'entrepreneurs, je pense au droit à la déconnexion qui avait été évoqué il y a quelques années par Joël de Rosnay (d'autres en ont parlé mais c'est par son intermédiaire que je suis tombé la première fois sur cette notion).

Je rentre en effet de 4 semaines loin de l'hexagone, j'ai profité d'un déplacement professionnel (et oui, nous étoffons notre équipe) pour rester ensuite dans le pays en question (L'Inde….qui n'en finit pas d'évoluer tout en restant si immuable…).

A la suite des 15 premiers jours de boulot, au cours donc des 15 jours de vacances pures, je me suis posé les questions suivantes "Je prends mon Blackberry ou pas ? Je tente de faire des passages réguliers sur Internet (cybercafé) ou pas ? Je mets un mail "répondeur" indiquant que je ne suis pas disponible ou pas ?….etc.".

Ce qui peut se résumer à "Ai-je le droit à la déconnexion ?" Et en corolaire, "Ai-je le courage de me déconnecter ? En ai-je envie ? En ai-je besoin ? Puis-je prendre le risque de déconnecter ? Etc. ".

Et pourtant, j'étais dans une région magnifique, évoluant entre  3400 et 5500 mètres d'altitude…loin, bien loin de la frénésie citadine, business et geek.

Les connexions internet ne sont pas faciles et bien lentes, mais belle et bien existantes dans le chef lieu de la région… Même dans un tel endroit, l'alibi "ah, je ne peux pas me connecter" n'est plus valable…".

La technologie et l'évolution des pratiques : Il y a quelques années (15-18 ans en arrière), personne ne voyageait avec son téléphone portable, ni son ordinateur et les cybercafés n'existaient pas. On pouvait téléphoner de temps en temps, mais en faisant vite. Et cela suffisait. Les affaires courantes étaient reprises en toute confiance par un collègue ou associé (et on s'était arrangé pour bien transférer les informations) et le tour était joué. Les clients, partenaires, etc. savaient que l'on était en vacances (indisponible donc….à cette époque) pendant quelque temps et le tour était joué. Au retour, quelques lettres, quelques messages sur la boite vocale du bureau (pas plus de quelques heures pour les traiter) et hop, back to normal. ….

Imaginez aujourd'hui rien que le nombre de mails que vous avez en instance à votre retour…et surtout cette impression que "pleins de choses sont arrivées" et vu la vitesse de renouvellement des informations, leurs durées de vie et le manque de hiérarchisation…tant d'informations vitales vous auront échappées irrémédiablement…

Le coté pile….


– Mais je suis indispensable voyons…comment puis-je disparaître sans mettre en péril ma société, mon équipe, mes clients…?

– Les informations vont si vîtes, je ne peux pas lâcher le flux, je serais dépassé à mon retour.

– Mes clients "phare" ne vont pas être aussi bien traités que lorsque je m'en occupe personnellement.

– Je risque de louper une opportunité d'affaires….et en temps de crise…

– Je ne vais pas dire à mes clients (ni mes fournisseurs) que je serais absent…comment être crédible ensuite quand je leur annonce que l'année a été difficile et donc qu'il faudrait que…

– Partir ne colle pas à l'image de "bosseur" sur laquelle je m'appuie

En résumé…auto-satisfaction, recherche de preuve d'indispensabilité, manque de confiance en soi et en son entourage, argument parfois bidon, etc…

Le coté face…

– cela fait combien de temps que tu n'as pas lu de romans ?

– qui as-tu rencontré au delà de ton cercle habituel de fréquentations (boulot / perso) cette année et qui t'a apporté un contexte, des réflexions, une expérience totalement nouveaux pour toi ?

– ta dernière oxygénation de l'esprit remonte à quand ?

– depuis combien de temps n'as-tu pas permis à ton corps de se reposer ? (dormir, manger sain et en prenant son temps, marcher à une allure reposante, etc.)

– depuis combien de temps ne t'ais-tu pas posé pour prendre le temps de  réfléchir (à des tas de sujets et au-delà de 10 minutes…) ?

– et regarder, contempler ? Tu vas pouvoir enfin ressortir ton appareil photo….

En résumé…équilibre, esprit sain dans corps sain, pause, oxygénation, renouvellement, etc…

L'écroulement de la frontière vie privée / vie professionnelle a été accepté sans trop de problème par beaucoup d'entre nous (fatalité, avec ses avantages et inconvénients). Il s'agit ici de la frontière Période de vacances / Période de boulot. Une des dernières…

Et vous, comment avez-vous géré le sujet ?

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